AmCham EU : les intérêts américains au cœur de Bruxelles

Pour ceux qui doutent encore de l’influence US au sein de l’UE, un article très intéressant du site « Euros du village » nous rappelle le rôle essentiel de la Chambre de Commerce américaine, AmCham E U, dans la conduite du lobbying outre-Atlantique.

Créée dans les années 70, cette institution est considérée comme l’une des plus influentes de la place bruxelloise. Il faut dire qu’elle représente les intérêts de la plupart des grosses firmes américaines (EXXON, General Motors Europe, Boeing , Chevron, DaimlerChrysler, …) soit environ 140 au total.
Son fonctionnement la rend particulièrement efficace, comme l’affirme elle-même une responsable d’AmCham EU, «lorsque nous présentons une position, c’est déjà sur base d’un compromis entre intérêts très différents et du fait de ce premier filtre, la position est très complète, très mesurée et a beaucoup de chance de se retrouver au sommet de la pile de positions sur le bureau des décideurs. ».
Cette capacité du compromis et ses liens avec la Mission américaine auprès de l’Union, lui donnent un réel écho puisqu’elle parle d’une seule voix. Rencontres multiples avec des représentants de l’administration européenne, participation aux consultations de la Commission, dépôt de position paper directement utilisés pour la rédaction de livres verts, activation de ses réseaux dans tous les Etats membres, son action se déroule à tous les étages de la prise de décision.
Et puis, elle a le gros avantage d’appréhender l’UE comme un ensemble, quand les entreprises européennes la conçoivent encore comme un agglomérat hétérogène d’états, ce qui a l’avantage de rationnaliser son approche.
Sans parler de sa culture du lobbying bien plus prégnante qu’au sein des firmes européennes, même si les pratiques américaines ne sont pas applicables de la même manière qu’aux Etats-Unis.
L’AmCham EU est aussi présente au sein de think tank, tels l’European Policy Center, et peut ainsi diffuser ses idées d’une autre manière, plus discrète et légitime auprès des observateurs extérieurs, pour qui un think tank est censé être plus neutre…
Parmi les actions de l’AmCham EU, un lobbying intense pour la définition de la politique environnementale de l’UE. Lorsque l’on sait qu’elle représente les intérêts de certaines compagnies, dont l’activité favorise grandement la diffusion de gaz à effet de serre et quand on voit le peu d’implication de l’administration américaine dans la lutte contre le réchauffement climatique, il est peu probable que son influence aille dans le sens des intérêts de la planète…
Finalement, comme le constate Euros du village, « après plusieurs décennies de fonctionnement du marché commun, la représentation d’intérêts privés est devenue une composante essentielle du processus décisionnel de l’UE. Dans ce petit monde, les intérêts américains sont pris en compte avec quasiment la même attention que ceux des états membres, pour autant qu’ils s’adaptent aux pratiques spécifiques de Bruxelles. Cette évolution de position d’outsider à celle de quasi-insider est aujourd’hui un élément essentiel des relations transatlantiques »

http://www.eurosduvillage.com/?page=forum&id_article=1486&id_forum=1479

http://www.eucommittee.be/