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Dans le monde contemporain, les héros sont des marques (Batman, Indiana Jones), le Festival est une marque et ses réalisateurs le sont aussi. Et Jia Zhang Ke n'échappe pas à la règle. C'est donc sans doute simplement la signature de son auteur et quelques touches reconnaissables de son style (une jeune fille en roller sur un toit au son d'une mélodie pop électro évaporée) qui valent donc à 24 City, documentaire assez soporifique, sa projection en grandes pompes ici même. Car pour le reste, on reste dans la succesion d'interviews et l'évocation trop allusive pour réellement captiver. Première grosse déception dans cette filmographie pourtant novatrice et aventureuse.
Sinon, joli film à la Quinzaine, Blind Loves. Retournant l'adage: "l'amour est aveugle" en "l'amour des aveugles", le film n'a pas du charme: il EST un charme! Quitte à ce que charme s'évaporer quelque peu la projection terminée. Doux éloge de la tactilité et du contact. Son vrai sujet n'est pas tant le handicap que l'intégration des codes de séduction. Il est vrai que quand il s'agit de les manier, certains se sentent d'un coup bien handicapés. L'air de rien, et sans lourdeur, le film évoque aussi les époques de l'amour (car chacun des couples filmés évoque un moment de l'amour: l'amour naissant, l'amour conjugal, l'amour contrarié). Le film joue sur une forme de brièveté, rappelle pas mal l'esprit du court-métrage en cherchant plutôt la succession d'instantanés qu'un vrai déploiement narratif. Il n'empèche qu'il invente son territoire entre burlesque discret et musical (on pense parfois à Iosseliani) et documentaire. Ou quand le cinéma redevient un art naïf (et assumé comme tel).
