Rien ne pouvait m'empêcher de sortir, car j'adore voir baver de plaisir, courir à pleine vitesse les escargots sur l'herbe mouillée de cette journée humide. Réveillé par les petits coups secs et réguliers de l'eau sur le velux, j'ai pu voir le jour se lever, profiter de cette intense lumière pour recoller mon corps en une seule silhouette.
Simplement assis devant un grand thé chaud, j'ai repris ma place de contemplatif, là derrière ma fenêtre, derrière mon clavier.
Un premier ballet de personnes pressées par les cloches de l'église toute proche, une messe de Pâques sûrement, des trenchs de toutes les couleurs et de toutes les longueurs, quelques doudounes aussi. des belles jambes qui auraient aimées la teinte soleil pour revenir finalement au noir absolu. Une impertinente avait mis des bottes, non des cuissardes en l'apercevant un peu plus avec son cuir sur les épaules, une blondeur souriante dans le vent, elle courait sans parapluie vers le porche tout proche.
Quelques minutes plus tard, quelques chocolats disparus près de la tasse de thé, je la remplis à nouveau. D'autres groupes, des familles, des mamans et des enfants, quelques papas avec les parapluies, des rires en sautant dans le flaques d'eau, des pantalons pour tous, sauf quelques courageuses car la pluie redouble de force. Le soleil perce quelques secondes, la chaleur frappe aux carreaux, je lève la tête de mon écran. Les mots dansent, se collent les uns aux autres pour parler de mode et de lingerie, mes sujets professionnels et détente à la fois. je réponds aux commentaires, aux messages sur les réseaus sociaux, la météo influence la présence sur ceux-ci. Car plus le soleil est là, plus rare sont les sms et autres tweets.
Un rayon de soleil, un manteau rouge à la coupe officier, un plastron de boutons dorés, des jambes fines voilées de lumière brillante, des slingbacks framboise, une écharpe en soie blanche, elle vole au-dessus du trottoir, est-elle une fée ?
Une autre princesse en robe plumetis, des collants opaques, un trench court rose, la vie éclatante. Elle vole la vedette aux fleurs du quartier, elle rit, son ami l'embrasse, un amour heureux comme le printemps.
Je pose ma tasse chaude, je regarde le jardin vert, croquant le printemps à pleines dents, par l'autre fenêtre. Les fleurs du cerisier sont au sol, les ponctuations blanches, ici et là dans les massifs de tulipes. La pluie fait le bonheur de la nature et de son renouveau, et oblige les parapluies pour la mode, qui elle aussi se renouvèle.
Nylonement