Magazine Humeur
Le gouvernement national (P.P. Droite) et la principale opposition (PSOE, gauche) ont clairement fermé la porte que le président actuel de la Catalogne, Mas, voulait ouvrir ou faisait semblant de vouloir ouvrir : il n'y aura pas légalement de référendum « indépendantiste »
Mais du coup, la question, sur laquelle les partis de la majorité locale catalane continuent à verser tout produit inflammable qui leur tombe sur les mains, reste sans solution.
La droite au pouvoir a du mal à ne pas maintenir totalement fermée l'idée d'une Espagne monolithique, qui n'a jamais été une réalité complète. Le grand philosophe du début du XXe siècle, Ortega y Gasset parlait déjà d'une « Espagne invertébrée »
La gauche propose une hypothèse de Fédéralisme qui pourrait peut-être devenir une étape, mais faute de réflexion commune, n'est pas en l'état une solution à long terme.
Pour le moment, donc, la Catalogne (et, le pays Basque) restent des foyers « durs » de contestation qui non seulement déséquilibrent la nation espagnole telle qu'elle existe, mais ouvrent des voies à l'amplification des tendances « localistes » qui ont toujours électrisé une Espagne « construite » par la Castille et dont l'unité reste trop ancrée dans cette origine.
Ortega disait que l'Espagne était maintenue par une épée dont la garde était en Castille et la pointe partout ailleurs. Dans le cadre de la constitution actuelle, c'est exagéré, mais c'est l'esprit qui anime encore des hommes comme l'ancien président Aznar (P.P.) et son très fort courant.
La crise aidant, chacun a une certaine tendance à penser que, seul, il irait mieux ou, dit autrement, que délesté des moins favorisés économiquement (et la Castille est aujourd'hui de ceux-là) il pourrait s'en sortir. C'est un égoïsme à la mode dans toute l'Europe. Mais qui n'apporte rien de réel et concret à l'Espagne.
La faiblesse programmatique des acteurs politiques en lice -droite comme gauche- et le profond désenchantement de la jeunesse espagnole, ne permettent pas aujourd'hui d'entrevoir une solution. La perte de prestige de la royauté qu'incarne un Juan Carlos déclinant mais accroché à sa couronne non plus.
Le problème de la couronne est le plus simple à changer. Reste à savoir si Felipe peut redresser un peu la barre et offrir un cadre de progrès comme celui qu'avait incarné son père lors de la mort de Franco.
Pour le moment, l'Espagne de demain reste une inconnue, heureusement, pour l'heure, non-violente.
© Jorge