illustration de l’étoile de type naine brune la plus froide connue
Distante de seulement 7,2 années-lumière de notre système solaire, la plus froide naine brune jamais découverte a été identifiée dans l’infrarouge par le satellite WISE.
Minuscules et rayonnant faiblement, les naines brunes sont des astres aux propriétés physiques qui les apparentent malgré tout aux étoiles. Très nombreuses dans la galaxie, elles se cachent dans les fourrés du milieu interstellaire et échappent au recensement de la population locale, dans le périmètre de notre Soleil. Pour les astronomes, les meilleures chances de les débusquer restent donc les sondages du ciel dans le rayonnement infrarouge. De cette façon, l’astrophysicien Kevin Luhman (Université de Pennsylvanie) à qui l’on doit la découverte, en mars 2013, des naines brunes les plus proches de nous (un couple distant de quelque 6,5 années-lumière de la Terre !), a confirmé avoir attrapé dans ses filets la plus froide de ses représentantes…
Les étoiles les plus proches du Soleil
Un nouveau voisin
Trahi par son déplacement relativement rapide par rapport aux étoiles à l’arrière-plan, l’astre fut remarqué dans un premier temps en 2010 sur les sondages de WISE (Wide-field Infrared Survey Explorer), satellite opérant dans l’infrarouge. Répondant au doux nom de WISE J085510.83-071442.5, sa position actuelle déterminée par parallaxe, place le corps gazeux à seulement 7,2 années-lumière du système solaire. Autrement dit, il s’agit de la quatrième étoile la plus proche de nous et du Soleil après le trio Alpha Centauri (dont Proxima du Centaure), l’étoile de Barnard et donc le couple WISE 1049-5319 (Luhman 16AB), découvert en 2013. « Il est remarquable que, même après plusieurs décennies d’études du ciel, nous n’ayons toujours pas d’inventaires complets des plus proches voisins du soleil » déclarait Michael Werner, scientifique chargé du télescope spatial Spitzer. Une fois encore « ce nouveau résultat passionnant démontre la puissance de l’exploration de l’univers à l’aide de nouveaux outils comme les yeux infrarouges de Spitzer et WISE ».
Une véritable étoile polaire !
Soucieux de caractériser l’objet, le professeur spécialisé dans l’étude des exoplanètes et de leur habitabilité a fait appel à la sensibilité de Spitzer et du télescope terrestre Gemini South. Estimée entre trois et dix fois la masse de la planète géante Jupiter, la naine brune bat à tous égards les records de température dans sa catégorie des « poids plumes ». Oscillant entre – 48° C et – 13° C en surface, elle est en effet aussi basse que celle qui règne dans les régions polaires du globe terrestre (selon les saisons) ! À ce jour, il s’agit de la naine brune la plus froide connue de même que l’une des moins massives. Par ailleurs, le chercheur y voit une opportunité car sa « température extrême devrait nous en apprendre beaucoup sur les atmosphères des planètes, qui ont souvent des températures froides similaires » a t’il déclaré.
Malgré ces attributs qui sèment le trouble dans la distinction entre étoile et planète et bien que l’hypothèse fut évoquée, WISE J085510.83-071442.5 n’est pas reconnue comme un corps géant et gazeux éjecté d’un système planétaire. Kevin Luhman et ses paires sont effectivement d’accord pour la classer dans la lignée stellaire. Traquant patiemment les objets faibles aux mouvements rapides, celui-ci a récemment démontré l’absence d’une possible planète X aux confins du système solaire. Du moins, les sondages effectués avec Wise ne font-ils apparaître aucun objet au minimum « de la taille de Saturne jusqu’à 10.000 unités astronomiques (ou UA) ni de la taille de Jupiter jusqu’à 26.000 UA ». Mais depuis la détection de 2012 VP113 — et de son orbite elliptique, à l’instar de Sedna — la discussion reste ouverte sur la possible existence d’un astre lointain de taille et masse conséquente venant perturber régulièrement les orbites des planètes naines. Il apparait, cependant, certain qu’il ne s’agisse pas d’une naine brune.