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Via de la Plata étape 21: la longue descente vers Ourense

Publié le 19 avril 2014 par Sylvainbazin


Ce matin, c'est de la musique classique qui resonnait dans le bar d'El Rincon del peregrino. Son proprietaire, ours sympathique, y terminait le menage. J'avais bien dormi en face, dans son auberge installe dans une vieille demeure rustique car j'y etais seul.
Le temps d'un petit dejeuner j'apprecie encore un peu ce lieu bien particulier.
C'est aussi le contraste entre ce bar et cet auberge ou le decor est peu commun avec les autres etablissements que l'on peut rencontrer dans la campagne espagnole et même dans les petites villes ou la television tient souvent lieu d'unique element de decor. En France, ou le decor et l'amenagement interieur sont souvent si importants même pour les etablissements modestes, on serait peu attires par de tels bars. En Espagne, un vrai decor original et une ambiance recherchee sont bien rares en dehors des centres urbains.
Mais je quitte donc l'antre de cet ours protecteur des pelerins pour repartir a travers la campagne. Aujourd'hui, j'ai prevu un marathon (qui se revelera un gros marathon, environ 45 kilometres au final, les distances sont tres souvent minorees dans mon guide sur cette Via de la Plata. Certaines etapes, la distance prevue m a semble sous-estimee de pres de huit kilometres. D'ailleurs un guide anglais indiquait 38 pour une portion donnee a 31 dans mon guide et je pense que l'anglais n'exagerait guere. Aujourd hui c'est surtout une fois arrive a Ourense, pour atteindre le centre puis l'auberge que cela m a paru ajouter quelques w kilometres au 42 prevus.)pour rejoindre Ourense, la derniere grosse ville avant mon arrivee a Santiago.
Mes premiers kilometres n'ont cependant rien d'urbains: je marche encore dans la montagne de Galice. Une belle lande pleine de bruyere m attend encore, au sommet de laquelle je peux admirer un beau panorama: devant mes yeux s'etend une plaine, puis au-dela de cette plaine de nouvelles montagnes s'elevent. Le ciel est clair ce matin, malgre de jolis petits nuages qui colorent de blanc le bleu majoritaire et je peux donc voir au loin.
Le sentier descend ensuite, ce qui est logique, pour rejoindre cette large vallee. Une belle descente, qui me replonge dans une nature plus arboree, une vegetation plus dense. Revoila la foret galicienne et ses chemins ombrages.
C'est une nature qui me plait particulierement. Peut-etre, sans doute, parce que c'est fondamentalement mon milieu naturel. Comme mon prenom l'indique, comme surtout mon enfance dans les grandes forets d'Ile de France me l'a inculque, je suis un animal des forets. J'aime ces grands arbres, les animaux qui la peuple. J'entends ainsi, ce matin, des bruits qui me sont familiers depuis toujours et que j'aime tendrement: le coucou, auquel semble repondre le ramier. Le bestiaire des fables de La Fontaine ou de Benjamin Rabier est tout pres, c'est aussi le mien.
Après ce beau passage, j'atteins la vallee, heureux d'etre la tout simplement. Quelques soient les efforts que me coûtent ces projets et ces voyages a pied, la liberte et la serenite de ces instants la n'a guere de prix.
La suite est plus plate, mais pas desagreable pour le moment: j'atteins Villar de Barros, ou j'apercois les premiers horreos, ces greniers a grains surreleves typiquement galliciens, puis entame la traversee de la vallee.
Les lignes droites ne sont cependant pas si longues, et souvent ombragees. C'est tant mieux car il fait chaud encore aujourd'hui. 30 degres et du soleil. Mais pour l'instant, j'avance sans trop de peine. En redescendant en altitude, j'ai a nouveau avance dans la saison: ici, les arbres sont tous en feuilles.
Je ne fais qu'une pause rapide pour dejeuner car le petit bar que j'ai choisi ne propose guere qu'un petit bocadillo au chorizo vite avale, et même complete d'une glace a l'etablissement d'en face, ca ne fait pas bien lourd pour un pelerin fatigue par les heures d'efforts accumulees.
C'est peut-etre pour cela, ou a cause de la chaleur, ou aussi parce qu'a l'approche de la ville, comme l'indiquait mon guide, le parcours devient beaucoup moins "funky", entre zone industrielles et nationale (bon rien d'horrible non plus, j'ai vu bien pire sur le Camino Frances par exemple), mais je peine de plus en plus et même vraiment dans la derniere longue descente qui doit me mener jusqu au centre-ville d'Ourense.
Arriver ici, la dernier etape "importante" de ce voyage, me fait a la fois un peu tristement penser que ces beaux moments de jouissance, de liberte et d'effort consentis en pleine connaissance de cause vont bientôt s'arreter, et en même temps, cette fatigue me dit que c'est sans doute bien ainsi, pour cette fois. Je repense a ce que m avait dit une fois mon ami Serge Moro, qui avait aussi experimente ce genre de chose, sur un mode plus entrainement marathon:"on est pas fait pour faire 50 kms par jour.". Dans un sens, je le sens bien, c'est vrai. Je pousse un peu la mecanique. Mais en même temps, mon corps, a part cette fatigue et des petites douleurs articulaires, s'en porte bien: je n'ai pris ainsi aucun medicament depuis mon depart. Oublies aussi les soucis digestifs qui m accompagnaient depuis le debut de l'année. Et ce n'est sans doute pas qu'une histoire d'alimentation car ma dietetique sur le chemin- ce que je trouve et ce qui me fait plaisir- n'est pas bien brillante. Je ne me prive ni de chocolat, ni d'alcool en quantite raisonnable. Je ne mange pas tant de fruits et legumes que ca. Mais je pense que le corps prend tout ce dont il a besoin dans ces situations la. Il s'adapte. En tous cas pour les durees que je lui impose ce regime d'effort.  
Je traine vraiment la patte. Ne vais guere plus vite que les passants. Mais j'arrive tout de même. Enfin, juste avant d'entrer vraiment dans le quartier historique, au bord d'un parc, je m'offre tout de même un rafraichissement bien merite dans un cafe. J'en ai vraiment besoin et le the glace est alors une benediction.
Comme je suis fatigue, je decide de prendre une chambre d'hotel pour eviter la foule et la promiscuite de l'auberge a pelerins. Helas, les etablissements dans mes prix sont tous pleins. Je tourne un petit moment et fini par trouver, en hauteur par rapport au centre-ville, l'auberge en question, construite dans un ancien monastere mais trop reamenagee pour que l'on puisse vraiment s'en rendre compte.
Je suis bien etonne de constater que c'est presque plein alors que je n'ai double personne aujourd hui et que j'ai dormi seul ou presque dans les quatre derniers hebergements ou j'ai fait etape. D'ou sortent donc tous ces pelerins?
Qu'importe, après avoir tout de même completer mon tour du centre-ville, deguste quelques pinchos et conclue ma courte soiree (car c'est tres curieux mais les hebergements de ce type dans les grandes villes ferment leurs portes a 22 h ce qui est totalement absurde aux regards des horaires de vies espagnoles. Il faudra bien que l'on m explique un jour l'acharnement de ces pelerins qui marchent de courtes etapes de 20 kms a se lever aux aurores et se coucher avec les poules dans un pays ou tout se fait tard) par un premier chocolat chaud du voyage, je vais tout de même tenter d'arracher quelques heures de sommeil.
Cela dit, mon etape de demain est courte donc je pense que même dans un etat de fatigue prononce elle ne me posera guere de problème.  

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