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Architecture nazie

Publié le 11 avril 2014 par Aelezig

L’architecture nazie désigne l'architecture officielle allemande sous le régime national-socialiste. Il s'agit d'un concept visant à dégager les caractéristiques communes des commandes architecturales de l'État et du parti national-socialiste entre 1933 et 1945.

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Detlev Rohwedder Haus, Berlin, aujourd'hui Ministère des Finances

De façon générale, l'architecture a une importance particulière pour les politiques, et en particulier pour les dirigeants totalitaires qui y voient un moyen d'influencer tous les aspects de la vie humaine. La plupart des régimes, en particulier les nouveaux, souhaitent faire leur marque tant physiquement qu'émotionnellement sur leur territoire. L'une des façons les plus efficaces d'y parvenir est la construction de bâtiments et de monuments.

Les nationaux-socialistes croyaient que l'architecture jouerait un rôle majeur dans la création de leur ordre nouveau. Leurs projets visaient une renaissance spirituelle en Allemagne dans le cadre du Troisième Reich.

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Théâtre de plein air Heidelberg

Sources d'inspiration d'Adolf Hitler

Comme pour tous les aspects de la dictature nationale-socialiste, la politique architecturale du régime était déterminée par les choix et préférences personnels d'Adolf Hitler.
  • Pour Hitler, Paris est la plus belle ville du monde mais il souhaite la surpasser. La grande avenue qu'il souhaite bâtir à Berlin doit rappeler les Champs-Élysées ; de même l'Arc de Triomphe prévu pour Berlin rappelle celui de l'Étoile. Hitler qualifie Haussmann de plus grand urbaniste de tous les temps et il espére qu'Albert Speer le dépassera.
  • Hitler est aussi sensible à l'architecture viennoise. Ainsi, dans sa version définitive, la configuration de la grande avenue ressemble davantage au Ring de Vienne qu'aux Champs-Élysées...
  • Sensible à la puissance architecturale des églises, Hitler trouve également son inspiration dans des monuments religieux comme Saint Pierre de Rome, tout en les surpassant. Hitler souhaite que les conceptions du Moyen Age guident la définition des dimensions de sa Halle du Peuple ; il propose également à son architecte de reprendre le rapport entre la dimension de la cathédrale d'Ulm et la population de cette ville au Moyen Age pour déterminer le nombre de personnes que devra accueillir le Grand Dôme.
  • Hitler est plutôt admiratif des œuvres de plusieurs architectes allemands. Il admire les nombreux théâtres baroques de Ferdinand Fellner. Il apprécie également les architectes classiques du XIXe siècle comme Gottfried Semper, qui construisit l'opéra de Dresde ou Theophil Hansen qui conçut de nombreux bâtiments à Athènes en 1840.
  • Hitler admirait beaucoup le Palais de justice de Bruxelles de Joseph Poelaert. Albert Speer ira à Bruxelles et fera un compte-rendu détaillé à Hitler de sa visite du palais de justice.
  • Que ce soit en architecture, en peinture ou en sculpture, Hitler reste attaché au monde de sa jeunesse : les années 1880 à 1910 marquent son goût artistique, sa pensée politique et ses convictions idéologiques.
  • Adolf Hitler admire aussi la Rome impériale, qu'il considère comme l’un des grands empires aryens. Il copie leur architecture en un style bien distinct, empruntant des éléments à l'art déco et au néoclassicisme. Ce style est parfois appelé style « sévère ».
  • Hitler pense cependant que la technique moderne doit être mise en œuvre. Dans la conception dominant à l'époque nationale-socialiste, le style d'une construction est indissociable de sa fonction. Adolf Hitler peut s'enthousiasmer pour une construction de type moderne en verre et acier, à condition qu'il ne s'agisse pas d'un édifice public.
  • Hitler voulait que se développe sous le national-socialisme une architecture moderne ; le régime doit se doter de ses propres bâtiments ; il trouve absurde et indigne que les gouvernements républicains s'installent dans d'anciennes résidences princières, royales ou impériales.

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Théâtre de Sarbruck

Hitler, qui aurait aimé être architecte, s'implique lui-même dans les projets architecturaux du régime et il réalise de nombreuses esquisses et n'hésite pas à modifier lui-même les plans des architectes. Il respecte cependant leur travail, il les laisse libres et ne les force pas à adopter ses vues.

