Magazine Sport

Via de la Plata. Étape 22 un pèlerin dans la brume!

Publié le 20 avril 2014 par Sylvainbazin


Me voilà installe dans un cafe, au centre du village de Dozon, bien au chaud. Je dis bien au chaud, car dehors il ne fait plus chaud du tout. Le temps a change, le thermometre a bien degringole et une brume couvre les landes et les collines autour de moi. Cela dit, ma marche aujourd hui m a semble facile et agreable, peut-etre aussi a cause de ce rafraichissement de temperature. La grosse chaleur n'est pas mon amie. Alors c'est vrai, je regrette un peu le beau soleil qui m accompagnait depuis une bonne semaine, mais j'ai aime cet ambiance brumeuse aussi. Je n'imaginais finalement pas vraiment traverser la Galice sous un ciel bleu azur jusqu au bout, ca ne cadrait pas avec la reputation des lieux.
C'est donc une ambiance plus oceanique, davantage celtique aussi, qui m accueille au petit matin lorsque je quitte l'auberge d'Ourense. Comme je le craignais j'ai ete reveille trop tôt dans cette usine a pelerins curieusement bondee, mais je m en accomode et la nuit n'a pas ete si mauvaise.
Je repasse tout de même par le centre ville, qui sera finalement celui dont j'aurai le moins profite sur cette Via de la Plata, par rapport aux autres agglomerations d'importance. On ne peut pas dire que ca soit tres anime a cette heure la! Je trouve tout de même un cafe qui ouvre ses portes et ou me sert gentiment un jus d'orange presse avant que la machine a cafe daigne se mettre en route.
Quelques hectometres plus tard, je reprends un cafe et un pain au chocolat dans un autre etablissement: je suis en ville, autant en profiter pour bien recharger mes batteries avant les trois dernieres etapes!
Je vais d'ailleurs vite griller l'energie de ce double petit dejeuner: après quelques kilometres pour sortir de la ville, ou je franchis un autre joli pont romain (les romains sont moins presents depuis que je ne suis plus sur la Via de la Plata proprement dite, mais tout de même!), j'aborde une bonne grimpette qui me conduit a nouveau dans la belle campagne et dans les bois remplis de chants d'oiseaux.
Quelques 600 metres de denivele tout de même assez raides mais qui me revelent aussi que je suis dans une bien meilleure forme qu'hier. J'y double mes premiers pelerins du jour, mais ce ne sont pas ceux apercus la veille au soir dans cette auberge bondee. Je me demande bien ou ils sont passes. C'est vrai qu'Ourense est le dernier point de depart pour accomplir le pelerinage de ce cote la, mais tout de même, j'etais vraiment surpris de cette foule alors même que je ne voyais quasiment personne sur le chemin depuis trois jours.
Ceux la semblent surtout etre des marcheurs locaux, venus pour randonner le weekend. Un grand groupe, puis un autre qui semble encadrer de jeunes handicapes. L'un d'eux semble bien peine dans cette forte pente, mais il est heureusement bien entoure. Je ne sais pas si j'ai enormement de chance dans l'existence, mais j'ai au moins celle d'etre parti avec un bon potentiel pour me deplacer sur mes deux jambes et l'apprécier. Un potentiel, qui se travaille tout de même beaucoup. Mais j'espere que ce jeune homme apprecie quand même sa marche aujourd hui.
La suite du parcours est juste agreable, de beaux sous-bois vallonnes, jusqu a Cea. Je marche vite, sans difficultes. C'est presque curieux en me rememorant la penibilite de mes dernieres heures du parcours de la veille.
Juste avant Cea, je passe devant une boulangerie ou l'on vend le fameux pain d'appellation d'origine typique de l'endroit. Le boulanger, devant ses fourneaux, m'y vend un pain de taille respectable, le plus petit propose mais tout de même. Il ne coute qu'a peine plus qu'une simple baguette chez nous. Je suis souvent surpris par les tarifs tres bas ici. Ca ne m empechera pas de rentrer les poches -ou plutot le compte en banque- a peu pres vides, mais c'est appreciable pour un pelerin pas trop riche.
Je repars donc bien charge de cette belle miche, je ne mourrais donc pas de faim aujourd'hui, d'autant plus que je m'offre une pause bocadillo a Cea. On y sert aussi du cidre pression, le premier du voyage, et ca j'aime beaucoup! Je suis bien en pays celtique!
Après Cea, un petit bourg qui semble bien tranquille, ma balade du jour est sans histoire ou presque. Je double le seul pelerin du jour, que j'avais apercu hier a l'albergue. Il est espagnol, dans mes ages, et fait Ourense-Fistera dans la semaine. Il vient donc de partir mais marche plutot lentement. Chacun va a son rythme de toutes facons.
Le mien reste bon cet apres-midi. L'etape est vraiment plus courte- 36 kilometres sans rallonge cette fois- et je le sens. Le fait marquant est finalement le brouillard et la bruine qui ont envahi les collines. En fait, c'est plutot joli, même si la visibilite commence a etre plutot reduite. Les bruyeres se noient dans la brume, les bosquets d'eucalyptus ont des airs fantomatiques.
C'est dans cette ambiance plutot bretonne que j'entre a Dozon, ou je trouve l'auberge municipale au bout du village. Je n'y serai pas seul: outre l'espagnol double tout a l'heure qui finira par y arriver aussi, j'y rencontre Kurt, un hollandais d'Amsterdam (decidement ils sont nombreux sur le chemin, sans doute a la recherche d'autres paysages que ceux que leur offre leur petit pays). Mais c'est aussi un plat pays qu'il a croise durant son voyage: il a en effet suivi le chemin par la Mancha, depuis Valence puis Tolede. Apparemment, c'est plutot rude.
Le couple de francais qui est la aussi, Jean-Marie et Josie, l'ont curieusement suivi aussi, sans rencontrer auparavant Kurt. Ni pratiquemment personne d'autre d'ailleurs sur ce chemin quasi-desertique et, selon ces marnais, encore bien plus plat que la plaine a beterave a cote de chez eux, que j'avais peniblement traverse lors de ma Via Francigena. Ils adorent les chemins de St Jacques, allant même jusqu a completer leur experience en jouant les hospitaliers quinze jours par an dans un gite de Saint-Jean Pied de Port, mais la, ils ont abandonne et pris un bus après Tolede.
Si j'ai un jour vraiment envie de reflechir seul, je suivrai ce chemin la. Pour l'instant, je vais m occuper et m amuser a terminer cette belle Via de la Plata. Deux petites etapes, un peu courtes aussi mais avec la fatigue et le mauvais temps annonce ca ira bien, m ameneront maintenant tranquillement devant la grande cathedrale.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sylvainbazin 13085 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines