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Voter FN ce n'est pas un vote de contestation, c'est un vote de destruction !

Publié le 09 mai 2014 par Nicolas007bis

AdamoLes prochaines élections européennes s’annoncent catastrophiques. Catastrophiques pour la France et par ricochet pour l’Europe.

C’est bien simple, parmi les trois premiers partis donnés en tête et qui vont donc fournir l’essentiel des futurs députés européens, le seul qui a une idée claire, nette et précise de ce qu’il veut pour l’Europe c’est le FN. Et ce qu’il veut, c’est justement le moins possible d’Europe sinon pas du tout. Et ceux qui pensent que le propos est exagéré n’ont qu’à réécouter les propos de Le Pen père sur Europe 1
Il y dit clairement qu’une fois élu au parlement européen (il est tête de liste, il le sera) il n’y mettra pas les pieds. Ou du moins qu’il y assurera une présence minimum histoire de toucher son indemnité à plein (ça c’est moi qui le rajoute).

Les même qui pensent que j’exagère pourront également utilement se référer au discours du 1er mai de Marine Le Pen.

Les seuls partis à avoir un discours sans ambigüité pour soutenir ouvertement l’Europe, sont l’Alternative et (pour une fois) les Verts.

Du coté de l’UMP comme de celui du PS, les voix les plus médiatisées sont celles qui critiquent le plus ouvertement l’Europe. Quand aux autres, non seulement ils n’osent pas exprimer ouvertement leur attachement à l’Europe mais ils ne semblent pas avoir une vision claire sur la manière dont ils veulent la faire évoluer. Il faut dire que les Alain Lamassoure (UMP) ou autres Pervenche Berès (PS), en tête de leur liste respective qui ont une réelle influence au Parlement européen et y représentent dignement la France sont de parfaits inconnus pour l’essentiel des Français. Ils n’ont hélas, ni le poids médiatique, ni la verve pour contrecarrer les discours grandiloquents, faciles et souvent mensongers des nationalistes de tous poils qui prospèrent sur le contexte difficile que connait la France.

Et ces discours on commence à les connaitre.

  • L’Europe qui nous impose une insupportables rigueur, que dis-je, une insupportable austérité !
  • L’Europe qui nous impose de jouer le jeu de la concurrence, concept libéral s’il en est.
  • L’Europe qui nous impose ses normes ineptes et castratrices.
  • L’Europe qui nous impose sa monnaie trop forte, responsable de la hausse des prix au détriment des pauvres ménages français.
  • L’Europe non démocratique, gouvernée par des technocrates libéraux et j’en passe et des meilleures.

Voilà ce qu’on entend à longueur d’antennes, clamé haut et fort par beaucoup, éructé par d’autres.

Et pourtant, dire que la Commission nous impose la rigueur n’est que balivernes. La rigueur, elle nous est imposée par notre incapacité depuis 40 ans à voter un budget équilibré. On pouvait quand même bien se douter que ça ne pourrait pas durer, surtout avec un taux d’imposition déjà au taquet. Quand à la règle des 3%, elle n’est pas sortie du chapeau de la Commission Européenne, mais des pays qui ont élaboré et voté le traité de Maastricht. Rappelons quand même que la France en a été un des principaux initiateurs. En demandant à la France de respecter ses engagements, la Commission ne fait que faire ce qu’on lui a demandé de faire !

Mais il est évidemment plus facile de fustiger la Commission que de faire face avec un tant soit peu de lucidité à notre propre incurie.

Le respect des règles de la concurrence est également une base essentielle de l’Union Européenne. Tous les pays européens et notamment la France ont besoin de permettre à leurs entreprises d’évoluer dans un environnement le plus homogène possible, dans le cadre duquel les règles du jeu sont les mêmes pour tous. Les entreprises françaises sont bien contentes de vendre au sein de l’Union Européenne (environ 60% des exportations). Si on laisse chaque Etat protéger ses entreprises d’une manière ou d’une autre, on retomberait lourdement dans un protectionnisme généralisé dont personne ne sortirait gagnant, et surtout pas la France.

En matière de normes, effectivement l’Europe impose ses directives aux Etats. Néanmoins, toutes ces directives et autres règlements sont très largement discutés avant leur validation à la fois par la Commission mais surtout par le Conseil Européen composé de représentants des exécutifs des Etats membre et par le Parlement Européen composé de députés élus. La France, si elle s’en donne les moyens, et notamment si elle n’envoie pas des branquignoles au parlement, a les moyens d’influer sur ces textes.

N’oublions pas non plus que c’est l’Europe qui a obligé les Etats à l’application de lois et de réglementation environnementales et sanitaires importantes : sur le traitement des déchets, sur la sauvegarde des espèces d’animaux sauvages (pêche et chasse), sur l’eau (à propos de laquelle la France s’est fait rappeler à l’ordre), sur les produits chimiques (Règlement REACH), sur la protection du consommateur, sur le réchauffement climatique etc. etc

N’oublions pas également que c’est l’Europe qui a mis en place un cadre réglementaire qui s’impose à tous les pays, pour sécuriser un certain nombre d’activités financières et qui oblige les établissements financiers à respecter des règles en matière de protection et d’information des investisseurs, de transparence des opérations de marché, de ratios prudentiels etc etc

Quand à l’Euro, la question mérite d’être posée mais pas à coup d’affirmations péremptoires comme c’est le cas pour un certain nombre de ses détracteurs.

