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Mon top 10 Oslo : N°9 la galerie nationale

Publié le 30 avril 2014 par Romain Delannoy

On connaît trop peu voire, pour mon cas, on méconnaît la peinture norvégienne. Pourtant, dans le guide vert, la galerie nationale d'Oslo possède autant d'étoiles, c'est-à-dire 3, que le Louvre ou encore le British Museum. Ce musée n'est pas énorme, les oeuvres comme leurs auteurs ne sont pas spécialement connus mais ici presque aucune importation étrangère, la préférence nationale prenant tout son sens. C'est donc le travail de Norvégiens qui parlent de la Norvège et de quelques autres parfois.

Mon top 10 Oslo: N°9: la galerie nationale

A l'intérieur: des trèsors de paysages sur toile

Parmi les salles les plus intéressantes, il y a la première consacrée aux paysages norvégiens, tellement naturels aux couleurs et aux lumières exceptionnelles, notamment les oeuvres du peintre romantique Johan Christian Dahl. C'est ici une nature norvégienne souvent sous le soleil, nature à la fois douce et capricieuse, un peu beaucoup sauvage découlant du mouvement romantique qui rompait manifestement avec un académisme trop opressant. La nature avait la clé pour exprimer des sentiments enfouis chez les peintres, tantôt paisible, tantôt révoltée. C'était d'ailleurs un risque osé car les peintures de paysages étaient considérées comme minables par les académistes rigides ou alors seuls les paysages autorisés étaient des paysages idéaux, artificiels loin de la réalité. Mais à trop cotoyer Caspar David Friedrich à Dresde et la gangraine romantique avait pris et il était trop tard pour faire quoique ce soit. 

File:Frogner Manor by I. C. Dahl for Benjamin Wegner.jpg

Du romantisme chez Johan Christian Dahl

D'autres tableaux valent leur pesant d'or dans cette galerie qui procurent une sensation de voyage dans le voyage. C'est ainsi que voguant toujours sur le courant du romantisme, le superbe tableau d'Adolph Tidemand et Hans Gude ne tarde pas à capter l'oeil. Il se nomme Voyage de noces sur le Hardangerfjord et crée une harmonie entre les hommes et la nature. C'est une nature bien norvégienne, le fjord, qui nous est décrite ici avec des jeux de lumière et des couleurs somptueux. Ces dernières deviennent plus pâles au fur et à mesure que la perspective s'eloigne comme un ciel éclairci. En se rapprochant, les couleurs sont nettes où les peintres ont joué sur les verts qui se reflètent formidablement dans l'eau, se confondant avec la végétation alentour. S'il n'était pas au premier plan, le bateau paraîtrait tout petit dans ce décor et la scène de noce se veut presque intime même si des bateaux suivent derrière, dans le silence de la nature. C'est ici une scène sentimentale dans une nature protectrice mais aussi dominante chère au romantisme. L'homme ne serait qu'un petit caillou au flan des montagnes. Car même si le tableau se nomme Voyage de noces, c'est bien la deuxième partie du titre "sur le Hardangerfjord" qui capte notre attention.

File:Brudeferden.jpg

Voyage de noces sur le Hardangerfjord

Enfin, il y a Munch de son prénom Edvard, le plus célèbre des peintres norvégiens avec l'un des tableaux les plus connus de sa génération: "Le cri". On a même dit que ce tableau aurait inspiré Wes Craven pour la conception du masque de son film Scream. Même si on sait que cette thèse est fausse car Craven était juste retombé sur ce masque au hasard dans une boutique, on ne peut que s'empêcher d'être ébahi par cette oeuvre. La galerie nationale contient une des cinq versions du tableau, une peinture à l'huile. En arrière plan, le fjord d'Oslo, un homme crie comme un appel au secours, se sentant certainement enfermé dans ce monde mais si seul car le couple du fond trace sa route sans y prêter attention. Les lignes distordues s'enroulent autour de lui et le contraignent un peu plus à la solitude. Je ne sais pas si c'est ce qu'a voulu dire l'auteur ou si c'est ce qu'il a voulu faire passer en poussant un cri à travers son tableau mais c'est ma propre analyse et elle me convient assez. Le tableau fut même volé en février 1994, retrouvé quelques mois plus tard. C'est un des artistes les plus impressionnants de son temps et les deux salles qui lui sont consacrées valent le détour. Imprégné à la fois des impressionnistes mais aussi des fauvistes pour ses couleurs parfois criardes, la peinture de Munch semble enragée mais aussi sombre dans la dépression dont il est impossible de sortir. De même, La Danse de la vie est un tableau tellement ironique où des couleurs éclatantes à l'instar des fauvistes peuvent trancher avec un noir bien noir. Ironique car les personnes autour semblent mortes avec deux femmes, l'une en blanc, l'autre en noir sans se cacher d'être les incarnations du paradis et de l'enfer. Ce moment joyeux s'avère être un supplice, ils ne s'amusent même pas, leur regard à peine esquissé traduisant un vide alors que les couples autour bouillonnent de vie appuyant un peu plus le malheur et la solitude du couple central. On pourrait aussi le lire dans le sens des aiguilles d'une montre où l'on voit un couple heureux de danser puis seul l'homme semble s'amuser pour enfin terminer par deux gueules d'enterrement comme une attente de la mort à cause de l'ennui. Là aussi, interprétation personnelle et je serais curieux d'être aiguillé sur ce tableau. Ces oeuvres impressionnistes sont en tout cas bien mises en parallèle avec celles de ses contemporains Gauguin, Cézanne, Van Gogh ... Que l'on danse, que l'on crie ou que l'on s'émerveille de paysages, la galerie nationale sera un fort beau moment pour tout amoureux de la peinture.

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Mortelle Danse de la vie

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Le Cri de désespoir


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