La saison de reproduction ; échec ou réussite ?

Par Selectionsavicoles

LA SAISON DE REPRODUCTION

Echec ou succès ?

Mauvais éleveurs ou bons éleveurs ? Disons‑le tout de suite, surtout une grande ques­tion de chance, de hasard.

 Ne peut‑on rien faire ? ... Oui, il est possible de mettre le maximum de ces chances de son côté, tout en sachant bien qu'au mieux, ces chances ne seront jamais 100 %.

 Nous avons déjà maintes fois parlé de ces problèmes de reproduction à propos desquels il existe beaucoup de préjugés et d'idées fausses. Pour aborder clairement ce problème nous limiterons à ce qui relève de la pathologie de l'incubation et de l'élevage des jeunes jusque vers l'âge de 10 semaines.

Il faut envisager

1) la mortalité embryonnaire

2) la mortalité au nid

3) la mortalité après la sortie du nid.

LA MORTALITÉ EMBRYONNAIRE

Elle se manifeste par une absence d'éclosion des oeufs fécondés. C'est une notion essen­tielle car il ne faut pas y inclure les oeufs clairs par absence de fécondation, problème qui relève de l'élevage et non d'une pathologie de l’incubation. Il y a cependant là une zone d'incertitude quand les ceufs ont été enlevés des nids pour être ensuite redonnés à couver à chaque femelle ; les conditions de conservation de ces oeufs (température, humidité, retour­nements) peuvent, si elles sont incorrectes, empêcher le developpement normal de ces oeufs.

Les causes de mortalité embryonnaire sont les carences des reproducteurs et des oeufs et bien plus rarement une infection microbienne de l'oeuf ou de mauvaises condition d’incuba­tion.

L'INFECTION MICROBIENNE

C'est pourtant à cette dernière cause que pensent d'abord la plupart des éleveurs qui ont un problème. D’après l’examen de très nombreux oeufs, nous pouvons dire que l'infection de l'oeuf est un phénomène très rare. Cette idée est pourtant entretenue par certains livres qui en sont restés à l'idée fausse que chez le canari tout se passait comme chez la poule.

Chez cette dernière, une salmonellose particulière, la pullorose, a une localisation spéciale sur l'ovaire et cela provoque la présence du microbe dans l'oeuf, dès avant la ponte. On a d'abord étendu cette notion à toutes les salmonelles (autres que la pullorose) ren­contrées chez les dindes, les canes, les pigeons, pour se rendre compte, après un certain nombre d'années, que chez ces espèces la contamination de l'oeuf se faisait à partir de l'intestin et à travers la coquille.

La salmonellose, si souvent suspectée dans les mortalités embryonnaires chez le canari, n'intervient pratiquement jamais et la contamination de l’oeuf à travers la coquille est tout aussi rare si nous en jugeons par les examens bactériologiques qui sont négatifs dans 95 pour cent des cas. Il semble d'ailleurs que ce passage de certains microbes à travers la coquille se fasse plus rapidement dans un incubateur qu'en incubation naturelle.

LES CARENCES

Les carences dont peut pâtir l'embryon sont multiples et relèvent des vitamines, des minéraux, des acides aminés.

Les vitamines :

Les besoins des oiseaux sont faibles et tout le monde sait bien qu'avec des graines, un peu de fruits et de verdure (l’ancien «mourron pour les oiseaux») des oiseaux adultes peuvent vivre dans un état de santé qui reste bon, même si ce n'est pas le meilleur. De plus, qui, à l'heure actuelle, ne donne pas de «vitamines» à ses oiseaux ? Ces vitamines, on les trouve partout. Certaines, spéciales pour les oiseaux, sont trompeuses car elles ne contiennent que quelques vitamines B qui ne manquent jamais et la vitamine B12 qui les accompagne leur sert de carte de visite alors qu'elle n'a rien de miraculeux pour les oiseaux !   La vitamine A leur est autrement plus utile car elle n'est pas présente dans beaucoup de leurs aliments. Cependant, même pour celle‑ci, il ne suffit pas de la voir sur la formule ! Bien des produits en contiennent moins de 5000 unités au millilitre (500 000 aux 100 ml) et en dessous de 25000 à 30000 unités/ml, il est bien difficile d'assurer sa conservation dans une préparation liquide. Il existe aussi des préparations polyvitaminés sous forme de poudre miscibles à l’eau de boisson, qui bénéficie d’une plus grande stabilité.

Au moment de la reproduction, le complément vitaminé est vraiment nécessaire. Une carence en une seule des 10 ou 12 vitamines nécessaires aux oiseaux suffit à empêcher l'éclosion et, à ce titre, toute vitamine pourrait être dite «d'éclosion» comme on la dit «de croissance». Certaines, cependant, sont plus importantes (ne serait‑ce que du fait qu'elles risquent plus de manquer) ou plus spécifiques.

