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Les espèces endémiques du Languedoc-Roussillon : La couleuvre de Montpellier.

Publié le 11 avril 2014 par Raymond_matabosch

 La couleuvre de Montpellier.

Contrairement à son « derivatio nominis », « Malpolon monspessulanus », - venant de la latinisation de Montpellier -, la Couleuvre de Montpellier, un serpent originaire d'Afrique, - en arabe égyptien « Hanech aswad » -, de la classe des Reptilias, de l'ordre des Squamates et de la famille des Lamprophiinae dans les Colubridés, est répandue bien au-delà de la ville qui lui a donné son nom. Elle se retrouve sur presque tout le pourtour de la mer Méditerranée, excepté dans la péninsule italienne et sur les territoires îliens méditerranéens, de l'Afrique du Nord jusqu'en Iran, à la Ligurie, - Nord-Ouest de l'Italie -, en passant par la péninsule Ibérique et le Sud et le Sud-Est de la France.

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Initialement, suivant Hermann, le décrivant sous l'intitulé «Coluber monspessulanus » ou « Coelopeltis monspessulanus », en 1804, et autres naturalistes et zoologistes, - « Natrix lacertina » ou « Coelopeltis lacertina », Vagler, en 1824 -, il n'existait qu'une seule espèce de « Malpolon », - du grec μαλα, « très, fort, beaucoup », et πολυς, « nombreux, grand, fort », en référence à la grande taille et la grande force de ces couleuvres-, le « Malpolon monspessulanus », - depuis seulement 1928, Mertens & Möller -, qui se subdivisait en quatre sous-espèces, le « Malpolon monspessulanus monspessulanus », dans le Sud-Ouest de l’Europe, - Portugal, Espagne, Sud et Sud-Est de la France, Ligurie -, ainsi qu’au Maroc et au Nord de l'Algérie jusqu'en Kabylie, le « Malpolon monspessulanus saharatlanticus », - Geniez, Cluchier & De Haan, 2006 -, dans le Nord-Ouest de l’Afrique, - côte atlantique du Maroc, Sahara Occidental et Sud Soudan -, le « Malpolon monspessulanus insignitus », - Geoffroy de Saint-Hilaire, 1809 -, principalement sur tout le Nord de l’Afrique, - Est du Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Nord de l’Egypte, Palestine, Israël, Jordanie, Syrie, Turquie, Grèce, Corfou, Chypre, Irak, Iran, Liban... -, et le « Malpolon monspessulanus fuscus », - Fleishmann en 1831 -, uniquement en Syrie. Depuis 2006, selon Carranza, Arnold & Pleguezuelos, - Phylogeny, biogeography, and evolution of two Mediterranean snakes, Malpolon monspessulanus and Hemorrhois hippocrepis, Squamata, Colubridae, using mtDNA sequences. Molecular Phylogenetics and Evolution -, le « Malpolon monspessulanus insignitus » a été élevé, sous l'intitulé « Malpolon insignitus » au rang d'espèce, une espèce qui se compose deux sous-espèces, le « Malpolon insignitus fuscus », - anciennement le « Malpolon monspessulanus fuscus » -, et le « Malpolon insignitus insignitus. »

Insolite, tout autant qu'exceptionnel, à bien des égards, le « Malpolon monspessulanus » est l'une des seules espèces, d'origine africaine, à être présente, de façon naturelle, en France. La couleuvre de Montpellier, bien que ne dépassant qu'exceptionnellement la taille de 2 mètres, peut atteindre jusqu'à 2,55 mètres de long et peut peser jusqu'à 3,500 kilogrammes, en faisant, selon Guy Naulleau, - Les Serpents de France, Nancy, France, Revue française d'aquariologie herpétologie, université de Nancy I,‎ 1987 -, le serpent le plus grand d'Europe. Un corps svelte, une tête étroite, les mâles, avec une taille moyenne d'environ 1,80 mètre, sont généralement plus grands et imposants que les femelles, de taille plus modeste dépassant très rarement 1,30 mètre de long. Tout comme toutes les sous-espèces « Malpolon », la couleuvre de Montpellier a généralement dix-neuf rangées d'écailles dorsales sur son mi-corps, - dix-sept pour l'espèce « insignitus » -, et, chez les mâles, une « selle » foncée, sur l'avant-corps, est présente. En outre, elle présente, sur son os basioccipital qui forme un éperon dirigé vers l'arrière, un processus médian unique.

