Y'en a qui les appellent comme ça : les monstres. Chez moi, on disait les grozobjets. Dans les brochures, ils disent "lézencombrants". Quand les "z'encombrants" passent, faut voir la veille au soir ce qui décore les trottoirs. Matelas, fenêtres, lessiveuses percées, carrelage, vaisselle cassée... le goût des Berrichons pour la rénovation des maisons est patent. Inlassablement, on remplace, on déplace, on se débarrasse. Et puis faut savoir qu'il y a plein de verre qu'on ne peut pas mettre dans les bennes pour le recyclage, et qu'il faudrait emporter à la déchetterie : les miroirs, les plats en pyrex, par exemple, provoquent des incidents et des défauts de fabrications dans les usines de verre recyclé. Mais l'hécatombe ces temps-ci touche surtout les grosses télé à tube cathodique. Faut dire que ça tient de la place. On peut pas toujours les mettre des une chambre, pas la peine de penser à la salle de bains, à la cuisine, encore moins au toilettes, quand le bel écran plat trône à sa place, la meilleure, dans le salon. Donc, qu'elle fonctionne encore, ou pas, la grosse télé se retrouve débarquée. Sur le trottoir, prenant toute la place. Enfin, par pour longtemps, parce que le soir à 20 heures, on en compte une tous les 50 mètres, et à 23 heures, plus une seule. Des camionnettes, des breaks lestés d'une belle remorque sillonnent en tous sens les rues frappées du signe du ramassage : le tas de trucs divers et en tous genres. Parce que des récupérateurs, il y en a, mais il ne prennent pas n'importe quoi : ils prennent l'électronique, en priorité, l'informatique, la hifi, les vêtements, les jouets pour enfants (les vélos sont denrées rares, ils ne disparaissent pas QUE pendant les zencombrants...), et laissent le bois, les déchets végétaux, les bouts de plastique... Il y en des petits malins un peu doués qui remettent en fonctionnement toutes ces pauvres télés abandonnées et les revendent entre 50 et 100 euros. Et ils ont bien raison. en plus, les problèmes de pouvoir d'achat ne peuvent qu'amener cette petite économie parallèle à se développer. Le reste, je me demande où ça part ... à la déchetterie sans doute. Mais après ?
Objets inanimés. Si vous avez une âme, elle appréciera le recyclage. Guettez le camion du camelot, et faites-lui signe. Aguichez-le un peu. Il vous transformera peut-être en pied de lampe, en châssis de serre (toutes ces belles fenêtres à cadre en bois qu'on jette avec indifférence et qui ont tant de charme) et vous donnera une seconde vie. Et même de la valeur. Qui sait ? peut-être vous retrouvera-t-on un jour, rutilant et très cher, au hasard d'une de ces si nombreuses brocantes.