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Henri SAUVAGE

Publié le 03 mai 2014 par Aelezig

SAUVAGE

Henri Sauvage, (né le 10 mai 1873 à Rouen, mort le 21 mars 1932 à Paris), est un architecte et un décorateur français.

Concepteur prolifique, zélateur de la notion d'œuvre d'art totale, Henri Sauvage est considéré comme l’un des principaux architectes français du premier tiers du XXe siècle. De l’Art nouveau à l’Art déco, Sauvage est l’un des rares créateurs de sa génération à avoir constamment et méthodiquement renouvelé ses repères formels et ses références techniques. Les exigences esthétiques, techniques, urbanistiques et sociales d’Henri Sauvage ont préparé les expériences menées par plusieurs générations d'architectes : en premier lieu ceux qui se firent connaître dans les années 1920, comme Le Corbusier ou Robert Mallet-Stevens, qui considérèrent Sauvage comme un précurseur de l'architecture dite moderne, à l'instar d'Auguste Perret ou de Tony Garnier.

Henri Sauvage étudie l'architecture à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de 1892 à 1903, mais quitte l'École sans en être diplômé et se revendique autodidacte. Vers 1895, pour le compte de l'entreprise de tentures décoratives de son père et l'associé de celui-ci, il aménage une boutique de décoration 3, rue de Rohan, à Paris (aujourd'hui détruite). L'entreprise Jolly fils et H. Sauvage reçoit de nombreuses commandes de tentures décoratives, notamment d'Hector Guimard pour son Castel Béranger, ou de Louis Majorelle. C'est avec cette première activité de créateur de pochoirs puis de meubles et d'objets décoratifs que le jeune Henri Sauvage se forme à son métier. En 1897, Sauvage est à Bruxelles où il travaille chez l'architecte Paul Saintenoy. Ce séjour le sensibilise à l'Art nouveau.

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Villa Majorelle, Nancy

En 1898, Sauvage épouse Marie-Louise Charpentier. La même année, il fonde son agence et adhère à la Société Nationale des Beaux-Arts où il expose régulièrement ses créations.

Toujours en 1898, il reçoit de Louis Majorelle la commande d'une villa à Nancy. Parachevée en 1902, la villa vaut une précoce célébrité internationale au jeune architecte parisien. En 1899, Sauvage aménage deux salons au Café de Paris. À l’Exposition universelle de Paris 1900, il réalise le théâtre de la danseuse Loïe Fuller (en collaboration avec Pierre Roche, Francis Jourdain et Alexandre Bigot), le Guignol parisien, le stand de Jolly fils et H. Sauvage, une usine pour la production électrique destinée à l’exposition et quelques édicules dans le cadre de l’exposition de L’Art de la Rue organisée par Frantz Jourdain.

De 1899 à 1908, Sauvage travaille surtout comme décorateur. En 1908, il réalise la villa de la veuve du commandant Albert Marcot, 16, avenue Thiers à Compiègne (Oise).

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7 rue de Trétaigne et avenue Victor Hugo, Paris

De 1902 à 1916, il collabore avec l'architecte Charles Sarazin avec lequel il participe à la fondation en 1903 de la Société des Logements Hygiéniques à Bon Marché (ancêtre des HLM). Il construit pour cette société six immeubles. Il réalise par ailleurs des immeubles moins coûteux car de construction plus conventionnelle en briques porteuses apparentes. Avec ces habitations bon marché, Henri Sauvage intègre avec grande rigueur les principes hygiénistes dans la conception et la construction des logements collectifs, suivant une méthode rationaliste directement nourrie aux écrits de Viollet-le-Duc. Sauvage est aussi l'un des premiers en France avec Auguste Perret à avoir utilisé le béton armé dans le domaine de l'architecture domestique, non pas seulement comme un matériau de construction, mais surtout comme un véritable matériau d'architecture.

L'association avec Charles Sarazin de 1902 à 1916 l'amène à construire à Biarritz deux audacieuses et élégantes villas mêlant Art nouveau et régionalisme : la villa Océana, construite sur l'avenue de l'Impératrice en 1903-1904 (détruite en 1975), et surtout la villa d'Albert-Guillaume Leuba (appelée villa Natacha à partir des années 1920), 110, rue d'Espagne (1905-1907), dont l'esthétique générale néo-basque n'est qu'apparente et qui fut l'une des plus grandes réussites d'Henri Sauvage en matière d'Art Nouveau. Sauvage y conçoit aussi des vitraux, ainsi que le mobilier.