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Le dessus du corps du « Malpolon monspessulanus » est de couleur brun-verdâtre, avec une rangée latérale d’écailles noires et bleutées, et peut présenter des marques en forme d’échelons. Son dessous est de couleur plus claire, variant du beige au jaune. Les motifs, sur son dos, changent selon l’âge, les jeunes spécimens sont parfois gris avec des motifs présentant des bandes non liées, de couleur plus ou moins foncée, voire même gris à marron. Et il est à noter un dimorphisme sexuel important car les femelles, toujours plus petites, sont de couleur marron clair, avec des taches noirâtres et blanchâtres. Sa tête est ovale et ne se démarque par beaucoup du cou. Ses pupilles sont rondes. Elle est la seule couleuvre, présente sur le territoire français, à disposer d’un venin toxique. Ses crochets, situés au fond de la mâchoire supérieure, sont peu mobiles.

Génétiquement et morphologiquement, en regard des travaux de phylogénie moléculaire, de biogéographie, et d'évolution de deux serpents méditerranéens, les « Malpolon monspessulanus » et « Hemorrhois hippocrepis », menés, en utilisant des séquences « d'ADNmt », par S. Carranza, F. R. Arnold et J.M. Pleguezuelos, et publiés en 2006, il y a peu de différenciations entre les populations de « Malpolon monspessulanus » d'Afrique du Nord et d'Europe, ce Les résultats obtenus suggère une migration récente, depuis le Maghreb vers l'Europe du Sud-Ouest entre 85.000 et 170.000 ans, et vers l'Europe du Sud et l'Asie occidentale à une époque antérieure. En outre, le « Malpolon monspessulanus » est étroitement lié, d'une part, à l'espèce Nord-africaine, - à l'exclusion des pays bordant le Golfe de Guinée et du Tchad -, et Moyen-orientale, - à l'exception de la Turquie et du Yémen -, le « Rhagerhis moilensis », et à une espèce fossile du Pliocène, - Portugal, Espagne, Roussillon -, le « Malpolon Mlynarskii », lequel a permis de déterminer le genre « Malpolon. »

A suivre

Bibliographie

Nicholas Arnold et Denys Ovenden, Le guide herpéto : 228 amphibiens et reptiles d'Europe, Delachaux & Niestlé,‎ février 2010.

Jean-Philippe Chippaux, Venins de serpents et envenimations, Paris, France, IRD Éditions, coll. « Didactiques »,‎ 2002.

Vincenzo Ferri, Serpents de France et d'Europe, Paris, France, De Vecchi,‎ 201.

Fitzinger, 1826 : Neue Classification der Reptilien nach ihren natürlichen Verwandtschaften nebst einer Verwandschafts-Tafel und einem Verzeichnisse der Reptilien-Sammlung des K. K. Zoologischen Museums zu Wien J. G. Heubner, Wien, pages 1 à 66.

Jean Lescure et Bernard Le Garff, L'étymologie des noms d'amphibiens et de reptiles d'Europe, Belin, collection « Éveil nature »,‎ 2006.

Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Paris, France, Delachaux et Niestlé,‎ 2008.

Guy Naulleau, Les Serpents de France, Nancy, France, Revue française d'aquariologie herpétologie, université de Nancy I,‎ 1987.

Jean-Pierre Vacher et Michel Geniez (dir.), Les Reptiles de France, Belgique, Luxembourg et Suisse, Paris, Biotope, Mèze & Muséum national d’Histoire naturelle,‎ 2010.


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