Magazine Info Locale

La logique du bassin versant Stop à la polémique terre-mer à Charron

Publié le 30 avril 2014 par Blanchemanche

La logique du bassin versant Stop à la polémique terre-mer à Charron

Les eaux de la Sèvre niortaise et du Lay sont-elles de bonne qualité ? Elles se déversent dans le pertuis Breton où meurent les moules.MARANS Cela n’a peut-être rien à voir avec les problèmes de la baie. Mais les effluents de Simafex inquiètent

La logique du bas sin versantStop à la polémique terre-mer à CharronCette carte réalisée après Xynthia en 2010 montre, en bleu fluo, les zones inondables bordées par la baie de l’Aiguillon.© PHOTO REPRO SERTITPHILIPPE BAROUXL'un prend sa source près de Sepvret, en pays Mellois. Il s'apaise dans le Marais poitevin qu'il traverse, puis en baigne les prairies sèches, avant de mêler ses eaux au milieu marin, par une généreuse embouchure qui s'élargit jusqu'à un kilomètre devant le port du Pavé, à Charron. Le second naît dans le bocage de Vendée, et se perd en tortueux détours jusqu'à l'anse de l'Aiguillon-sur-Mer où il embrasse la mer. La Sèvre niortaise et Le Lay sont les deux fleuves côtiers qui alimentent le Pertuis breton en eau douce et en agents minéraux, lesquels composent le parfait accord de salinité et d'apports nutritifs pour la croissance des coquillages.Que l'ensoleillement frappe la surface de l'eau, et la belle mécanique s'emballe : le phytoplancton se développe ; le garde-manger des moules se garnit de « fourrage ».La cause environnementaleAinsi donc, que les moules filtrent ces microalgues dans les conditions idéales que caractérise le bon équilibre du milieu, et l'on accorde volontiers à ces cours d'eau le qualificatif de nourriciers. Mais à l'inverse, si la production s'effondre, concentrant toutes l'inquiétude des 120 producteurs maritimes et vendéens suspendus à leurs filières d'élevage ou accrochés à leurs bouchots, la question de l'origine du mal est reposé avec acuité. Une interrogation qui pointe la mauvaise qualité des apports en eau douce.Avec ce printemps de misère que traversent les producteurs depuis la révélation des premières mortalités de moules du Pertuis breton (80 à 100 % de pertes sur les élevages, une soixantaine d'entreprises frappées rien qu'en Charente- Maritime, et une perte qui, pour 10 000 tonnes devrait friser les 15 millions d'euros), la profession soupçonne la dégradation soudaine du milieu. Égarée dans la recherche de la cause, la profession espère de l'État le déclenchement des calamités agricoles, pour lesquelles le comité d'expertise départementale devrait se réunir aujourd'hui. La cause environnementale paraît d'autant plus plausible que les investigations de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) ont déjà commencé à refermer les autres portes. Les hypothèses d'une infection virale ou bactériologique du coquillage sont certes toujours travaillées, mais elles s'éloignent. De même que tout autre type de lésion subie par les moules, où l'éventuelle présence d'une algue toxique.« La qualité des rejets »Aussi, lorsque l'association Nature environnement 17 évoque les « rejets polluants » de l'usine Simafex de Marans, les mytiliculteurs tournent le regard vers le bassin-versant de la Sèvre niortaise. « Nous sommes vigilants, et nous nous associons à la démarche de Nature environnement 17 », souligne leur responsable professionnel en Charente-Maritime, Benoît Durivaud. « Nous avons demandé aux autorités de l'État de vérifier la qualité de ces rejets. »Des mytiliculteurs qui s'interrogent aussi sur l'exutoire du Lay. « Parce que, techniquement, nous avons constaté que la localisation et l'impact des premières mortalités nous font douter de la qualité de ces eaux vendéennes. » L'Ifremer est saisi, « il y a une demande de l'État pour que nous poursuivions les analyses explique le service communication de l'institut. Les axes pathologiques et environnementaux sont donc poursuivis, ainsi qu'un troisième axe sur la détresse physiologique des moules, c'est-à-dire leur état nutritionnel. » Au plan environnemental, les données fournies par une sonde immergée en tête du champ de filières de moules du pertuis vont être recoupées avec des données satellitaires et les éléments d'un autre programme de recherche. Aussi peut-on imaginer que la vérité ne sortira pas du chapeau demain.« Nous voulons juste qu’ils arrêtent de polluer »« Nous ne voulons aucun mal à la Simafex. Nous savons son importance en terme d’emplois pour Marans. Nous voulons juste qu’ils arrêtent de polluer. » Habitant de la rue du Colombier et donc riverain du fossé dont l’eau présente depuis cet hiver une teinte marron avec des reflets irisés, Richard Murray se veut mesuré dans ses propos. Mais il n’entend pas pour autant laisser les choses en l’état. Avec les sept autres foyers qui vivent en bordure du fossé, il a fait signer une pétition qui a déjà recueilli 50 signatures. Cela fait plusieurs mois maintenant que le phénomène dure (notre édition du 29 mars) : odeurs de soufre nauséabondes, eau douteuse. L’entreprise chimique de produits pharmaceutiques a aussitôt été désignée et son directeur Dominique Meyer (absent de l’entreprise cette semaine) s’en est expliqué il y a un mois : « Nos eaux usées sont dépolluées en sortie d’usine. Le débordement ne peut concerner que de l’eau salée avec éventuellement des résidus de carbone organique ; » Ces eaux usées, après passage en zone d’épandage, filent vers la Sèvre niortaise qui se jette dans la Baie de l’Aiguillon. L’hiver particulièrement pluvieux a gonflé les nappes et les cours d’eau provoquant sans doute un refoulement vers le fossé de la rue du Colombier. Pour éviter ce désagrément, la direction de la Simafex a voulu installer un batardeau. Les riverains s’y sont opposés. « Ils voulaient boucher le fossé avec un mur en béton armé pour que ça éviter de refouler chez nous. Mais ça n’empêchera pas l’eau polluée de filer vers la Sèvre », explique Richard Murray.La préfecture saisie« Mon voisin a un puits derrière chez lui. Il a fait réaliser des analyses de l’eau. Les niveaux de polluants comme les nitrates sont 50 à 100 supérieurs à la normale. » Ponctuel ? Les riverains n’en sont pas si sûrs. « Depuis 2000, les légumes crevaient dans le jardin du voisin ». Et on retrouve déjà trace dans les archives d’un débordement de la zone d’épandage en mai 2007 après une longue période de pluies. L’association Nature Environnement 17 a demandé des informations à la préfecture, mais pour l’instant sans succès : « Il faut qu’on sache ce qu’il s’est passé, de quoi sont composés ces rejets et d’où ils viennent. À l’heure où les mytiliculteurs se plaignent d’une mortalité exceptionnelle dans la baie de l’Aiguillon, on ne peut tolérer une telle inertie des services de l’État quand on constate ce genre d’événements », accuse Patrick Picaud, coordinateur de l’association. Même discours de Brigitte Desveaux, adjointe au maire écologiste de La Rochelle qui s’interroge sur la coïncidence entre la mortalité des moules et la pollution de Simafex. Le nouveau maire de Marans Thierry Belhadj a rendez-vous, aujourd’hui, avec les riverains pour constater la réalité de cette pollution.Thomas Brosset

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Blanchemanche 29324 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte