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Gérard Koch : du mental au monumental

Publié le 29 avril 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir
Journal a claire voie Koch

Journal à claire-voie 1974 Gérard Koch

Le sculpteur  Gérard Koch (1926-2014) qui vient de disparaître tout récemment s'est singularisé par une œuvre très majoritairement dédiée au noir et blanc à l'image des  partitions musicales. Ce rapport à la musique n'est pas anodin  et il traduit un choix délibéré de l'artiste confronté à ses propres difficultés :
" Quand soudainement, après une longue crise de respect face à la sculpture avec un grand S. me suis-je libéré et me suis-je mis à chanter « ma petite musique » en noir et blanc ? Me suis-je trouvé en perdant la matière noble du bronze ou de la pierre ? Me suis-je trouvé ou perdu, ne souffrant plus du passé et des références aux grands aînés ? Me suis-je perdu ou trouvé en ayant un plaisir ludique à être dans mon atelier en « écrivant mon journal à claire-voie » ? "
Cet ancien élève de Zadkine et Auricoste dans les années cinquante n'abandonne pas l'univers du volume et de l'espace. Il fait son apprentissage à La Grande Chaumière à Paris puis entre à l’ Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris. En 1956 a lieu sa première exposition personnelle à la galerie La Spirale à Paris. Lauréat en 1965 de la Ford Foundation à Berlin, il séjourne ensuite aux États-Unis où il enseigne à Interlochen (Michigan). En 1968, il réalise la statue de Pierre de Coubertin pour les Jeux Olympiques de Grenoble.

"Journal à claire-voie"

Mais sa voie personnelle est encore à venir. Il se tourne vers la non figuration, dont témoignent en 1976 ses «Boîtes» exposées au Musée d’art moderne de la Ville de Paris et ses sculptures en verre. Son rapport à la musique se révèle comme un fil rouge. Ce grand amateur de musique classique s"attache au rythme, à la partition. Cette approche mentale de la sculpture n'a pas pour préoccupation majeure le traitement d'un matériau ou d'une forme. Dans l'ensemble de son œuvre, j'ai personnellement un faible pour son "Journal à claire-voie" des années soixante dix qui, me semble-t-il,  n'at pas vieilli et conserve une fraicheur très actuelle. Je trouve, pour tout dire , dans ce Journal à claire-voie les prémisses de la recherche développée par Peter Drownsbrough  dont on peut découvrir actuellement la remarquable exposition au Musée d'art contemporain de Sérignan. Déjà chez Gérard Koch, les mots matérialisent les articulations de la pensée comme autant d'équerres assurant  la solidité de ces charpentes à la fois physiques et conceptuelles.
Avec beaucoup de constance, Gérard Koch poursuit alors une œuvre autour de l'ordonnancement de l'espace à travers des pièces où jeu et rigueur se tiennent dans une même construction,.
"L'œuvre, écrit Nathalie Marquet,  s'accorde aux rythmes spasmodiques d'une partition dont le caractère organique en simule les effets : tel un épiderme, le papier moucheté de noir, de bleu et de blanc recouvre les fragments de bois, empilés en alternance avec les lamelles de verre."

Structures sous-jacentes

Gérard Koch : du mental au monumental

"Fugue de Bugey " Gérard Koch

La construction mentale qui traduit la permanence de la structure dans ses pièces conduit très naturellement le sculpteur vers le monumental. Les pièces de taille modeste portaient
déjà en elles cette monumentalité qui s'exprime alors dans un espace public.Ce fil conducteur que représente la notion de structure relève donc à la fois du mental et du monumental.
Plus tard, Gérard Koh développera avec d'autre séries (Séquences blanches, Fluidité) des œuvres qui s'éloignent de la rigidité mais conservent cet aspect achrome déjà présent dès les années soixante dix.
Le terme  de sculpture n'est plus essentiel dans cette démarche, liée à une réflexion plus générale. Il y a une vingtaine d'années, Gérard Koch m'exprimait sa préoccupation majeure : la cohérence dans son œuvre. Du mental au monumental l'artiste a  voulu préserver sa liberté d'action sans le souci d'une étiquette mais avec la nécessité d'une exigence de vie.

Photos: Encyclopédie audiovisuelle de l'art contemporain


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