Sauvage et Sarazin réalisent à Paris des immeubles de rapport d'un rationalisme constructif démonstratif. L'agence Henri Sauvage et Charles Sarazin travaille beaucoup avec le frère de celui-ci, l'ingénieur et homme d'affaires Paul Sarazin par qui le tandem reçoit de lucratives commandes d'hôtels balnéaires d'esthétique le plus souvent conventionnelle, mais d'une technique constructive parfois très avancée pour l'époque, qu'Henri Sauvage, très soucieux de sa réputation d'architecte novateur, a toujours cachée à ses contemporains... Ainsi Sauvage et Sarazin réalisent le Princess Hôtel, à Boulogne-sur-Mer (1906), le Trianon Hôtel des Terrasses au Tréport (1908-1911, détruit), le Palace Hôtel de Monterrey (Mexique, 1909-1911, aujourd'hui Gran Hotel Ancira), la reconstruction de l'Hôtel Frascati au Havre (1910, détruit), le Golf Hôtel de Beauvallon aux Issambres (1911, achevé par Julien Fleggenheimer), l'hôtel du Parc à Bourbonne-les-Bains (1913).

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Immeuble à gradins, rue Vavin, Paris

Poursuivant ses réflexions hygiénistes sur l’ensoleillement et l’aération des logements, qu'il avait amorcées avec les immeubles construits pour la Société des Logements Hygiéniques à Bon Marché, Sauvage développe à partir de 1909 un ingénieux système d’immeubles à gradins, dont Charles Sarazin et lui déposent le brevet en 1912. Les seules applications en seront l'immeuble à gradins du 26, rue Vavin, Paris VIe en 1912-1913 et celui du 13, rue des Amiraux (et sa célèbre piscine construite dans le volume central de l'immeuble), en 1913-1930, l'un et l'autre couvert de carrelage « métro », dont l'effet sensationnel ne contribua pas peu à la célébrité.

Dérogeant à la lettre, sinon à l'esprit du règlement de voirie parisien de 1902, le système de construction en gradins imaginé par Sauvage fut, sur le papier, une généreuse réponse à l'insalubrité et à la surdensité des villes, et contribua fortement à la célébrité de son inventeur dans l'historiographie, en lui conférant un statut d'annonciateur du Mouvement moderne. À l'usage, cependant, les deux immeubles à gradins que réalisa Sauvage se sont avérés peu rentables, notamment en raison de l'obscur volume central dont l'affectation est aléatoire et surtout de la perte de surface habitable qu'entraîne le parti en gradins, sans que cette perte puisse être compensée par la plus grande hauteur des immeubles, qu'avait initialement espérée Sauvage, mais que lui interdirent les services préfectoraux de voirie. Malgré leur bilan fonctionnel mitigé, les immeubles à gradins ont eu un impact non négligeable sur les réflexions et réalisations d'importants architectes français des années 1950-1980, concepteurs de mégastructures, comme Georges Candilis, Jean Balladur, Michel Andrault et Pierre Parat, ou Jean Renaudie.

Il l'un des premiers créateurs de sa génération à percevoir la fin de l'Art nouveau, qu'il abandonne en 1909, et la naissance d'une esthétique nouvelle, plus tard appelée Art Déco, qu'il sera l'un des premiers à pratiquer.

Durant les années 1920, désormais séparé de Charles Sarazin, Henri Sauvage confirme son statut de protagoniste de l'architecture Art Déco. Il signe à Paris deux cinémas, de riches immeubles de rapport, le Studio-Building, luxueux immeuble d'appartements en duplex, dans le XVIe arrondissement. De 1927 à 1931, il réalise deux immeubles de bureaux, l’immeuble de rapport du Vert-Galant au 42, quai des Orfèvres qui lui valut les attaques de défenseurs du patrimoine architectural, la villa de Jean Hallade à Combs-la-Ville et, en 1926, deux élégantes demeures, d'esprit très rationaliste : pour lui-même à Saint-Martin-la-Garenne, et l’hôtel particulier de Julien Reinach, à Neuilly-sur-Seine.

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Studio Building, Paris

Par-delà ces réalisations qui lui valent célébrité, et fortune, la grande affaire des années vingt est, pour Sauvage, celle de la préfabrication des éléments constructifs et de la rationalisation de la mise en œuvre, ce que l'architecte, qui admire l'organisation scientifique du travail américaine, appelle construction rapide. De 1924 à 1931, il dépose quatorze brevets de système constructifs novateurs ou de préfabrication d'éléments de second œuvre, notamment de systèmes de construction de cellules en acier préfabriquées. La préfabrication des composants et l'industrialisation de la mise en œuvre n'excluent pas le souffle poétique. Ces expérimentations restent sans lendemain, faute d'une concentration suffisante des entreprises du secteur du bâtiment susceptibles de lancer des filières techniques et constructives nouvelles, faute d'une volonté gouvernementale comparable à celle qui se manifeste à partir de 1940, en raison aussi du trop grand isolement des expériences de ces brillantes individualités que furent Henri Sauvage, Eugène Beaudouin et Marcel Lods, ou Jean Prouvé. Ces expériences annoncent néanmoins les filières d'industrialisation de la construction de logements, mises en place dans la France des années 1940-1970.

Mort précocement, Sauvage n'eut pas l'occasion de pratiquer plus avant cette expression nouvelle qui sans doute, eut fait de lui, non pas seulement l'annonciateur du Mouvement moderne que voit habituellement en lui l'historiographie, mais l'un de ses protagonistes.

D'après Wikipédia


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