« Le Gouvernement Valls, un gouvernement Ayrault-bis » qui va droit dans le mur, pour l'aile gauche du PS
Quand l'aile gauche du Parti Socialiste, avait présenté une motion alternative au congrès du Parti Socialiste, du 26 au 28 Octobre 2012, à Toulouse, appelant François Hollande à rompre avec la rigueur qui mettrait le pays à genoux, et à opérer un « tournant de la relance » ;
quand le 10 Février 2014, le courant « Maintenant à gauche » avait enjoint, à l'exécutif, d'amorcer le « tournant de la relance », avec ses leaders le conseiller régional PS d’Île-de-France Emmanuel Maurel, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann et le député Jérôme Guedj et présenté , devant plusieurs centaines de cadres de leur courant, une résolution intitulée « le tournant de la relance, c'est maintenant » ;
par deux fois, ils se sont insurgés contre des objectifs de réduction des déficits, fixés par le Président de la République car, quand le chef de l'État, devant le Parlement européen affirmait que « la France a pris des engagements, et elle les tiendra, mais, en même temps, nous devons ajuster nos objectifs aux réalités de la conjoncture... », il apportait la preuve, par la subtilité bien involontaire d'un discours que son conseiller en communication lui avait griffé, que, dans un contexte de croissance nulle, les politiques de rigueur mènent inexorablement à l'austérité généralisée. » Mais par deux fois, l'aile gauche du PS n'a pas été écoutée...
Avec la démission forcée de Jean Marc Ayrault, le Premier Ministre qui aurait dû être nommé en son lieu et place aurait dû être un Premier Ministre capable de « changer de politique maintenant », parce que « nos concitoyens perdent espoir » et « qu'il appartient à la gauche de répondre à l'urgence sociale. » Mais il n'en a pas été ainsi et le gouvernement mis en place, par François Hollande, autour du plus à droite des socialiste, - car Manuel Valls à Matignon est un problème et un suicide politique tel qu'à la gauche du PS il en est admis parce que, suivant Pascal Cherki « Il nous a manqué le soutien de l'électorat de gauche pour ces municipales et prendre la partie la figure la plus à droite du parti comme réponse, c'est un souci. La logique aurait voulu que Martine Aubry soit nommée,mais on n'est pas dans la logique, manifestement... » et « Nommer Valls, qui a été un temps pressenti comme ministre d'ouverture de Sarkozy, ça nous fera tout perdre : les européennes, les régionales, le Sénat » comme l'a déclaré Gérard Filoche, membre du bureau national du Parti Socialiste et « qu'on ne dirige pas contre son camps » a renchéri Marie-Noëlle Lienemann qui a, en plus, ironisé, « Il n'y a pas de délit de faciès. Si Manuel Valls était touché par la grâce du social, il pourrait convenir, mais ce nouveau coup de com' fera long feu puisqu'on ne tiendra pas nos engagements... », en outre, un autre responsable de la gauche du PS regrette « ce choix précipité. Le président aurait pu réunir sa famille politique, nous consulter, rien ne pressait » alors qu'Emmanuel Maurel attend, circonspect d'autant plus que « les annonces et le discours étant un, la confiance, ça se mérite, ça se construit. On verra donc par les actes. » -, n'est qu'un « Gouvernement Ayrault-bis », - même avec les pseudos entrées de François Rebsamen qui aurait dû être du premier gouvernement Ayrault mais qui avait refusé d'y rentrer car il n'avait pas obtenu le Ministère de l'Intérieur et de Ségolène Royal qui avait été aussi pressentie mais pour laquelle Hollande, engagé dans une liaison avec Gayet et empêtré dans sa relation avec Trierweiler, avait différé son arrivée -, armé au combat pour la rigueur que nous impose l'Europe.
La presse française et le nouveau gouvernement.
