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Printemps, nouveau ou renouveau

Par Gentlemanw

Je l'avais aperçue, puis croisée à une soirée.

Rien d'important, juste le moment où vous êtes avec des amis, des collègues de bureau en l'occurence, et que soudain votre regard est accroché par un détail, par un mouvement dans la foule, là-bas au loin dans ce pub. Après des mois de boulot acharné pour trouver ma place ici, j'avais répondu positivement à mes partenaires de projet, pour un "happy hour diner". Un vendredi soir, un lieu plein de personnes, de bruits, de télés allumées, d'habitudes anglo-saxonnes qui se déversaient dans la fin de semaine parisienne. Etrange rappel de mes études à Londres puis à Dublin, des souvenirs déjà loin, mais cette ambiance, une bière, des rires, une décontraction nouvelle pour moi, avec ces relations de travail, avec lesquelles je conservais une certaine distance. La même d'ailleurs que j'avais avec ma vie, mon entourage depuis des mois, depuis cette rupture, depuis ce désamour. 

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Je devais être froide, uniquement accessible pour les projets, les dossiers et les réunions, très rarement pour déjeûner, car à ce moment-là j'écrivais pour moi. Je n'étais pas distante, ni timide, juste là pour bosser, mais je faisais de même avec mes amies. Du recul, un coup de fatigue, un coup de blues, je variais mon message mais je refusais toutes les sorties, même pour un simple thé ou pour flâner devant des boutiques de chaussures. Heureusement un ami, proche, m'avait alerté de ce détachement inutile car il ne changeait pas la fée scintillante que j'étais, avait-il dit, mais empêchait la lumière de sortir de ma grotte. Lui seul, avec son ami, m'avaient sorti pour un repas, une balade à Trouville en décapotable, pour courir sur le sable, pour manger un gâteau au chocolat inoubliable, rire encore. Là j'avais compris son message, j'avais repris une bouffée d'air de ce printemps nouveau.

Là ce soir, une seconde bière, une fatigue estompée, une floppée de rires, des questions, des réponses, des interrogations sur moi, sur mes loisirs, une curiosité entre collègues, des commentaires sur untel ou untelle. Des assiettes de tapas, des idées de voyage à Lisbonne pour l'un, à Agadir pour un long week-end pour l'autre. "Viens avec ton copain ! on fait cela chaque semestre, on se groupe, on part pour trois jours, et on reprend le boulot encore plus fort."

J'ai souri, là je n'ai pas répondu, dans mon tailleur chic, avec mes bottines, avec ma féminité, j'avais aussi reçu le message discret d'un mâle de la bande, sur l'éventuellle possibilité de mon célibat, moi la jolie jeune femme. J'avais souri, ne sachant quoi répondre.

Dans la foule, à l'autre bout du bar en zinc, dans cette grande salle, là-bas, un souvenir aperçu, sa chevelure brune marbrée de roux, les longs cheveux. Elle devait être là, je ne pouvais confondre, et puis je n'avais pas oublié. Une envie de renouveau, de retour, de recommencement avec elle. Je ne savais plus, j'avais tant pleuré, tant essayé de l'oublier. La mousse de la bière sur mes lèvres, une autre assiette de tapas pimentées, cette atmosphère et cette foule, j'étais un peu perdue. Ce flot était-il trop rapide après mon sevrage, passant de mes soirées seule dans mon appart à cette soirée avec tant de monde. La voir était un vertige probablement.

Une main proche de mon épaule, je me retourne. Peut-on oublier un parfum même au milieu de ce pub ? Peut-on effacer la douceur d'une peau, d'un contact si familier ?

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Nylonement


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