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Je suis malade mais je travaille quand même

Publié le 16 avril 2014 par Rvrenardleblog57

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Le surprésentéisme, un phénomène social en pleine croissance

On l’ignore, on ne veut pas le reconnaître mais combien sont-ils à aller au boulot alors qu’ils sont malades. Ce phénomène social méconnu s’appelle le surprésentéisme ou plus clairement dit, le fait de travailler alors que votre état de santé vous invite à un arrêt maladie. Denis Monneuse, sociologue, directeur du cabinet de conseil ‘Poil à Gratter’, chercheur associé à l’IAE de Paris et spécialiste des questions de santé au travail et de management intergénérationnel, lui a consacré un ouvrage l’année passée (Le Surprésentéisme ou travailler pendant la maladie aux Editions De Boeck). En 2009, Monneuse s’était déjà intéressé au phénomène de l’absentéisme (L’absentéisme au travail chez Afnor).

Selon Monneuse, le surprésentéisme n’est pas le contraire de l’absentéisme mais sont plutôt complémentaires et vont souvent de pair. « En effet, les absents et les surprésents sont bien souvent les mêmes personnes. La fréquence et le type de soucis de santé sont globalement identiques au sein de ces deux population, si bien que, aussi surprenant que cela puisse paraître, les plus absents sont souvent également les plus surprésents ».

« Autrement dit, plus on est malade, plus on est susceptible de pratiquer le surprésentéisme. Le fait de s’absenter entre 1 et 7 jours dans l’année pour cause de maladie multiplie par deux la probabilité d’avoir fait plus de 8 jours de surprésentéisme dans le même temps (Leineweber et al., 2012). Par conséquent, le surprésentéisme est moins l’antagoniste de l’absentéisme que son « cousin germain » (Pilette, 2005).

Conclusion, bien que malade, le travailleur part file au boulot alors que son état de santé mériterait un congé maladie. Le surprésentéisme constitue en fait un réel danger pour le travailleur et risquerait même de le mener au burn out. Venir travailler tout en étant malade augmente le risque de connaître à moyen terme un arrêt maladie nettement supérieur aux arrêts maladie qui auraient dû être pris. Vouloir repousser vos limites est donc nocif et représente même un risque en mettant en danger votre santé.

« Le surprésentéisme, surtout quand il est fréquemment pratiqué peut notamment conduire à des accidents de santé tels qu’un infarctus. Les personnes atteintes de problèmes cardiaques ont par exemple deux fois plus de "risques" de subir une attaque dans les trois années à venir si elles n’ont pas bénéficié d’un arrêt maladie. Plus généralement, on observe chez les surprésentéistes une dégradation progressive de leur niveau de santé. L’absence de convalescence crée de l’épuisement, ce qui conduit à puiser encore plus dans ses ressources pour faire face à sa charge de travail. Un cercle vicieux se met ainsi en place et le surprésentéisme crée, à moyen terme, un surcroît d’absentéisme ».

« L’arrêt maladie n’est donc ni un luxe, ni une faiblesse. Certaines personnes ayant travaillé des années sans relâche n’en payent parfois le prix qu’en fin de carrière. Les accidents cardiovasculaires qu’ils connaissent ne sont certainement pas étrangers au train de vie mené précédemment ».

Conclusion, inutile de sombrer dans l’excès inverse mais être bien conscient que l’arrêt maladie prescrit par votre médecin n’est ni un luxe ni une marque de faiblesse.
Pour en savoir plus et tout connaître du surprésentéisme, faites confiance à Denis Monneuse en plongeant dans son ouvrage : Le surprésentéisme par Denis Monneuse aux Editions De Boeck.

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