-  La Vitamine A est nécessaire à tous les stades du développement de l'embryon, mais des doses un peu limites peuvent l'assurer tout en empêchant la sortie de l'oeuf. La coquille est « béchée » mais le jeune ne sort pas.

-  La Vitamine E est indispensable à la fécondité, sans laquelle l'oeuf est clair, mais aussi au développement de l'embryon dont la mort survient après 3 à 4 jours d'incubation.

-  Le manque de Vitamine D provoquerait la mort de l'embryon en fin d'incubation.

-  La Vitamine B12 est indispensable comme les autres mais elle peut manquer si les oiseaux ne reçoivent pas de nourriture animale (insectes, jaune d'oeuf, etc) dont il suffit de peu pour assurer les besoins. Elle est d'ailleurs présente dans toutes les bonnes for­mules de vitamines pour oiseaux.

Les diverses Vitamines B ont des actions propres mais, dans la pratique, s'il y a caren­ce, elle est toujours complexe. Cependant, une telle carence est très peu probable car, avec une alimentation courante, les besoins de l'oiseau sont assurés.

En pratique : la saison de reproduction se prépare efficacement en utilisant un produit polyvitaminé de formule correcte et de préférence en poudre, sinon après un stockage plus ou moins long le risque existe de n'avoir les vitamines que sur l'étiquette et plus guère dans le produit. A ces « polyvitamines », on ajoutera de la vitamine E dont les quantités contenues dans une préparation normale peuvent être insuffisantes en période de repro-­ duction. La vitamine E utilisée est très stable et les formules liquides ne posent pas de problème.

LES MINIÉRAUX

Le calcium manque rarement car, quand on pense au minéraux, c'est toujours lui que l'on donne (os de seiche, coquilles d'huîtres, etc). Par contre, on pense peu au phosphore. La carence de ces deux éléments ou de l'un seulement (ce qui cause un déséquilibre) a des répercussions sur la formation du squelette et peut conduire à des mortalités embryon­naires en fin d'incubation.

Les oligo‑éléments ont aussi une grande importance, en particulier le manganèse, dont la carence peut causer des malformations de l'embryon avec des réductions de 50 % du taux d'éclosion. Les autres oligo‑éléments sont en théorie aussi importants mais ils riquent

moins de faire défaut, et leur importance en pratique est plus réduite.

La supplémentation des reproducteurs passe donc par l'apport d'un complément minéral apportant le phosphore, accessoirement le calcium et des oligo‑éléments. Cet apport peut être fait dans l'eau ou dans les aliments ou par emploi régulier de « biscuits phosphatés » dont il existe de nombreuses marques.

LES ACIDES AMINÉS

Nécessaires à la formation de protéines qui constituent les tissus de l'organisme animal, on comprend aisément leur importance dans la croissance de l'embryon. Ils sont normalement fournis par les protéines de la ration alimentaire dont il faut une quantité suffisante, mais aussi une qualité correcte car certains acides aminés doivent être fournis, l'oiseau ne pouvant en assurer la synthèse. Comme pour les vitamines et les minéraux, ces acides aminés indispensables sont plusieurs, mais les plus importants en pratique sont ceux qui risquent le plus de manquer avec une alimentation courante, même variée, et cela se résume surtout à la méthionine. Cet acide aminé soufré est présent dans la kératine des plumes, ce qui est important pour un oiseau, mais aussi dans de nombreuses autres protéines de son organisme. Les quantités de méthionine présentes dans la ration conditionnent la croissance du jeune animal et la «limitent» tant que la quantité optimale de méthionine n'est pas atteinte. C'est pourquoi de tels acides aminés sont parfois dits « limitants».

La quantité optimale doit être présente dans l'oeuf et la femelle qui pond l'assure en prélevant sur ses réserves, si son alimentation ne lui en fournît pas assez. Il est évident que ces prélèvements ne sont pas favorables à la santé de la pondeuse qui peut, à force, finir par épuiser ses réserves. Dès lors, l'oeuf est carencé et n'éclot plus ! Il faut un apport d'acides aminés pour rétablir la situation ; le résultat est rapide mais il vaut évidemment mieux éviter d'en arriver à cette extrémité en assurant aux pondeuses des suppléments réguliers d'acides aminés essentiels ; une supplémentation 8 à 10 jours par mois pendant la ponte, suffit à éviter ces éclosions déficientes.

Dans un- prochain article, nous traiterons de la mortalité au nid dans le cadre de l’incubation et de ses problèmes.

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