Caractéristiques

On peut caractériser l'architecture de l'époque nationale-socialiste par deux styles architecturaux :

  • une architecture néo-classique, essentiellement dorique ; les projets pour Germania ou ceux pour le Reichsparteitagsgelände de Nuremberg témoignent de ce style ;
  • une imitation du Völkisch et du nationalisme romantique ; les illustrations en sont plus rares, en partie car ce style s'adapte plus facilement aux commandes privées qu'aux commandes publiques ; l'exemple le plus notable de cette deuxième tendance est le complexe du château de Wewelsburg redessiné d'une manière mythologique comme un lieu de culte pour la SS. Les styles roman et gothique y sont utilisés pour l’esquisse de la tour nord.

Le régime impose d'autant moins un style unique que dans la conception architecturale de l'époque, le style d'une construction est indissociable de sa fonction.

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Kongresshalle, Nuremberg

Il faut préciser que le recours au style néo-classique n'est pas caractéristique du national-socialisme : dans l'entre-deux-guerres, il est utilisé dans de nombreuses démocraties. Dans la plupart des pays, les façades en pierre, les éléments classiques et la monumentalité semblent constitutifs de toute architecture d'État. En particulier, il a beaucoup de succès aux États-Unis. Il n'y a que peu de différence entre le goût nazi, le goût fasciste, le goût communiste et le goût démocratique

L'influence d'Hitler se traduit par un déploiement de plus de richesses dans les formes, plus d'exubérance, s'éloignant de la pureté néo-classique. Paul Troost jusqu'à sa mort et Albert Speer dans les premiers temps de son activité contrecarrèrent les tendances naturelles d'Adolf Hitler, attaché à une architecture plastiquement plus élaborée et riche, proche de celle qu'il avait connue dans ses années de jeunesse.

L'architecture sous le régime national-socialiste a un rôle didactique, car elle vise à faire connaître au peuple la continuité de l'époque nationale-socialiste avec le passé germanique et l'unité de la communauté du peuple allemand. La plupart des bâtiments nationaux-socialistes étaient des espaces destinés aux activités communautaires, permettant d'incarner les valeurs sur lesquelles l'idéologie nationale-socialiste est basée. Les nationaux-socialistes veulent se rattacher au passé germanique.

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Académie des Jeunesses Hitlériennes, Braunschweig

Nombre des constructions lancées par le régime national-socialiste sont marquées par le gigantisme.

À l'époque de la construction des grandes tours aux États-Unis à côté desquelles les individus sont peu de chose, le gigantisme n'est pas en lui-même une spécificité de l'architecture national-socialiste. Albert Speer écrit qu'il n'y a pas plus d'exagération dans les dimensions de ses projets d'avenues et de gare que dans celles des immeubles commerciaux ou des gratte-ciel modernes.

En revanche, les motivations de ce recours au gigantisme sont spécifiques et relèvent d'une volonté politique affichée. Le but est de donner au peuple allemand la conscience de sa valeur propre et de son avenir radieux. 

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Stade olympique de Berlin

Mais pour parler aux générations du futur, il fallait envisager l'évolution des bâtiments construits sous le régime national-socialiste. À cette fin, Albert Speer développe la théorie de la valeur des ruines. Il s'agissait, en utilisant certains matériaux ou en respectant certaines règles de physique statique, de construire des édifices, qui après des centaines ou des milliers d'années, ressembleraient aux ruines laissées par Rome... Pour l'illustrer, Albert Speer fait réaliser une planche dans le style romantique présentant la tribune de l'esplanade Zeppelin après des siècles d'abandon : recouverte de lierre, la masse principale du mur effondrée par endroit, des pilastres renversés, elle reste reconnaissable dans ses contours généraux. Hitler donne l'ordre qu'à l'avenir, les édifices les plus importants du Reich soient construits selon cette "loi des ruines".

La reconstruction de Linz

Hitler projette de faire de Linz (Autriche) une métropole et à cette fin il envisage la construction de nouveaux édifices :

  • une série d'immeubles d'apparat sur les deux rives du Danube, un pont suspendu devant relier les deux rives de celle-ci,
  • une maison du NSDAP, énorme bâtiment avec une salle de réunion gigantesque et un campanile comprenant une crypte dans laquelle il voulait avoir sa sépulture,
  • un nouvel hôtel de ville,
  • un grand hôtel de luxe,
  • une série d'édifices culturels : un grand théâtre, une bibliothèque, un musée des armes, une galerie de tableaux (le Führermuseum consacré à l'art germanique), un bâtiment d'exposition et de deux monuments, l'un à la gloire de l'Anschluss, l'autre d'Anton Bruckner.

