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"Les ombres du métis" de Sébastien Meier

Publié le 04 mai 2014 par Francisrichard @francisrichard

Dans un roman policier l'intrigue a certainement plus d'importance que dans d'autres formes de roman. Quel crime a été commis? Qui l'a commis? Quand? Comment? Pourquoi? Quelle est l'identité de la victime?

Le dénouement doit survenir à la fin du livre, afin de soutenir le suspense jusqu'au bout. Si l'auteur du crime est connu avant la fin, il faut que des révélations inattendues soient faites jusqu'à la dernière page ou que l'épilogue contienne des développements imprévus. Ce sont les règles non écrites du genre.

Mais l'atmosphère a également son importance. Celle-ci dépend bien sûr des personnages, mais aussi des milieux et des lieux dans lesquels ils évoluent.

Dans le roman de Sébastien Meier, Les ombres du métis, se retrouvent tous ces ingrédients, indispensables à un bon polar, digne de ce nom.

La nuit du 4 février, un jeune homme, un métis, est découvert nu dans le bois de Sauvabelin, à Lausanne, il vit encore, mais il a été sévèrement tabassé, drogué et violé. Il n'émergera du coma dans lequel ces sévices l'ont plongé qu'au bout de quatre mois, fin mai, dans sa chambre du CHUV, le Centre Hospitalier Universitaire Vaudois.

Après son réveil seulement, son identité sera connue. Il s'appelle Romain Baptiste, "un garçon magnifique", non pas beau, mais "divin", au regard "peut-être trop humain". Il "aurait rendu fou un robot" selon Paul Bréguet ...

Paul Bréguet, la cinquantaine, est l'inspecteur chargé de l'enquête. Il est divorcé et vit avec sa deuxième femme, Elizabeth. Il a un fils qu'il ne voit jamais. Il a tout à fait le profil de l'emploi et le vocabulaire cru qui va de pair.

Dès le début du livre, Paul Bréguet se trouve en prison, un an après le crime de Sauvabelin, et il raconte ce qui l'y a conduit - il est suspecté d'avoir commis un meurtre, qui d'ailleurs en cache un autre - au pasteur Manuel, aumônier de la prison, tenu par le secret de la confession et qui l'écoute d'une oreille attentive.

Le procureur, Emilie Rossetti, est une jeune femme blonde, "une quarantaine d'année, un maintien droit, des yeux bleu glace, une taille fine et un tailleur noir", une bombe. Dès le début de l'enquête elle dresse à Paul la liste des objectifs qu'il doit atteindre avant qu'une éventuelle instruction ne soit ouverte. Comme s'il s'agissait d'un novice. 

Au cours du livre apparaissent les liens qui se nouent entre ces différents protagonistes, tantôt sous la forme de confessions incomplètes au pasteur Manuel, tantôt sous la forme de pensées qui peuplent l'esprit de Paul dans l'aumônerie ou dans la cellule de sa prison.

Est restituée avec beaucoup de réalisme l'atmosphère de la prison de Lausanne et des nuits chaudes de la capitale vaudoise (les connaisseurs de celle-ci reconnaîtront les lieux évoqués pendant le récit), au cours desquelles des membres de la haute société lausannoise se livrent à des ébats que la loi n'interdit certes pas mais que la morale peut réprouver.

Les scènes de sexe homo ou hétéro et les dialogues divers et variés ne sont pas moins réalistes... et violents que l'atmosphère. Ames pudibondes s'abstenir.

Peu à peu, très habilement, avec nombre de retours en arrière dans le temps, les zones d'ombres se dissipent, mais elles n'enveloppaient pas le seul métis de l'histoire...

Francis Richard

Les ombres du métis, Sébastien Meier, 224 pages, Zoé


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