FR | ENG - Activiste depuis bientôt 15 ans sur la scène musicale électronique, le duo polonais Karol XVII & MB Valence a traversé les années et les courants musicaux en allant toujours de l’avant, guidés par une créativité sans limites et poussés par la volonté de se réinventer sur chacune de ses sorties. En 2008, le magazine DJ Mag les sacre “meilleurs DJs polonais”, suivi d’une nomination en tant que meilleurs artistes Deep-House en 2010 par Beatport. Nous avons eu la chance de les rencontrer pour cette interview afin d’en apprendre un peu plus sur leur parcours, sur leurs principales inspirations, mais aussi sur la scène musicale polonaise.
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Electrocorp – Salut à vous deux, très honoré de vous rencontrer !
Karol XVII & MB Valence – Salut à toi, pareillement, très heureux de faire cette interview avec un magazine français.
EC – Afin de préparer cet exercice comme tout bon élève, j’ai bien sûr potasser mon sujet et j’ai relu en long et en large votre CV : producteurs, DJs, compositeurs, paroliers, ingénieurs du son, gérants de label… ça impose le respect ! Comment cette belle carrière multi-casquettes a t-elle commencée ?
Karol XVII – Oula, ça remonte ! C’est assez flou car ça fait vraiment des années que nous nous sommes rencontrés. Tout est lié à ce club qui s’appelait Le Greco dans notre ville d’origine en Pologne, où l’un de nous deux avait une résidence. Il organisait des événements qui rassemblaient tous les DJs en herbe de la région et puis un jour, l’autre moitié du futur duo est venue pour participer à une session. C’est ainsi que nous nous sommes rencontrés. Quelques temps après, il s’est avéré que nous avions les mêmes goûts musicaux, pas que pour la musique électronique mais pour la Musique en général. Je crois que ça a été l’élément déclencheur, ce qui nous a motivé à monter ce projet commun. De fil en aiguille, nous avons acheté nos premiers équipements, commencé à produire, puis nous avons récupéré d’autres matos genre synthés, logiciels, etc… et ça fonctionnait !
EC – Comme ça, comme par magie ?
MB Valence – Je dois aussi ajouter que nos caractères sont assez compatibles aussi (rires). Nan, plus sérieusement, je pense que tu trouveras rarement un autre duo comme le notre, avec une collaboration aussi pérenne. Bien sûr ça clash un peu parfois mais on se résonne toujours en se disant : ok, n’oublions pas que l’objectif que l’on poursuit reste commun et que l’on se complète l’un et l’autre. Voilà ce qui fait que notre duo est inséparable depuis ces nombreuses années. Tu sais, il y a pas mal de bon côtés à être un duo : lorsque l’un d’entre nous est fatigué ou n’a plus les idées claires, l’autre peut prendre la relève et continuer d’avancer, et ce genre de chose ne fonctionne que si les deux sont sur la même longueur d’onde. Ah, n’oublions pas aussi de mentionner Slawek, que l’on peut considérer comme le troisième homme et qui nous a énormément aidé pendant de nombreuses années sur les plans administratifs et la gestion de nos droits, le licensing d’autres tracks et la création de notre label. Il nous a permis de nous focaliser sur la création, ce qui est le plus important en tant qu’artiste !
EC – Etant tous les deux originaires de Pologne, je ne peux m’empêcher de vous poser quelques questions à propos de la scène Electronique dans votre pays. Qui sont les futurs talents, quels sont les artistes phares ? Est-ce que l’on peut parler d’un “son” polonais au même titre que la “French-Touch” en France ?
K&MB – En fait, le premier truc à savoir, c’est que la Pologne est un pays relativement nouveau dans le paysage électronique mondial. Du coup, il y a énormément de jeunes talents mais pour le moment, peu d’entre eux ont réussi à percer. C’est une question de temps et d’expérience, mais m’on peut aussi pointer du doigt le manque de structures adéquates et d’agences pour le management d’artistes. Heureusement, la Pologne est à quelques centaines de kilomètres de Berlin, du coup la plupart des producteurs et DJs s’installent là bas, où la musique électronique est omniprésente et fait partie intégrante de la culture. Quoi qu’il en soit, ça serait mentir que de dire qu’il ne se passe rien en Pologne, les choses bougent peu à peu. Tout d’abord, quelques web-magazines entretiennent bien la culture électro et font vivre le mouvement. Nous avons aussi quelques très bons festivals underground et d’autres événements plus commerciaux mais de grandes envergures. Concernant les producteurs et artistes polonais, il est évident que quelques artistes sortent du lot, à l’instar de Catz ‘n Dogz, Marcin Czubala, Jacek Sienkiewicz ou encore Pol_On.