Non loin de là, sur les hauteurs, doit s'élever la résidence où Hitler souhaite se retirer dans sa vieillesse.

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Hôtel des Postes Karlsruhe

Le Reichsparteitagsgelände de Nuremberg

Le Reichsparteitagsgelände est un gigantesque complexe architectural, situé au sud-est de la ville de Nuremberg, qui accueille, de 1933 à 1938, les congrès annuels du parti national-socialiste des travailleurs allemands.

Cet ensemble est la première grande réalisation de l'architecte d'Adolf Hitler, Albert Speer. Sa conception reste l'un des symboles de l'architecture nazie, l'un des principaux instruments au service de la propagande nationale-socialiste.

Afin d'organiser les rassemblements nationaux-socialistes, qu'Adolf Hitler voit comme éléments intégrants de l'idéologie du parti, il convient de créer des structures capables de recevoir un nombre très important de soldats et de partisans du régime. Le choix de la ville de Nuremberg s'impose rapidement, en raison de son riche passé médiéval et de l'attachement du compositeur préféré du Führer, Richard Wagner. Le site, équipé d’hôtels et de restaurants, est utilisé depuis XIXe siècle comme zone de loisirs pour la population de la ville.

Chaque jour, une organisation du parti national-socialiste est mise à l'honneur, comme les SA, les SS ou les Jeunesses hitlériennes. Entre 500 000 et 1 million de personnes sont à chaque fois attendues. Censés souder la nation allemande, les congrès en montrent aussi la puissance.

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Projet pour la gare de Munich

La surface des installations mesure en tout 11 km2, soit une surface quatre fois plus grande que la ville de Nuremberg elle-même. Elle se compose d'anciennes constructions réaménagées et de nouveaux édifices.

Le Deutsches Stadion est un projet de stade allemand gigantesque qui doit être situé au Reichsparteitagsgelände et en constituer un des éléments phares. Il doit accueillir entre autres l'annuel Congrès de Nuremberg. La construction commence en 1937 et est interrompue par la Seconde Guerre mondiale. Il était prévu pour accueillir 400 000 personnes. Speer s'est inspiré du Stade panathénaïque d'Athènes qu'il avait visité en 1935.

De même, le Märzfeld (« Champ de Mars ») devait servir de terrain de représentation pour les rassemblements de la Wehrmacht. Son aménagement, commencé en 1938, ne sera jamais terminé. Entouré de 24 tours (11 ont été achevées), il devait donner l'impression d'une forteresse monumentale. Ses tribunes devaient accueillir environ 250 000 spectateurs. Après la guerre, les installations ont été démolies. Aujourd'hui, le site accueille des logements.

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Le Grand Dôme de Germania

Le Grand Dôme de Germania

Le Grand Dôme (Große Halle) ou Volkshalle (Grande Halle du Peuple) est un projet architectural monumental qui aurait dû voir le jour à Berlin sous le régime national-socialiste, dans le cadre de la réorganisation de la ville du projet Germania.

Il s'agit d'un énorme bâtiment voûté, seize fois plus grand que le dôme de la basilique Saint-Pierre de Rome. Sa coupole devait reposer sur un socle carré de 315 mètres de côté et sa hauteur totale de 290 mètres.

Hitler voulait se présenter à la foule dans un édifice quasi-sacré symbolisant la communauté du peuple allemand. L'intérieur du bâtiment était conçu comme « espace cultuel » et de congrès et devait pouvoir accueillir entre 150 000 et 180 000 visiteurs pour des manifestations à caractère acclamatoire. Le but principal était d'impressionner les nations afin de manifester la puissance de l'État nazi.

Speer devait s'inspirer d'un bâtimentdessiné par Hitler en 1925. La maquette définitive date de 1939 et propose un bâtiment beaucoup plus richement décoré : au lieu d'être lisse et de dresser une silhouette sobre, les murs sont entièrement sculptés ; les angles en saillie comportent quatre pilastres en avancée ; les colonnes sont prolongées au-dessus par de vastes réceptacles en bronze.

La fin de la construction du dôme, comme celle de la plupart des autres bâtiments de Germania, était prévue pour l’année 1950.

La base navale de Trondheim

En raison de la situation stratégique favorable de la ville de Trondheim, en Norvège, Hitler décide de son annexion et demande à son architecte d'établir les plans de la plus grande base navale allemande qui comprendrait des chantiers navals et des docks, et accueilleraient 250 000 Allemands.

D'après Wikipédia


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