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Alstom, égérie de l'industrie française

Publié le 30 avril 2014 par Letombe
Alstom, égérie de l'industrie française

Jean-François Copé a déclaré que l’Etat se comporte comme un pompier pyromane avec Alstom. Encore une fois, il pourrait faire preuve d’un peu de retenue dans ses propos vu que Nicolas Sarkozy présentait Alstom comme un modèle de sauvetage de l’industrie française par l’Etat quand il est était ministre de l’économie.

Sous son impulsion (que certains minimisent, Francis Mer aurait fait tout le boulot avant lui), l’Etat a pris une participation dans Alstom en 2004. Alstom a alors vendu une partie de ses activités (les Chantiers de l’Atlantique, les turbines industrielles – vendues au concurrent Siemens – et la division T&D) et, quelques mois plus tard, l’Etat a pu vendre sa participation (avec une confortable plus-value) à Bouygues, dont le patron est un ami (parrain de Louis Sarkozy, par exemple).

Martin Bouygues espérait pouvoir récupérer des parts dans Areva et créer un géant de l’énergie. Nicolas Sarkozy travaillait dans ce sens mais il a échoué pour ne pas fâcher Mme Merkel vu qu’Areva travaillait avec Siemens et d’autres raisons.

Alstom a connu quelques déconvenues depuis…

Depuis quelques temps, constatant son échec (ou celui de Nicolas Sarkozy, il cherche à vendre ses parts dans Alstom, ce qui lui ferait aussi une belle plus-value. D’où une partie du bordel actuel.

Mais Alstom paye aussi la déroute du développement d’un champion d’Europe de l’énergie, voire du TGV et la désindustrialisation de la France (l’industrie est passée de 35% du PIB de la France vers 1975 à environ 18% maintenant), pour partie lié au capitalisme de connivence…

C’est ainsi que Nicolas Sarkozy avec ses amis Martin Bouygues et Arnaud Lagardère aurait voulu faire quelques échanges avec l’Allemagne et proposé à Mme Merkel : EADS, toi, le nucléaire, à moi.

François Hollande devait recevoir le PDG de General Electric mais Nicolas Sarkozy l’avait reçu avant lui : pour tenter de lui faire acheter une partie de Areva…

C’est Anne Lauvergeon, ancienne patronne d’Areva débarquée par Nicolas Sarkozy, dénonçait le manque de stratégie industrielle de ce dernier et sa vision « clanique ». Elle déclarait, en 2012 : « Nous avions en 2000 un avantage de 16 % par rapport à l'Allemagne sur le coût du travail. Il a disparu. Si l'on veut redresser la barre, il va falloir maîtriser l'évolution des dépenses sociales, alléger les charges des entreprises et trouver un autre équilibre fiscal. Il n'est jamais trop tard pour faire, il suffit de s'y atteler. » C’est maintenant la gauche qui s’y colle…

Alors quand Jean-François Copé parle de pompier pyromane, il devrait regarder dans le rétroviseur. L’Etat français est arrivé comme pompier en 2004 et, 10 ans, l’incendie n’est visiblement pas éteint. Il dit : « cela fait des mois que ce dossier est connu. » Seulement des mois ? Ou depuis que Nicolas Sarkozy a échoué et que le sujet n’intéresse plus son copain Bouygues ? Il dit que General Electric « est aujourd'hui la seule offre concrète » et qu’elle « pose le problème qu'Alstom ne serait plus une entreprise française, là où j'aurais préféré évidemment qu'Alstom, qui a besoin d'élargir son capital, trouve une solution européenne. » N’est-ce pas un peu facile ?

Je lui rappelle en outre qu’il est censé être dans un parti politique pour lequel votent les libéraux et ce n’est pas à l’Etat français d’intervenir d’autant qu’une telle industrie se fait nécessairement à l’échelle Européenne.

Bientôt, on vote, tiens ! J’imagine l’UMP travailler dans le même groupe que celui de Mme Merkel au Parlement

M. Copé devrait avoir un peu de retenue.

33% des tramways et 25% des métros au monde sont faits par Alstom, 70% des TGV, 25% des ampoules, rien qu’en dehors des centrales.

Créée à la fin des années 90, quatre ou cinq ans plus tard, il fallait que l’Etat la sauve et dix ans plus tard, c’est à nouveau le bordel.

Jean-François Copé et l’UMP défendaient le nucléaire au nom de l’indépendance énergétique de la France… Si Alstom est racheté par GE, « la seule offre concrète », c’est la fin de l’indépendance énergétique.

Il faut évidemment un rapprochement avec Siemens.

L’Etat a parfaitement raison d’intervenir dans l’urgence, comme pompier, parce qu’Alstom a annoncé son intention de vendre il n’y a que quelques jours…

La droite travaillait sur le long terme pour filer les fleurons de l’industrie française, éventuellement nationalisée, à ses copains.

On a vu ce que ça donnait d’un point de vue industriel. Il n'y a pas le feu au lac pour Alstom, Siemens, General Electric, il faut simplement cesser un processus qui serait probablement catastrophique pour la France. Les partis politiques n'ont pas à intervenir à ce stade... Si l'Etat n'était pas intervenu dans l'urgence, on n'aurait pas eu le loisir de s'inquiéter des détails.

Comme l'emploi, l'avenir des salariés, l'avenir du secteur de l'énergie en France, l'avenir de l'industrie nucléaire et ferroviaire,...

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