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Révolution des Œillets: discours au nom de la Municipalité

Publié le 27 avril 2014 par Micheltabanou

Voici la trancription de mon intervention vendredi 25 avril, Place de l'amitié entre les peuples, au nom de la Municipalité pour célébrer le quarantième anniversaire de la Révolution des Œillets

Mesdames, Messieurs, mes chers collègues, mes chers amis de la ACRPF, Monsieur le Commandant Francisco Batista – héros de cette journée révolutionnaire actif au nom du MFA en Angola, cher-e-s ami-e-s,

25 avril 1974 – 25 avril 2014. Quarante ans après le souvenir reste vivace. Tout un peuple attendait que quelque chose se passe dans ce pays qu'on disait alors être la plus ancienne dictature en Europe !

Un régime fasciste, issu d'un coup d'état militaire en 1926 avec Antonio d’Oliveira Salazar aux finances en 1928. Le même Salazar, avide pouvoir, qui  crée l'Estado Novo en 1932 avec cette devise qui va peser sur des générations de portugais : DIEU – PATRIE – AUTORITE – FAMILLE – TRAVAIL . Devise que le régime fasciste de Pétain condensera quelques années plus tard dans son Travail Famille Patrie e sinsutre mémoire ! Suite à un AVC il est écarté, en 1968. Son dauphin, Marcelo Caetano, prend sa place jusqu'au soulèvement du MFA, Mouvement des Forces Armées, (constitué par les jeunes capitaines enrolés dans la guerre coloniale en Angola, Mozambique et Guinée-Bissau).  C'est le 25 avril 1974, et en 16 heures la démocratie va s’installer au Portugal!

Salazar et son régime fasciste furent un soutien précieux pour Franco avec l’organisation du transit par le Portugal du matériel militaire allemand et italien pour les troupes phalangistes espagnoles et une légion de 12OOO Portugais fut envoyée combattre les troupes républicaines. Pendant la seconde guerre mondiale, Salazar se déclare « neutre » et maintient des relations commerciales avec les deux camps, tout en fournissant quelques métaux rares au régime nazi. Des militants fascistes portugais s’engagent dans la Division Azul qui, avec des soldats franquistes, vont combattre à côté des Allemands sur le front de l’est. Le 4 mai 1945, Salazar envoi un télégramme de condoléances à Berlin pour la mort d'Hitler et fait mettre les drapeaux en berne, pour une demi-journée de deuil national, comme pour tout autre chef d’État, entretenant des relations diplomatiques avec le Portugal.

Salazar, l'économiste admiré par l'ancien premier-ministre Raymond Barre, avait instauré un régime autoritaire, une «dictature catholique de droite extrême», de parti unique, avec une commission de censure qui s'imposait aux journaux, à la radio, aux livres, films, théâtre à demander l'autorisation devant une commission de censure préalable. L’interdiction des syndicats et une police politique, la PIDE très présente et «efficace» venaient renforcer ce régime d’oppression et de misère… Contribuant à cet enfermement du peuple portugais l’Eglise a été le bras séculier du régime… Elle bénissait même les troupes en partance pour les guerres africaines, les guerres coloniales. Sur le plan économique les Portugais sont obligés d'émigrer pour survivre à partir de la fin des années 50 et crée une importante implantation en France. Après le retrait et la mort de Salazar en 1970, son successeur, Marcelo Caetano a maintenu la politique du régime. De la sorte que le 25 avril 1974, des militaires anticolonialistes ont renversé ce régime lors d'un coup d'État que l'on a appelé la Révolution des œillets. Au cours des deux années qui ont suivi, le nouveau gouvernement a accordé l'indépendance aux colonies africaines. Puis, le Portugal devenait officiellement une démocratie en 1976 avec la proclamation d'une nouvelle Constitution.

