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De la vraie com' de Hollande au faux couac de Stéphane Le Foll

Publié le 14 mai 2014 par Juan
De la vraie com' de Hollande au faux couac de Stéphane Le Foll

On se perd dans la comm' qui nous embrouille. Qu'est-ce qui est sincère ? Qu'est-ce qui procède de l'opération ? A force de communiquer, nos politiques s'égarent sans convaincre. Parfois pourtant, certains s'exercent à la sincérité, pour leur plus grand danger.


Depuis le 1er jour de sa troisième année à l'Elysée, François Hollande essaye d'être présent, partout, souvent. Occuper le terrain pour éviter qu'il nous occupe, la tactique est connue. Nonobstant quelques sombres manoeuvres lepénistes à fort relents racistes contre Christiane Taubira à l'occasion de l'anniversaire de l'abolition de l'esclavage le weekend dernier, ces jours passés depuis le 6 mai étaient tout entier consacré à la relance du quinquennat depuis l'Elysée, et non plus Matignon.
Finalement, Valls exécute et Hollande dirige. C'est le message qu'il fallait comprendre, à défaut de le croire. Car l'Express rapportait cette curieuse confidence de Hollande à son fidèle Rebsamen:
"Tu crois que je ne suis-je ne suis pas déjà en état de faiblesse vis-à-vis de Manuel?"
Rebsamen tentait de comprendre auprès d'Hollande pourquoi il ne pouvait obtenir le poste de ministre de l'intérieur. Cette réponse présidentielle est éloquente.
Pour défendre, supporter, soutenir les candidats socialistes aux élections européennes, le premier ministre a joué sa partie. Dimanche dernier, il est allé expliquer sur le plateau de TF1 combien "la gauche, c'est la justice sociale". Cherchait-il à convaincre Claire Chazal ? Quel était donc l'énième conseiller es com' à penser que la formule ferait mouche ? Laisser le verbe enfoncer des portes ouvertes n'a jamais remplacer les actes. Manuel Valls réalise peut-être combien il il doit désormais convaincre sur sa gauche, c'est un fait presque nouveau qui devrait fait plaisir, sans illusion.
Valls, sur TF1, annonça que son gouvernement planchait pour "sortir" de l'impôt sur les revenus, ou, a minima, baisser cet impôt pour quelque 650.000 foyers. Le symbole est joli, le pansement trop petit. Une politique sociale mérite mieux et plus grand. Mais Manuel Valls croyait à son hochet, ce dimanche soir sur TF1. L'arnaque est belle: baisser les impôts tout en cherchant 50 milliards d'économies pour financer 30 milliards d'exonérations de charges aux entreprises... Cherchez qui prend quoi où et pour qui...
Mardi, Manuel Valls s'est invité dans une réunion des députés socialistes pour "neutraliser" les frondeurs.  Au PS, le Figaro (bien informé) croyait savoir que les "chapelles anti-Hollande" se multiplient.
Ce mercredi, François Hollande reprend la main: il engage ses consultations avec les chefs de partis sur la réforme territoriale. Aussi justifiée que cette réforme puisse l'être, ce sujet reste une diversitione et un piège. Une diversion car l'exécutif mobilise l'attention médiatique sur une réforme qui sort des thématiques qui occupent l'espace politico-médiatique du moment: austérité, sécurité, social, etc. Un piège car la gauche, même critique, semble globalement favorable; la droite franchement hostile alors que Sarkozy réclama la même chose sans oser la faire (rappelez-vous "l'agitation immobile"...)
François Hollande reprend la main car en quelques jours il s'est replacé en "haut", sur le terrain international: un déplacement dans le Caucase, après la visite quasi-privée de vendredi dans le fief d'Angela Merkel. Contre la droite qui l'accuse de manque de stature, cette présidentialisation internationale n'est pas sans effet.
En Géorgie, l'actuel président n'a pas manqué de faire une blagounette, comme si le naturel reprenait le dessus.
"Je termine mon voyage. Je suis parti il y a déjà plusieurs jours. Je ne sais pas si en France on s'en est aperçu..."

Ces opérations de communication n'ont pas empêché l'un des plus fidèles de Hollande de sortir du bois, et des rangs du discours calé. Stéphane Le Foll est un Grognard de la Hollandie. Le gars fidèle qui a suivi le chef depuis des lustres au Parti Socialiste longtemps avant la campagne victorieuse de 2012. A la faveur du remaniement, l'homme qui aurait pu être premier ministre ou, - qui sait ? - redresser un PS en ruine, a conservé son ministère agricol mais ajouté l'éminente fonction de porte-parole du gouvernement.
Dans les colonnes d'un improbable quotidien dénommé l'Opinion, il fait ce que les plus primaires appelleront un couac.
"Il y a un lien qui a été perdu entre les Français, en partie, et le président de la République, ce lien qu'il a su créer pendant la campagne."
Ce n'est pas un couac. Simplement un constat assez lucide pour un ministre de surcroît chargé de la communication gouvernementale. Il faut encourager ces gestes-là.
Bien sûr, Le Foll n'est pas fou, il a des excuses pour son patron.
"Ce n'est jamais facile de prendre des décisions comme celles qui ont été prises, ce n'est jamais facile d'arriver à trouver cet équilibre entre la nécessité du soutien aux entreprises et la préservation d'un modèle social. Ce n'est jamais facile de dire: on va prendre le temps du dialogue social entre les partenaires sociaux, et pourtant, c'est essentiel. Ce sont des socles qui vont être demain des atouts pour la France"

Le vrai couac de Stéphane Le Foll était en fait le 15 avril. Quand il a déclaré, à propos des Roms: " il faut chercher à les faire retourner d'où ils viennent, en Roumanie ou en Bulgarie, et éviter qu'il y en ait qui reviennent ou qui viennent."


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