EC – C’est vrai que parfois on a tendance à oublier que les Catz ‘n Dogz ne sont pas berlinois ! Est-ce que vous pouvez me parler un peu de vos influences ? Qu’est-ce qui vous inspirent lors du processus de production et de création musicale ?
K&MB – La Musique, avec un grand M, reste notre principale source d’inspiration. Bien entendu, nous écoutons ce que font les autres artistes, notamment parce que nous sommes aussi DJs et car c’est important d’être influencé, d’être inspiré, même inconsciemment. Cependant, lorsque l’on crée un nouveau titre, on essaye de mettre de côté ce qu’on a écouter plus ou moins récemment afin d’aller de l’avant, d’apporter quelque chose de nouveau. Beaucoup d’artistes ont une démarche que l’on trouve assez étrange en fait. Ils vont faire un premier titre qui va bien fonctionner et lui permettre de gagner en popularité. Du coup, par la suite il ne prendra pas de risque et sort un nouveau titre assez similaire, basé sur la même rythmique ou utilisant les mêmes éléments. Ça, c’est typiquement le genre de choses que l’on ne fera JAMAIS. Nous repartons toujours de zéro. Quasiment tous les titres que l’on produit sont différents et aucun d’eux n’utilise les mêmes rythmique ou les mêmes synthés. Si tu prépares un nouveau rythme, tu vas par exemple commencer avec un kick, ensuite tu vas devoir ajuster un snare ou un clap en fonction de ce premier kick, de manière à ce que le résultat final soit exactement ce que tu avais en tête à la base. Produire de la musique, pour nous, c’est un peu comme jouer aux Legos, mais sans le manuel : tu as tout entre les mains, tous les éléments peuvent s’imbriquer, mais le résultat final ne se dévoilera qu’avec les dernières briques… c’est toute la beauté de la chose.
EC – Parlez-nous un peu de la mixtape que vous avez réalisée pour notre magazine Electrocorp. Comment avez pensé la mixtape, sélectionné les morceaux et organisée le tout ? Diriez-vous que c’est un mix club, ou plus à apprécier à la maison avant de sortir ?
K&MB – Généralement, on ne suit pas vraiment les règles du DJ-set “club” lorsque nous préparons une mixtape. Ce genre de mix est réalisé dans le but d’être réellement écouté et nous pousse donc et nous concentrer sur le son, les mélodies et l’atmosphère dégagée par la sélection et non pas sur sa rythmique. En terme de titre, nous avons essayé de sélectionner de vraies productions, des morceaux sur lesquels on sent qu’il y a un vrai travail de recherche de la part du producteur. Après, les mixes “club” et les mixtapes doivent tous deux maintenir une certaine tension continue qui tient en haleine l’auditeur du début à la fin, d’où la volonté de compiler des titres à l’atmosphère proche. Sur le format mixtape c’est un exercice assez délicat car par exemple, pour Electrocorp ont un format assez court et si il faut donc être assez succinct dans la sélection ou casser un peu le rythme de la mixtape si l’on veut faire une intro et une conclusion en douceur, ce qui est important si l’on veut proposer à l’auditeur un voyage musical. Voilà notre leitmotiv lorsque l’on prépare une mixtape : proposer un voyage.
EC – Vous avez récemment sorti un titre exclusif sur la dernière compilation du label Toolroom Records “Poolside Miami”. Cela représente-t-il quelque chose d’important pour vous ? Comment décririez-vous ce titre ? Aviez-vous l’atmosphère de la Winter Music Conference de Miami en tête lorsque vous avez préparé ce titre ? Je sais… ça fait beaucoup de questions !
