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Via de la Plata étape 8.

Publié le 06 avril 2014 par Sylvainbazin


Ce matin, j'avais avance mon reveil d'un quart d'heure car comme l'etape est quand même assez longue, je voulais partir un peu plus tôt.
C'était sans compter sur le fait que l'hotel était ferme a double tour a 8h du matin. Le temps que le tenancier se leve et m ouvre, puis de tout de même prendre un petit dejeuner dans un cafe de la plazza mayor (ce qui était une bonne idee, a posteriori), et je suis finalement parti a mon habituel 8h30, enfin tout juste un peu plus tôt que les autres jours.
La sortie de Caceres ne pose pas de gros soucis, même si je marche sur la nationale, dans un decor a l'horizon a nouveau tres large, pendant quelques kilometres. Cela me fait presque penser a la Mongolie. Decor steppique. Heureusement, le paysage est un peu habite: quelques vaches me regardent passer, et un veau se met dans l'idee de courir avec moi quelques instants.
J'arrive un peu plus tard a Casar de Caceres, un bourg bien calme qui ne vaut evidemment pas Caceres même. J'ai vraiment bien fait de ne pas suivre les idees de mon guide. Il faut faire son propre chemin. J'essaie toujours, même si le gregaire est partout: un pelerin, par exemple, doit presque a coup sur s'arreter dans une auberge a pelerin, pour y rencontrer ses semblables. J'aime le faire, mais ce n'est pas pour ca que je me sens oblige de faire dix kilometres pour atterrir dans un bourg de banlieue plutot que de profiter d'une merveille historique et d'un lit d'hotel.
Dans le trail running, un milieu que je cotoie aussi beaucoup, il en est de même: le bon ton, je l'ai lu encore hier dans un interview, c'est de dire que le paysage est beau a partir du moment ou il est montagneux, et que le plaisir de courir y est lie. J'ai vu beaucoup de tres belles montagnes, je connais aussi des coins vraiment laids et seulement, a mon avis, oppressants dans les Alpes. J'ai vu aussi de tres belles plaines, des bois enchantes, et de vastes etendues deprimantes. J'aime derouler ma foulee, aussi, dans des horizons ouverts. La dictature d'un paysage unique me perturbe beaucoup dans un milieu qui se dit amoureux de la nature, qui est profondement multiple, je crois.
Mais bon, entre ces pensees et un paysage pas encore enthousiasmant, je ne perds pas tout a fait le nord, et après qu' on m ait gentiment proposer de m ouvrir l'auberge municipale (il est dix heures du matin, un peu tôt pour arreter a mon avis!), je prends le temps d'acheter une tablette de chocolat a l'epicerie du coin (il existe encore beaucoup de ces commerces ici, denommes de facons assez surfaite et aussi surrannee "super mercado"). Bien m en prend, je le constaterai plus tard.
Pour l'heure je reprends ma marche. Je ne cours pas beaucoup aujourd hui, un peu de fatigue et un orteil a menager aussi (j'ai pu acheter de quoi le soigner a Caceres et j'ai modifie le lacage de ma chaussure pour reduire le frottement et la pression; ca devrait aller). Le paysage se fait vite bien plus agreable: a nouveau des collines, parsemees de chenes verts. Des roches aussi, aux formes fantasmagoriques. Je croise de nombreux moutons, aux comportements gregaires aussi, mais enfin c'est acceptable de leurs parts.
Je navigue ainsi sur un chemin bien trace, parfois encadre de murets de pierres. Les pentes sont de plus en plus affirmees.
Une grande etendue d'eau apparait devant moi: c'est la retenue d'Alcantra, construite sous Franco, qui forme un lac artificie plutot impressionnant. Je vais d'ailleurs le longer un bon moment, après qu'une deviation pour cause de travaux gigantesques (un viaducq en construction) m ait fait rallonge mon parcours de quelques kilometres. Pour la premiere fois depuis mon depart de Seville, j'ai chaud. Les previsions de pluie n'etaient cette fois ci pas justes.
Je commence aussi a avoir plus de mal: les cotes s'enchainent, et même si c'est assez beau, longer le lac ne donne pas l'impression d'avancer bien vite. Or, il me reste encore pas mal de kilometres a effectuer.
Arrive a hauteur du refuge du lac, un panneau confirme les dires du pelerin catalan que j'avais rencontre a la sortie de Casar, tout a l'heure: c'est complet. Un numero de taxi pourra cependant secourir mon pelerin du jour: j'ai d'ailleurs du mal a comprendre comment le refuge peut etre complet car je n'ai rencontre que trois pelerins en chemin ces deux derniers jours: lui, un espagnol et un italien avec qui j'avais un peu discute hier (sympathique, même si je le soupconne d'etre le psychopathe qui a grave de ses batons les "Italia" que je decouvrais un peu partout sur le chemin avant de le doubler).
Plus ennuyeux pour moi, le restaurant signale dans mon guide et sur lequel je comptais pour me substenter un peu est quant a lui ferme, et depuis longtemps apparemment. J'ai encore du chocolat, donc pas de souci pour le solide, mais je n'ai presque plus d'eau et la temperature, comme le chemin, grimpe.
C'est pour cela, et aussi parce que je suis fatigue, que je decide de faire le leger detour par Carnaverales pour m arreter la, huit kilometres avant Grimaldo ou je pensais aller.
La, je rencontre un pelerin madrilene epuise qui est arrive en voiture mais qui ira finalement dormir a Grimaldo puis, alors que j'ai trouve, après avoir traverse toute la localite, pas bien animee a cette heure, une chambre dans le seul hostal du lieu, a nouveau mon catalan de ce matin, qui descend du taxi.
Un peu de repos, un nouveau tour du village ou le plus beau reside dans les nids de cigognes, qui deploient leurs belles ailes dans un ciel a nouveau bleu, installes sur le clocher de l'eglise. Sinon, le pays me semble assez rude. Les rares commerces montrent portes closes.Les cafes sont pleins, les ecrans delivrent des matchs de foot suivis avec interets.  
Demain, l'etape s'annonce montagneuse et sans doute un peu plus peuplee: au moins trois villages sur ma route!


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