Mon interview dans le quotidien La Marseillaise :
« Tout dépendra du Front de gauche
Deuxième sur la liste conduite par Marie-Christine Vergiat.
Passé par la LCR puis proche de Jean-Pierre Chevènement, Éric Coquerel crée en 2003 le Mouvement pour une alternative républicaine et sociale dont il devient Président. C’est à ce titre qu’il est co-fondateur du Parti de Gauche en 2008. Deuxième sur la liste de Marie-Christine Vergiat, il est en charge des « relations unitaires » de son parti.
La Marseillaise. Comment combattez-vous le désintérêt pour les européennes des électeurs y compris les plus proches du Front de gauche ?
Éric Coquerel. D’abord en faisant une campagne de terrain. Nous sommes les seuls à organiser des rencontres de proximité ou à pouvoir réunir 1.000 personnes en meeting comme à Grenoble. Le vote Front de gauche compte triple. C’est un non de gauche au gouvernement qui n’a pas été élu pour faire une politique de droite. Un non de gauche à l’Europe austéritaire. Et l’assurance d’envoyer des Députés qui s’opposeront au Grand marché transatlantique.
La Marseillaise. En quoi en faites-vous un enjeu des élections européennes ?
Éric Coquerel. Nos gouvernements sont en train de se concerter pour que les parlements nationaux n’aient pas à voter ce traité. Le Parlement européen aura donc un rôle fondamental puisqu’il devra se prononcer sur les résultats des négociations en cours. Ce traité vise à arrimer l’Europe aux intérêts des États-Unis, à donner plus de pouvoir aux multinationales qui pourront attaquer des États devant des tribunaux internationaux pour contester leurs normes sociales et environnementales. Sur proposition du Front de gauche, Paca s’est déclarée région hors grand marché transatlantique. En Rhône-Alpes c’est une alliance FN-PS qui a empêché l’adoption d’un texte allant dans le même sens. Ce sont les eurodéputés du Front de gauche qui porteront avec le plus de force le refus du Grand marché transatlantique. Tant mieux si EELV est sur une ligne proche de la nôtre sur ce sujet mais les écologistes ont par exemple voté le paquet ferroviaire.
La Marseillaise. Vous estimez que les européennes sont une échéance-clef pour l’avenir du Front de gauche. Comment l’imaginez-vous ?
Éric Coquerel. C’est la première fois que le Front de gauche va revivre une élection puisqu’il avait commencé en 2009 pour les européennes. Avec la politique du gouvernement, nous sommes dans une période très grave, si nous voulons éviter une situation encore pire avec le retour de la droite voire
l’arrivée de l’extrême droite, il faut être capables de créer une majorité alternative. Un potentiel existe. EELV a quitté le gouvernement, le MRC est en dissidence publique, 41 députés socialistes se sont abstenus sur le plan Valls, le NPA commence à devenir plus unitaire. Tout va dépendre du Front de gauche, il peut être le levier de cette recomposition politique.
Propos recueillis par Léo Purguette (La Marseillaise, le 15 mai 2014)