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[Critique] Noé

Par Wolvy128 @Wolvy128

3-étoiles

Affiche fr bis noé
Trois ans après Black Swan, qui a valu à Natalie Portman son Oscar de meilleure actrice, le réalisateur américain Darren Aronofsky nous revient avec Noé, adaptation plus ou moins libre du célèbre récit biblique. Pour rappel, dans le texte religieux, Noé (interprété ici par Russell Crowe) est le descendant de Seth, le bon fils d’Adam. Les deux autres étant Caïn et Abel, deux hommes mauvais qui s’entretuèrent jusqu’à la mort d’Abel. Soumis à des visions apocalyptiques de déluge, Noé va s’allier aux Veilleurs, des anges déchus devenus des sortes de guerriers de pierre, pour construire une gigantesque Arche dans le but de sauver sa famille et tous les animaux errants.

Sans forcément affectionner les films traitant de religion, bien au contraire, le réalisateur au commande de Noé et la qualité du casting avaient toutefois de quoi attiser ma curiosité. Et globalement, je dois reconnaître que le dernier long-métrage du papa de Requiem for a Dream et The Wrestler m’a plutôt bien plu. Bien sûr, on est assez loin des deux films préalablement cités en termes de qualité, mais l’ensemble n’en demeure pas moins intéressant. En particulier d’ailleurs dans la deuxième partie (sur l’Arche) où le cinéaste parvient à insuffler une réflexion passionnante autour des notions d’héritage et de descendance grâce, notamment, au personnage joué par Emma Watson. Une réflexion alimentée également par les convictions inébranlables de Noé qui semble prêt à tous les sacrifices pour répondre à la volonté du Créateur, qui n’est autre que Dieu en fait mais dont l’appellation se veut moins clivante, et donc plus universelle. Un paramètre important pour un film de cette envergure visant un public le plus large possible. Le comportement de Noé durant ce deuxième acte montre clairement que la frontière entre la foi et le fanatisme est parfois mince. Et c’est sincèrement une réflexion que je ne pensais pas retrouver dans un blockbuster grand public autour d’un récit biblique.

Photo noé
Cependant, ce deuxième acte réussi ne fait pas oublier une première partie très inégale, amorcée par une introduction pour le moins poussive. L’histoire met en effet énormément de temps à démarrer et peine de ce fait à captiver. Il faut vraiment attendre la construction de l’Arche pour sentir le récit un tant soit peu décoller. Et ça reste en plus assez léger comme décollage. En outre, la volonté louable du réalisateur de proposer un film le plus universel possible tout en conservant certaines références bibliques rend l’ensemble plutôt bancal. On comprend aisément l’intention mais ça ne fonctionne pas toujours. Et malheureusement, le visuel n’aide pas spécialement à crédibiliser l’univers puisque celui-ci se révèle au final assez peu convaincant. Je ne sais pas si c’est dû à l’esthétique générale ou au rendu très discutable des effets spéciaux mais il y a là aussi quelque chose qui cloche. Malgré tout, le long-métrage se laisse suivre sans déplaisir car les acteurs font plutôt bien le boulot. Certes, aucun ne sort vraiment du lot mais tous livrent une prestation correcte. Il faut dire que la plupart des personnages jouissent d’un développement significatif et ne manquent, par conséquent, pas de consistance. Ainsi, plus de 10 ans après Un Homme d’Exception, Russell Crowe et Jennifer Connelly sont toujours aussi touchants en couple torturé. Tandis que Logan Lerman et Emma Watson confirment leur montée en puissance dans ce qui constitue peut-être les rôles les plus intéressants du film.

En définitive, Noé est donc un drame fantastique relativement inégal pouvant surtout s’appuyer sur son casting et sa seconde partie réussie. Dommage cependant que le réalisateur ne soit pas parvenu à se détacher encore davantage de la source car j’ai le sentiment que le film aurait pu être bien meilleur avec d’autres choix. Néanmoins, compte tenu de la difficulté du sujet, le résultat est tout de même largement satisfaisant.



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