En tout état de cause, on ne peut pas dire que l’Euro est à la fois trop fort, et qu’il est la cause d’une hypothétique hausse des prix comme le pensent la majorité des français, c'est contradictoire !

Avec un Euro plus faible, tous les produits importés libellés en devises autres que l’Euro seraient mécaniquement renchéris.

Même nos exportations, puisque 40% de leur valeur provient de produits importés ! Quand à notre balance commerciale déjà mal en point, elle serait encore plus lourdement déficitaire.

Enfin deux mots sur l’Europe des technocrates contre les peuples, l’Europe non démocratique, critique répétée à l’envie par toute la classe politique.

Il faut arrêter avec cette vieille lune. Il faut d’autant plus arrêter que tous ceux qui la reprennent avec avidité ne connaissent pas le fonctionnement des institutions européennes.

Il faut d’autant plus arrêter qu’un des objectifs du projet de constitutions que les Français sont tellement fiers d’avoir rejeté était de renforcer le pouvoir du Parlement notamment en lui donnant comme prérogative d’élire le président de la Commission. Mais de toute façon, combien parmi les 55% d’opposants avaient lu ce texte ?

Rappelons que la gouvernance de l’Europe s’articule autour de trois instances :

La Commission, le Conseil (des chefs d’Etat et des ministres) et le Parlement.

La Commission Européenne, puisque c’est principalement d’elle qu’il s’agit lorsqu’on agite ce type d’anathèmes n’est certes pas composée d’élus mais son président est lui-même élu par le Parlement et ses commissaires désignés par les Etats membres avec un droit de véto du Président. Les membres de la Commission sont donc tous nommés par des élus.

Le Conseil est lui-même composé des exécutifs nationaux (chefs d’Etat ou ministres), en contester le caractère démocratique revient à contester la légitimité des exécutifs nationaux.

Quand au Parlement, il est directement élu par les peuples et son pouvoir a été élargi. Ce qui rend d’autant plus important le vote du 25 mai.

Toutes les directives ou réglementations européennes sont nécessairement discutées, négociées, validées par ces trois instances !

Les institutions européennes ont un fonctionnement différent mais tout aussi démocratique que celles de la France. Mais peu importe en fait, cette critique n’est en fait qu’une fausse barbe pour camoufler le véritable motif de la contestation, la perte de souveraineté inacceptable pour les nationalistes.

Le plus grave dans les discours des nationalistes et populistes, c’est que leur critique de l’Europe part systématiquement du présupposé qu’elle est la cause de tous nos malheurs et que la France est plus maligne que les autres. Plutôt que d’avouer que notre déclin nous le devons qu’à nous même, il est plus facile d’utiliser l’Europe comme bouc émissaire et de prétendre qu’il suffit de s’en débarrasser pour régler tous nos problèmes. C’est évidemment une absurdité doublée d’une tromperie.

Les scores du Front National ne refléteront que l’état d’esprit pitoyable dans lequel évolue la France. Celui dans lequel l’UMP et le PS l’ont plongé au fil des années par manque de lucidité et de courage politique. Ce n’est évidemment pas que le FN ait cette lucidité et ce courage, c’est simplement qu’il se présente comme la seule alternative à une classe politique qui aurait faillit.

D’une manière générale, il ne sert, hélas, pas à grand-chose d’argumenter. On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Beaucoup de français ne voient que la réalité qui les touche. Le chômage, les fins de mois difficiles et le sentiment d’être de plus en plus contesté dans ses valeurs et ses traditions.

Cette réalité ils en rendent responsables "l’establishment", ceux qui d’une manière ou d’une autre ont un pouvoir ou une influence dont ils n’auraient pas usé à bon escient. Ce sont, en vrac, les partis de gouvernement, les « experts », les journalistes et bien entendu l’Europe.

Face à ce sentiment, et à l’argument fatal « voyez ou tous ces gens nous ont mené », le combat est inégal.

Mais même si on conteste l’Europe telle qu’elle fonctionne, voter FN est une erreur grossière. Il faut bien savoir qu’envoyer au Parlement européen des gens qui n’ont qu’une obsession, saborder l’Europe, des gens qui sont pour la plupart totalement incompétents en la matière, des gens qui n’y travailleront pas, c’est à la fois diminuer fortement l’influence de la France au sein des instances européennes et c’est, plus grave encore, abandonner l'idée de faire évoluer l’Europe.

Voter FN ce n'est pas un vote de contestation, c'est un vote de destruction. Voter FN c’est voter contre les intérêts de la France. Ne les laissons pas faire, allons voter !


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