K&MB – Hahaha, pas de soucis ! En fait, pour rebondire sur ta dernière question : pas vraiment ! “Butterfly”, à l’instar de la plupart de nos titres, a trouvé son inspiration dans la musique que nous écoutons et dans nos influences plus larges. Je crois juste que c’est une coïncidence, que nous étions dans le bon état esprit pour produire un titre avec cette atmosphère là et que du coup, ça a plu à Toolroom qui l’a inclue dans sa compilation. Ça n’a pas été commissionné par le label ! Ensuite, tu veux savoir si ça représente quelque chose pour nous d’avoir un titre signé chez Toolroom, et la réponse est oui. Aucun doute sur ça. Nous avons un profond respect pour Mark Knight et pour sa contribution au monde de la musique électronique. Depuis le début de notre carrière, nous avons joué énormément de titres de Mark, même ces productions un peu plus slow-tempo comme “The Reason”. Respect !
EC – Merci, j’étais curieux d’avoir votre avis sur cette sortie chez Toolroom. Mise à part ce derneir titre, quels sont vos projets, pour vous en tant qu’artistes mais aussi pour votre label Loco Records ?
K&MB – En ce moment même, nous avons quelques titres de prêts et on est entrain de trouver les bons labels pour les sortir, sur d’autres labels que Loco Records. Nous nous sommes focaliser sur celui ci pendant de nombreuses années, ça a bien fcontinné mais je crois qu’il est temps de changer d’air et d’essayer quelque chose d’autres maintenant. En ce moment, on bosse sur quelques nouveux tracks. Certains sont prêts et sortiront chez Toolroom et le label espagnol Suara Records. Bien sur, Loco Records reste quelque chose d’actualité, et bien que nous n’ayons rien sorti dessus depuis 1 an ça nous a aussi permis de réfléchir à la direction que l’on souhaite prendre pour les années à venir. Nous avons notamment quelques nouveaux artistes qui nous ont taper dans l’oeil et que l’on souhaite sortir, mais pour le moment on ne peut pas t’en dire plus car rien est fixé.
EC – Ça a l’air de bien s’annoncer pour vous en tous cas, c’est encourageant !
K&MB – Oui, clairement, beaucoup de projets en cours.
EC – Hé bien merci de m’avoir accorder cette interview, j’espère sincèrement que tous ces projets seront concluants.
K&MB – Merci à toi, à très vite.
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FR | ENG - The Polish act Karol XVII & MB Valence keeps the real House spirit alive since almost 15 years, always pushing boundaries, moving forward and placing creativity at the core of their work by reinventing themselves through every new EP or production. DJ Mag named them best Polish DJs in 2008, and Beatport identified the producers as one of the worldwide best Deep-House acts a few years later. We had the great chance to sit down with them and set this interview where we talked about their career, their main inspirations and the Polish electronic music scene.
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Electrocorp – Hello guys, I feel really honoured to meet you!
Karol XVII & MB Valence – Hi! So are we, we are really happy to do this interview with a French magazine.
Electrocorp – In order to prepare this interview, I’ve done some research about you career, I’ve read your bio, and I was really impressed by your CV: producers, DJs, composers, lyrics writers, sound engineers, label managers… can you tell me how this all started?
Karol XVII – Well, it all happened so long ago that it’s just blur to us now, it was so many years ago! Basically, there once was a nightclub in our city called “Le Greco” where one of us held a residency. He organized a meeting there for DJs from our region, something like a training workshop and one of us simply attended it. This is how we met. Soon after that, it turned out we had similar opinions about music in general. We quickly bought our first equipment, started to set up a studio and then we’ve been focusing on making music and so… it happened!
EC – Just like that?
MB Valence – We need to add though that we have a lot in common even in terms of characters. Frankly, it’s really hard to find another duo like us collaborating with each other for so long. We do argue at times, but we also realize that we have a common goal that has to be reached. This is one of the factors that has made us inseparable for such a long time. Being involved can be really helpful sometimes, as we totally support each others and when one of us is fed up with something and needs to take a rest, the other one takes on the duties and copes with the tasks on his own. We must also mention that there’s another guy named Slawek who’s been working with us for many years now, responsible for many different things including releases of our own tracks and those appearing on our labels.
EC – You are both from Poland and I couldn’t do this interview without asking you a few questions about your country. Can you tell us a little bit about the House / Electronic Music scene in Poland. Who are the future talents, the established talents? Is there a “Polish” sound when it comes to music production?
