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Réforme territoriale : la droite a perdu une occasion de se taire

Publié le 08 mai 2014 par Juan

Ils sont impayables.

François Hollande précise et accélère une réforme territoriale que leur ancien monarque n'a pas osé mettre en place. Le petit jeu de la mauvaise foi politique et de l'outrance à bon compte a eu le dessus. A peine le président avait-il lâché qu'il souhaitait que cette réforme soit en place avant les prochaines élections locales, quitte à décaler ces dernières de quelques mois, que la droite toute entière a couiné, crié, protesté.


"Il n'y a que dans des pays totalitaires qu'on voit des choses comme ça." a déclaré François Fillon mercredi. La France, pays totalitaire ?  Valérie Pécresse a ajouté : "Aucune démocratie ne tolérerait de tels tripatouillages". Les éléments de langages ont été rodés à l'UMP. Jean-François Copé veut un référendum: "Je suis abasourdi de voir que le président de la République ait pu consacrer une interview sur les deux premières années de son quinquennat à parler de tripatouillage électoral et de report d'élections cantonales et régionales à 2016."
1. Hollande a-t-il déjà changé la date des prochaines élections régionales ? Non. il a simplement dit ceci: "Je pense que ça serait intelligent de faire des élections régionales et départementales avec le nouveau découpage."
2. Quand Manuel Valls, dans son discours de politique générale le 8 avril dernier, a balancé cette bombinette - suppression des départements, réduction par deux du nombre de régions -, la plupart des ténors de la droite ont raillé l'horizon lointain que se fixait le gouvernement - 2021.
Aujourd'hui, les voici qui fustigent l'accélération du calendrier...
3. L'ancien Monarque avait fait de la réforme territoriale l'une de ses priorités... de discours. Surtout après les déroutes de 2004 et 2010, où la majorité des conseils régionaux et généraux sont passés à gauche. Nicolas Sarkozy adorait fustiger la dépense locale ("Les collectivités territoriales ne peuvent plus continuer à créer plus d'emplois que l'Etat n'en réduit", 2009), et notamment le "mille-feuille territorial". En 2008, il avait "installé" la  commission Balladur qui devait réfléchir à la fusion des régions avec les départements.
L'excellent blog des Décodeurs du Monde rappelle ainsi quelques anciennes promesses sarkozystes.

4. François Hollande a bien plus à perdre dans cette simplification territoriale que la droite: toutes les régions, sauf une, sont dirigées par la gauche. On peut penser que le prochain scrutin, qu'il ait lieu en 2015 ou, pire, en 2016, soit détestable pour le pouvoir en place. Même si le chômage se réduit, le télescopage d'un calendrier local avec les celui des échéances présidentielles est risqué.  Pire, l'opposition à gauche contre cette réforme est très forte. Notez cette confidence sur Hollande de l'un des premiers critiques, Claudy Lebreton, président PS de l'Assemblée des départements qu'Hollande envisage de supprimer: "Il dit qu'il n'a rien à perdre. Y compris ses propres amis."
5. Enfin, rappelons que la simplification des strates administratives locales aura peu d'impact sur la dépense locale: en 2009, la Fondation Terra Nova avait évalué à "28 millions d’euros pour une dépense publique locale de 220 milliards",  le coût global de la fonction politique des pouvoirs locaux, soit à peine 1,2% de leurs charges de fonctionnement.
A bon entendeur...

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