En 1974 Paris et sa banlieue était la deuxième ville du Portugal. Point de rencontre des immigrations économiques et des refugiés politiques. Notre banlieue rouge d’alors avec Champigny, Massy et leurs bidonvilles voyait s’installer une communauté portugaise parfois venue de mêmes villages ou régions. Il en a été de même avec Fontenay-sous-Bois. Cette communauté s’organisait au sein d’associations où les activités folkloriques ou sportives aidaient à la rassembler. Le jeudi 25 avril, à Fontenay-sous-Bois, certains d’entrevous, les plus anciens se souviennent aujourd’hui d’avoir écouté ici en France sur Europe 1 la chanson code qui a déclenché les opérations et qui a déferlé sur les ondes de la radio nationale portugaise,"Grândola Vila Morena", une chanson de Zeca Afonso, interdite par la dictature de Salazar. Eloigné de la patrie vous étiez sans trop savoir ni comprendre ce qui arrivait là-bas et comment cela allait se finir. Un coup d’état, une révolte démocratique de militaires antifascistes. Tout est allé très vite et les responsables politiques exilés ont pu rejoindre Lisbonne et mettre en œuvre le processus de libération interne et la démocratie.

Aujourd'hui, comme chaque année depuis 1976, notre ville, qui a érigé le premier monument en France commémorant la Révolution des Œillets, célèbre avec vous le 25 avril.

Nous le faisons avec d'autant plus de plaisir que nous avons une longue et solide histoire d'amitié et de combats partagés à Fontenay, puisque dès les années 60, nous avons ensemble uni nos efforts pour faire de Fontenay une ville généreuse et solidaire, afin que chacun s'y sente bien. Mais, car il y a un mais qui assombri nos horizons ! aujourd'hui, comme tant d'autres pays en Europe : l'Espagne, Chypre, la Grèce … le peuple portugais est confronté à une autre tyrannie, celle des banques et de la haute finance, d’une économie libérale débridée qui s’est engouffrée dans la spirale des crises. La dictature économique a fait croître le chômage et une récession s'est installée durablement en plongeant des milliers de familles dans la pauvreté et la précarité.

Alors aujourd'hui, après avoir été l'hymne de la Révolution des Œillets, la chanson "Grândola Vila Morena" est devenu le symbole de la contestation et de la lutte contre l'austérité du peuple portugais et retenti dans les nombreuses manifestations ces dernières années…

Les peuples payent aujourd'hui une crise financière et boursière dont ils ne sont pas responsables. Alors que l'argent coule à flot pour les actionnaires et les banques, les populations vivent de plus en plus mal.

En charge des Relations Internationales de notre ville, je tiens à saluer ici mon ami et prédécesseur Hervé Poirier qui a œuvré intensément à façonner puis consolider la solidarité,  je combien l’avenir appelle des combats, des résistances nouvelles. Notre ville jumelle de Marinha Grande n’a pu l’année dernière faire venir ses jeunes au tournoi de football que nous organisons tous les deux ans avec toutes nos villes jumelles, faute de moyens financiers ! La situation perdure mais ne nous fera pas renoncer et avec Jean-François Voguet je me rendrais à Marinha Grande pour ne pas céder et renforcer nos liens par des actions nouvelles. A cet effet et solennellement je vous le dis ce soir qu’il nous appartient à nous tous, de résister, de ne pas baisser les bras et de proposer des solutions novatrices et alternatives pour renforcer nos liens et au-delà que la vie change vraiment …

Pour ce 40e anniversaire, je vous invite à participer aux festivités.

Demain samedi, il y aura le bal de la Liberté, salle Jacques Brel, et dimanche, un grand Festival de Folklore, dans la même salle.

Les œillets de Lisbonne toujours dans nos cœurs fleurissent et que vive la solidarité entre Marinha Grande et Fontenay-sous-Bois. Vive le Portugal ! Vive la France !

Allocution pour la Révolution des Œillets, avec Claude Mallerin à mes côtés

Allocution pour la Révolution des Œillets, avec Claude Mallerin à mes côtés

Le Commandant Francisco Battista

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