K&MB – Well, first thing you got to know, is that Poland is a relatively fresh country on the map of electronic music and even though there are a lot of talented, young producers here, only a few have managed to achieve certain status. This may result from lack of effective management and agencies in our country. Luckily, it’s quite close to Berlin from here, where you can find some producers from Poland who reside there and call it home. However, we’d lie if we said there was nothing happening in Poland. There are a couple of crucial Internet magazines that “keep the spirit alive”. We also got a few great festivals here including underground ones as well as huge, commercial events. When talking about famous producers from Poland, it’s obvious that you have to mention Catz ‘n Dogz, Marcin Czubala, Jacek Sienkiewicz, or Pol_On.
EC – Oh yes, that’s right, sometimes I almost forgot that Catz ‘n Dogz are from Poland and not from Berlin! Let’s talk about your influences and sources of inspiration. What inspires you when you’re producing a new track or a new EP?
K&MB – Music itself! Music gives us the greatest inspiration. Obviously, we must admit that we listen to other artists. It’s important to get inspired, even subconsciously. As a result, however, while creating a track, we deliberately forget what we heard a moment ago and give full play to fantasy. Take note of one thing here: a lot of artists do something you won’t find in our work. When someone made a tune that is generally liked, they will make either a similar one or one that’s based on that same beat. We never do that. Each track we create sounds practically different, it has a completely different kick drum, changed synths, etc. The reason for that is that Music itself inspires us. While setting up a kick drum, you have to adjust a hand clap to it, in such a way that you could feel that what you do is exactly what you wanted to have in the end. For us, producing music is like assembling Lego bricks with no manual: you never know what you get in the end, and that’s the beauty of it.
EC – Talking about assembling things, how have you selected the tracks for your Electrocorp mixtape and how have you decided to organize the whole tracklist? Would you say that it’s a club mix or more something to be enjoyed for a warm-up before going out?
K&MB – Generally, we don’t rely on clubbing rules while preparing a mixtape. Such a mixtape is meant to be listened to, which is why it’s more important for us to concentrate on melodiousness of the mixtape rather than its rhythmicity. In terms of tracks, we do our best to look for real gems when getting a mixtape ready. We never forget though that both a mixtape and a club mix played at a gig should have some dramatic tension. So, we try to combine tracks that belong with one another. Of course, it’s not always possible, mostly because there are often too many tracks you’d like to include in a mixtape, but you don’t have so much time. Then, we’re forced to break the flow of such a mixtape. Anyway, as we said before, it’s important to outline a few fundamental principles such as a mild beginning and a mild ending, but we think it’s a required standard of a good mixtape. Sometimes you can tell that a DJ takes you on a musical journey and it is no exaggeration to say that. A mixtape should be a journey like that.
EC – You just released an exclusive track on the brand new Toolroom “Poolside Miami” compilation. What does it mean to you? How would you describe the track? Did you had the whole Miami WMC atmosphere in mind when you produced the track
K&MB – Not really. “Butterfly” was produced regardless of the entire Miami WMC atmosphere. As we said, we are inspired by Music itself, similarly to our other tracks. We were simply in the right mood to produce this kind of track and Toolroom was willing to include it in that compilation. If you want to know if it matters to us to be released on Toolroom, the answer is yes, it means a lot to us. We greatly respect Mark Knight for his contribution to club music. We’ve played a lot of Mark’s tracks in our lifetime, even in those more peaceful times, when he would release such tracks as “The Reason”. Great respect Mark!
EC – Thanks, I was really curious to know what it could mean to a producer to be signed on such an important label. What about you and your label? What are your upcoming projects for you, as an artist, but also for your own Loco Records?
K&MB – Currently, we’ve got a few tracks ready, but we’re waiting to release them because our management is looking for proper labels to place them. We’re going to put out a lot of tracks outside Loco Records because so far we’ve been focused on our label only. This has been our policy, which turned out to be perfect, but it’s time to change and try something different. After a year of having a break and taking a rest, we’ve come back to work. Right now, we’re working on a few new tracks. Some are already ready for Toolroom Records and Suara Records among others. Of course, we won’t forget about our baby Loco Records and we’ve got several new artists who are very talented and we’re considering helping them. But it’s hard to go into details at this stage without further verification.
EC – Lot’s of projects, the future looks successful and bright for you!
K&MB – Yes, hopefully!
EC – Ok thanks guys for the interview, I’m looking forward hearing all of these in the next months.
K&MB – Thanks Antwan, bye!