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Les agriculteurs portent-ils atteinte à l'environnement ?

Publié le 06 mai 2014 par Blanchemanche

Les agriculteurs portent-ils atteinte à l'environnement ?

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Le ministère de l'Agriculture a lancé une série de "controverses documentées" destinées à remettre en cause les idées reçues concernant l'agriculture. Son troisième volet s'intéresse cette fois à l'impact des agriculteurs sur l'environnement.Les agriculteurs portent-ils atteinte à l'environnement ?© Tilo GrellmannLe troisième épisode des "controverses documentées à partir de quelques idées reçues sur l'agriculture, l'alimentation et la forêt" a été publié le 17 avril par le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER). Ce volet s'intitule "les agriculteurs portent atteinte à l'environnement".
"Il n'est pas interdit, face à des "idées reçues", de proposer des observations et des points de vue documentés qui confirment, atténuent ou infirment ces idées reçues", se justifie le ministère.
Un impact quantitatif et qualitatif sur les ressources en eau
La consommation d'eau nécessaire aux activités agricoles est considérable et en constante augmentation. Au niveau mondial, le CNRS estime qu'elle "a été multipliée par six entre 1900 et 1975". Avec l'utilisation croissante des techniques d'irrigation et l'augmentation de la population, cette dynamique devrait perdurer.
La France est un pays tempéré abondamment arrosé disposant de grandes réserves en eau. Sur 476 milliards de m3 de précipitations observées en France métropolitaine, seulement 33,4 milliards de m³ sont prélevés pour les activités humaines, et le secteur de l'agriculture n'en consommerait "qu'environ un milliard de m3" pour l'irrigation, indique le CGAAER.
Pourtant, cette situation confortable ne concerne pas toutes les régions. Des conflits d'usage peuvent survenir, durant l'été, dans la partie méridionale du pays. Les prélèvements destinés à l'irrigation sont alors susceptibles de porter atteinte à la "continuité du débit des cours d'eau" et de nuire à leur bon état écologique.
"L'agriculture est une des causes importantes de la dégradation de la qualité des eaux en France", reconnaît le CGAAER. La diffusion de nitrates et de phosphates dans les sols, puis dans les nappes phréatiques et les cours d'eau, créé notamment un phénomène d'eutrophisation. Ce sont toutefois les pesticides dont la toxicité pour l'homme est la plus dangereuse. "Leur toxicité, hormis les cas de toxicité aiguë, est en général mal connue, en particulier les effets découlant d'une exposition longue ou d'un mélange de molécules ("effet cocktail")", indique le CGAAER.
Le Commissariat général au développement durable (CGDD) a ainsi évalué que "les dépenses additionnelles des ménages générées par les pollutions diffuses représentent entre 7 et 12 % de la facture d'eau". Ces efforts d'épuration sont pourtant insuffisants pour traiter la présence de nitrates, phosphates ou de pesticides, de manière à ce que la qualité de l'eau corresponde aux exigences de potabilité sur l'ensemble du territoire et tout au long de l'année.
Selon les rédacteurs du rapport issu de la controverse, "l'excédent azoté baisse régulièrement, et les usages excessifs de phosphates ont fortement diminué". Cependant, ces affirmations paraissent audacieuses au regard du fait que l'eutrophisation ne semble pas reculer. Ainsi, la prolifération des algues vertes est en augmentation.
Des pollutions atmosphériques d'origine agricole ?
Les activités agricoles sont également sources de pollutions atmosphériques, indique le CGAAER. Les émissions d'ammoniac et la pulvérisation de pesticides représenteraient, selon le Centre interprofessionnel d'étude et de pollution atmosphérique (Citepa), 48% des émissions de particules totales. Cependant, "ce phénomène est encore mal documenté et peu réglementé", relève le Conseil.
Les nitrates d'ammonium utilisés dans l'agriculture créent, tout comme les oxydes d'azote émis par les transports et les composés organiques volatils, des polluants secondaires. Ces derniers ne sont pas émis directement mais se forment dans l'atmosphère suivant un processus photochimique. Ces "particules fines dans l'atmosphère sont à l'origine de problèmes de santé majeurs selon l'OMS", indique le CGAAER.
La pollution au méthane constitue un autre type de pollution atmosphérique dont les activités agricoles sont responsables. L'élevage des ruminants est responsable d'une part importante des émissions. D'un potentiel de réchauffement "21 fois plus actif" que le CO2 selon le Conseil, il représenterait de l'ordre de 3% des gaz à effet de serre de source anthropogénique.
La difficile mise en oeuvre de l'agroécologie
Le CGAAER s'est ainsi lancé dans un exercice d'équilibriste. Alors que les impacts néfastes pour l'environnement de l'agriculture intensive sont connus, le Conseil a du défendre les agriculteurs sans pointer du doigt une Politique agricole commune (PAC) qui bénéficie à énormément d'exploitations et que le ministère a négociées.
La mise en œuvre de l'agroécologie que Stéphane Le Foll appelle de ses vœux risque ainsi de se heurter à la contradiction existant entre les incitations économiques de la PAC qui demeurent productivistes en France et le droit de l'environnement.
Pierre Emmanuel Bouchez
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