Magazine Régions du monde

Raymond Médélice : l’art de recréer par Suzanne Lampla

Publié le 24 avril 2014 par Aicasc @aica_sc
L'enlèvement des Sabines 2

L’enlèvement des Sabines 2

L’exposition L’Art recycle 3 organisée par le Conseil Général de Martinique à la Résidence Départementale Chanteclerc a offert à quatre artistes l’occasion de s’exprimer sur le développement durable. Un de ces artistes, Raymond Médélice, s’est prêté au jeu du recyclage, proposant quelques œuvres recréées.
L’enjeu de cette exposition étant de recycler à partir de matériaux divers ou d’objets en fin de vie, le public a pu découvrir une nouvelle utilité à ces créations. Tôle, fer à béton, contreplaqué, galet, tissu, agrafes, pour les uns ; bois, cuivre, métaux divers, verre, ou photographies pour d’autres, se côtoient donc dans l’espace, accrochés aux murs, ou posés sur des socles, les objets design posés sur le sol. Une exposition d’objets donc, qui par sa raison d’être donne un autre statut à ces objets.
Pour Raymond Médélice, il s’agissait de présenter quelques tableaux, où il utilise l’acrylique sur toile, et des compositions qu’il intitule L’enlèvement de Sabines 1, L’enlèvement des Sabines 2, et Surélévation. Dans celles-ci, jouets, fibre de verre et résines entrent dans la composition, avec comme point commun avec les peintures des couleurs vives attirant le regard sur l’ensemble.

Raymond Médélice L'enlèvement des Sabines 1

Raymond Médélice
L’enlèvement des Sabines 1

Clin d’œil à l’histoire de l’art, de Poussin à David, de nombreux artistes classiques ont peint l’enlèvement des Sabines, que l’on retrouve ici avec trois poupées Barbie remaquillées dans une relecture cocasse de l’histoire. Autre objet récurrent, la maison, référence directe à notre environnement d’où proviennent la plupart de ces objets mis au rebut.
On peut s’interroger sur la relation avec la Barbie- doll, jouet destiné aux 9-14 ans, créé en 1959 par Mattel, le célèbre constructeur américain de jouets : comment les trois poupées représentées ici, recyclées, remaquillées et rhabillées, renvoient-elles aux personnages des Sabines plutôt associées au caractère rude et bravache des conquérantes, adeptes par ailleurs des pratiques superstitieuses ? L’acte de recréation laisse le choix à l’artiste, une sorte de licence poétique en somme, qui ne manque pas de dérouter le public. Ou de l’amuser.
Dans la composition de Médélice les petits chariots remplacent les chevaux de la peinture d’origine, mais les chaînes  sont encore là. Faut-il alors interpréter ces différents éléments comme une référence à la surconsommation représentée par d’autres artistes contemporains ? On se rappelle que ce thème est aussi récurrent chez d’autres artistes caribéens, Laurent Valère, Hervé Beuze, ou Richard-Viktor Sainsily, par exemple.

Surélévation

Surélévation

Recréer l’objet nous renvoie à l’acte créateur en amont qui pousse l’artiste à récupérer, découper, coller, repeindre, redonner forme et vie aux jouets et autres matériaux abandonnés. Ce faisant, l’artiste se fait graveur, sculpteur, menuisier ou souffleur de verre le cas échéant, recopiant le geste originel du concepteur. Il redonne leur beauté aux choses dans un contexte ou la protection de l’environnement est déjà un sujet préoccupant.
L’artiste écosensible redonne avec ces créations un peu de poésie et d’optimisme à ce monde envahi par nos déchets et signe par ce geste son engagement. Car l’enjeu principal n’est-il pas de passer le message, de nous sensibiliser à ce qui dégrade notre environnement, de créer le durable avec de l’éphémère ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aicasc 12249 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte