C'est encore un sondage qui sert de base à une nouvelle entreprise de désinformation. Il s'agit une nouvelle d'étayer cette vieille antienne selon laquelle les ouvriers voteraient massivement pour le Front National. Plus que n'importe quelle autre classe sociale.
C'est donc l'institut de sondage ifop qui nous "apprend" qu'aux Européennes, dans la circonscription du grand est, le FN arriverait en tête. Dans un contexte de rejet massif de la classe politique, il n' y a rien de bien étonnant à cela. Mais là où il y a scandale, c'est lorsque le même sondage nous apprend que 55 % des ouvriers FN, et qu'en plus cette "information" est relayée telle quelle dans la plupart des médias (exemples ici).
Ceci n'est qu'un mensonge éhonté. Les 55 % ne sont obtenus qu'en comptant à part les résultats obtenus dans le panel de 1000 sondés (quand ils sont 1000 !) par ceux se déclarant ouvriers ou apparentés. Combien sont-ils ? Une centaine ou deux dans le meilleur des cas, moins probablement. Ce chiffre est donc obtenu sur un panel extrêmement petit, non représentatif. Scientifiquement, ce chiffre ne vaut rien.
Mais ce n'est pas tout, car on nous donne ce sondage en pâture, comme si tous les Français allaient voter. Or, on sait bien que malheureusement non seulement il n'en sera rien, mais qu'en plus pour ce type de scrutin, l'abstention sera massive. Et quelle est la classe sociale qui s'abstient le plus ? Les ouvriers, et c'est manifestement une constante à chaque scrutin. Même en reprenant le chiffre du sondage, si on estime que l'abstention frôlera les 60 % (comme la dernière fois), les ouvriers votant FN ne seront donc qu'une minorité, d'environ un quart des électeurs. C'est beaucoup certes, mais cela signifie que l'immense majorité des ouvriers n'est pas tombée dans la marmite nationaliste.
Ce chiffre est faux, cette information n'en est pas une, et pourtant elle est diffusée massivement et ce soir plus personne ne pourra l'ignorer. Il y a à cela au moins deux raisons. La première étant un manque de professionnalisme d'une part importante des journalistes qui ne prennent plus la peine de vérifier leurs informations. C'est pourtant la base de leur métier. On peut donc parler sans problème de faute professionnelle généralisée.
La deuxième est qu'il s'agit là encore de l'expression d'un mépris de classe. La caste politico-médiatique est souvent issue des mêmes milieux sociaux plutot aisés. Il est donc de bon ton de montrer du doigt le prolo, l'ouvrier, ces classes que l'on disait hier dangereuses. Ces ouvriers qui hier se réfugiaient dans le vote communiste iraient donc aujourd'hui à l'extrême-droite. Ce qui s'exprime issu, c'est une certaine suffisance des élites, un dédain pour le peuple. Pas étonnant que ce dernier les rejette.