Et puis, la lecture de la presse française, qui est pourtant acquise au PS et qui revient largement sur la formation du nouveau gouvernement, de ce jour 3 Avril 2014, est plus que symptomatique : « Tout ça... pour ça ! », s'étonnent, au lendemain de la composition du gouvernement de Manuel Valls dans lequel, perplexes, ils ne voient pas de changement par rapport au précédent. les éditorialistes de la presse nationale et régionale. Tant et si bien que les « Une » des quotidiens nationaux manient la raillerie :
« Ayrault bis dans lequel les 16 ministres nommés incarnent bien plus la fidélité à François Hollande qu’un renouveau politique. Comment pourra-t-il incarner une rupture », titre Libération ; et « La plupart des hommes du gouvernement Ayrault se retrouvent dans le gouvernement Valls. Un gouvernement copie presque conforme du précédent », y constate Eric Decouty pour qui: « François Hollande n’a donc changé que son Premier ministre. » ;
« Hollande... ne change rien », écrit Le Figaro ;
Pour La Croix c'est « le changement a minima » et pour MetroNewsn c'est « du recyclage » ;
« La seule vraie innovation, c'est le Premier ministre lui-même », appuie Dominique Jung, des Dernières Nouvelles d'Alsace ;
« Hormis la nomination de Manuel Valls, la nouveauté ne crève pas l'écran » note Michel Urvoy, pour Ouest-France, et, ajoute-t-il, « Du Ayrault sur un autre ton » ;
« Dans le choix des ministres, François Hollande a fait preuve de moins d'audace que dans le choix de son Premier ministre », juge Hervé Favre, dans La Voix du Nord ;
« Un vaste remue-ménage(s) qui a finalement débouché sur la banale reconduction d'une majorité de ministres sortants. », abonde Jacques Camus, pour la Montagne Centre France ;
« Comme un air de déjà vu », regrettent Yann Marec, dans le Midi Libre, et Patrick Planchenault pour France-Antilles-Guadeloupe ;
« Qu'est ce qui a changé? Rien ou si peu », estime Jean-Louis Hervois, dans la Charente Libre ;
« Et oui, ce nouveau gouvernement resserré est composé en grande majorité de survivants de l'équipe Ayrault. Il a des allures de synthèse d'un congrès du PS », relève Raymond Couraud, dans l'Alsace et « Un congrès du PS en miniature », renchérit Denis Daumin, de La Nouvelle République du Centre Ouest ou « Un gouvernement de congrès PS », titre L'Opinion et Jean-Marcel Bouguereau, de La République des Pyrénées, voire, « un bureau national du PS que ressemble l'équipe de Manuel Valls », écrit également Jean-Marcel Bouguereau de La République des Pyrénées ;
Patrick Apel-Muller, pour L'Humanité, est bien d'accord, « dans ce gouvernement rabougri, il n'y a aucune bonne surprise » ;
et « Une équipe plus cohérente que la précédente sans doute, plus professionnelle nous verrons, mais suffisamment armée pour affronter les turbulences qui s'annoncent, on peut hélas en douter » conclut Bruno Dive de Sud-Ouest.
La représentation de l'aile gauche du PS
Certes deux représentants de l'aile gauche du PS sont chargés d'un ministère. Malheureusement Benoît Hamon, est réduit au silence depuis qu'il est ministre et Arnaud Montebourg, ami de Manuel Valls et d'Aquilino Morelle éprouvera mille difficultés et se battra vainement pour obtenir des rééquilibrages sur les accords du 11 janvier sur l'emploi, jugés « déséquilibrés » parce que trop en faveur des patrons, et une réécriture du texte afin qu'il ne « soit pas présenté en l'état devant le Parlement car le TSCG, le crédit d'impôt et l'accord emploi ont un point commun : le social-défaitisme ».
Ainsi, les tentatives de remise à la raison fusent de tous bords et les inquiétudes sont faits constants dans toutes les fédérations : à Saint Denis, « Nos camarades du parti sont désemparés. Ils veulent que François Hollande change de politique...» ; en Loire Atlantique, « la réforme bancaire est jugée insuffisante car elle est la synthèse de tous les abandons précédents. Doit-on rendre les armes devant ces principes néo-libéraux ? » ; les fédérations de la banlieue parisienne « s'inquiètent des renoncements de Hollande car nos électeurs attendent autre chose de la gauche ! », et ont le PS d'Harlem Désir est aussi dans le collimateur, « Le gouvernement fait du social-défaitisme et la direction du parti est amorphe, inaudible ! » ; le temps passé sur le « Mariage pour tous » agace le Calvados, « Je souhaite que nos députés, nos ministres, mettent autant d'énergie et de cœur à faire voter une loi contre les licenciements boursiers qu'ils en ont mise pour le mariage ! » ; et lesdéclarations du président de l'Assemblée, Claude Bartolone, qui a laissé entendre que le non-cumul des mandats ne serait pas appliqué avant 2017, exaspèrent, « Il y a une grogne qui monte. Si l'on n'y prend garde, on risque gros » et « Les gens sont déçus. Ils se demandent ce qu'ils font au PS. Ils ont l'impression d'être trahis. Il faut peser sur la ligne du gouvernement. Sinon on va dans le mur. »