Chronique « SpyGames » (T1) : Qui a dit que la guerre n’était pas un sport ?
Scénario de Jean-David Morvan, dessin et couleurs de Jung-Gi Kim
Public conseillé : adultes
Style : policier-espionnage, Références : l’actualité politique mondiale
Paru chez Glénat, le 23 avril 2014
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L’histoire
Hong Kong est le théâtre d’événements d’une rare violence n’épargnant ni civils ni représentants des forces de l’ordre. Les tentatives d’enquête du commissaire Lei se heurtent à de mystérieux barbouses ne respectant qu’une règle, la leur, ainsi qu’à l’obstruction de ses supérieurs.
Les surprenants jeux d’espions opposant les agences du monde entier semblent échapper au contrôle des organisateurs, une équipe indépendante ayant décidé de remporter la mise, un secret par état participant, pour son propre compte.
Ce que j’en pense
Avec Jean-David Morvan, scénariste faisant autorité dans le milieu bédéphile, aux commandes et Jung-Gi Kim, dieu vivant du happening dessiné, à la réalisation, je m’attendais à du très lourd. J’ai été déçu. Un peu.
C’est indéniablement un album intéressant, basé sur une idée pertinente et ironique. Mais le scénario ressasse des sujets largement traités dans Sillage (complots, omnipotence des grandes puissances, mal-être de l’agent de terrain, …) et le dessin n’a pas la puissance déployée dans les fresques à main levée de Kim. Dommage.
En clair, il faut lire Spygames sans tenir compte des antécédents de ses auteurs. On se fait alors plaisir à la lecture d’une aventure vivement menée sur une idée originale dont on peut espérer quelques truculents rebondissements. Les personnages centraux ont le caractère bien trempé, du vieux baroudeur irlandais revenu de toutes les horreurs traversées au long de sa sanglante carrière au flic de Hong Kong opiniâtre et féru d’arts martiaux, en passant par la mercenaire libérienne désabusée à la jeunesse volée.
Cette galerie de portraits est prétexte à étaler les pratiques peu orthodoxes des gouvernements, qui, sous couvert de légitimité politique, de protection de peuplades locales, ou de destruction d’armes massives (sic), envoient aux quatre coins du monde leurs unités spéciales, plus ou moins discrètement, dans un but en général moins humaniste.
Le dessin
Sur la couverture de l’album, un flash-code renvoie à l’une des époustouflantes prestations de Jung-Gi Kim : regardez la, cela rendrait humble tout bon dessinateur. Lisez cependant Spygames avant. Un peu comme si vous buviez un second château : c’est bon, c’est beau, mais ça n’a pas nécessairement toute l’ampleur du château.
Pour résumer
En résumé, j’ai apprécié cette lecture et j’attends bien entendu la suite : les méchants vont-ils gagner ? Sont-ils vraiment méchants ? Quels sont donc les secrets en jeu ? Les équipes concurrentes vont-elles s’allier contre ces francs-tireurs ? Bref, j’espère que l’histoire va aller crescendo et me faire oublier ma semi-déception initiale.