De nos jours, le champion se doit décidément d'être parfait. Performant et médiatique. Humain mais beau comme un demi-dieu. Diplômé ès science mais
sans jamais céder à la tentation de la fléchette. Propre cela va de soi, mais avec des caractéristiques physiques de mutant sorti des pages de Marvel comics.
Ce souci de la perfection va se nicher jusque dans la vessie de nos héros des temps modernes. Car il n'y a pas que les prix de
l'essence à la pompe ou des matières premières qui flambent. Au début des contrôles antidopage, 35ml de son auguste miction suffisaient à conforter ou confondre l'Appolon.
Nous sommes aujourd'hui rendus à 75ml et, sur proposition de l'Agence mondiale antidopage (AMA), l'échantillon prélevé au terme de
chaque compétition devrait passer à 90 ml en 2009. Raison invoquée : le nombre grandissant de substances suspectes à détecter, qui multiplie les analyses en laboratoire. Sans parler des
contre-expertises qui, lorsque l'affaire tourne au vinaigre, assèchent aussi sûrement les éprouvettes que l'irrigation intensive des champs de coton la mer d'Aral…
Problème : comment nos sportifs, vaillants sur tous les fronts, vont-ils pouvoir faire face à cette inflation annoncée dans les "pipi rooms"
? En faisant encore une fois appel aux compétences des génies de la médecine. Se faire greffer une vessie d'éléphant, rien de tel pour éviter d'être à sec lorsque sonne l'acte 2 des
épreuves, celle qui désormais valide les performances réalisées sur le terrain. Au début du XXe siècle, quand la pratique du vélo était encore balbutiante, les concours de lenteur (notre
gravure) suscitaient la curiosité du public. Un siècle plus tard, la traque à la dope tous azimuts et le sport médicalisé nous réservent d'autres réjouissances. A quand la médaille pour celui
qui pisse le plus longtemps, si ce n'est le plus loin ?