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Soliloque autour de l’autoédition

Par Manouane @manouane
Soliloque autour de l’autoédition

Conséquence de la démocratisation des technologies, il est facile désormais de publier un livre à compte d’auteur. Toutefois, une fois le livre imprimé, il ne suffit pas d’attendre les bras croisés que le succès arrive comme par enchantement. Comme dans tout autre cas d’entrepreneuriat – car c’est bien d’entrepreneuriat dont il s’agit avant tout autre chose – , il faut faire la promotion de son produit afin de le faire connaître.

Dans un article paru récemment dans le Huffington Post, Jean-Yves Normant, fondateur de Bookelis, un site web d’autoédition, dresse une liste de conseils pour les auteurs-entrepreneurs qui se lancent dans l’autoédition afin de mieux vendre leur livre papier. Il suggère, entres autres choses, d’offrir des exemplaires gratuits de façon ciblée, d’utiliser les réseaux sociaux pour lancer le bouche à oreille, de participer à des salons du livre et de visiter les librairies – aux dires de Hubert Nyssen, fondateur de Actes Sud, ce fut l’élément central du succès de sa maison d’édition (Profession éditeur; Huit grandes figures de l’édition contemporaine racontent, Instituts Mémoires de l’Édition Contemporaine, p. 76). Mais le premier conseil de Normant est celui-ci : Écrivez un excellent livre.

L’article est très bien senti et les conseils sont fort pertinents. Toutefois, je vais me permettre d’ajouter un élément en amont au premier conseil de Jean-Yves Normant, une suggestion qui devrait guider toute personne qui désire se lancer dans l’aventure de l’écriture : lisez. Lisez beaucoup. Avant d’écrire, il faut lire.

Quoi lire? De tout : des romans, des essais, des bandes dessinées, des beaux-livres, des pamphlets … Lire des classiques et des livres contemporains, qu’ils soient excellents ou médiocres. Il faut connaître ce qui existe, ce qui a été publié, puis lire des analyses des livres publiés – je pense, entre autres choses, aux livres de Thierry Hentsch, Raconter et mourir et Le Temps aboli, où il analyse des textes fondateurs de l’imaginaire occidental. Est-ce qu’il faut nécessairement avoir tout lu? Non, ça serait nuisible. Par exemple, il est inutile de tout lire Marcel Proust pour le connaître – « La lecture d’un ouvrage peut certes être buissonnière – ‘Bonheur de Proust, se réjouit Barthes : d’une lecture à l’autre, on ne saute jamais les mêmes passages’ » écrit Olivier Larizza (La Querelle des livres, 2012, p. 54).

Il m’est arrivé à quelques reprises de croiser des écrivains autoéditeurs. Invariablement, je leur demande toujours quelles sont leurs sources d’inspiration. Trop souvent, leur réponse est vague et laisse présumer bien peu de lectures en amont de la rédaction. Plus souvent qu’autrement, la qualité du livre autopublié dévoile de façon fort humiliante la pauvreté intellectuelle de son auteur.

Avant d’écrire, il faut lire. Il est une phrase de Luc Ferry que j’aime bien et qui reflète l’essence de mon propos. Dans son ouvrage intitulé Apprendre à vivre (2006), où il présente une synthèse des principaux courants de pensée de l’histoire de l’humanité, il souligne « qu’il est indispensable, avant de penser par soi-même, d’avoir l’humilité de penser par les autres, avec eux et grâce à eux » (p. 54).

Avoir l’humilité de penser par les autres, avec eux et grâce à eux. Il faut se tenir debout, mais on a tout à gagner à se tenir debout sur les épaules d’un géant.


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