(Photo D.R.)
Lecteur du Monde depuis 1973, c’est avec une profonde tristesse que j’ai appris le décès puis lu la nécrologie (Le Monde du 14 mai) , signé Francis Marmande, de Pierre Barbéris, spécialiste mondialement reconnu de l'oeuvre de Balzac.
Quand j’ai commencé, vers l’âge de seize ans, à lire dans les éditions de poche les romans de Balzac je trouvais qu’il était très difficile d’entrer dans l’histoire et d’en suivre le cheminement. Mais il y avait les préfaces lumineuses, et partant pédagogiques, de Pierre Barbéris. Elles me permettaient de mieux comprendre et d’anticiper ce dont il était question. En 1999, au moment de la commémoration du bicentenaire de la naissance de Balzac, puis, surtout, en 2007 à l’occasion d’un colloque à la maison Balzac, à Paris, intitulé : "Balzac et le politique", j’avais espéré le rencontrer et pouvoir discuter avec lui. Mais il était excusé pour des raisons de santé.
J’ai repris des études en lettres modernes en 2004, lors de mon master de 2e année, j’avais acheté Le monde de Balzac et je m’étais procuré auprès de la bibliothèque de l’université Montpellier-III Paul Valéry : Balzac et le mal du siècle, titre qui m’intriguait car je ne voyais pas la relation entre le romantisme de Chateaubriand, par exemple, et l'oeuvre réaliste de Balzac. C’est Pierre Barbéris, dans les deux livres que j’ai cités, qui me fournit l’explication que j’attendais. Pendant ces années universitaires, une jeune professeur, elle appartient à la nouvelle génération de la critique balzacienne, m’avait expliqué que je ne devais pas limiter mes travaux à Pierre Barbéris dont les analyses marxistes dataient.
Je m’en suis souvenu vers 2007-2008 quand la crise financière a éclaté avec la violence que l’on sait et que Le Monde a présenté des romans inspirés par des crises économiques (Zola, Némirovsky, etc.), j’y retrouvai La maison Nucingen où Balzac décrit James de Rothschild sous les traits du célèbre baron à travers l’histoire d’un délit d’initié. Bref, il s’agissait d’en revenir à… Pierre Barbéris. Les analyses de ce vieux monsieur étaient soudain redevenues d’actualité…
C’est dire combien je regrette son départ et je voulais dire à sa fille et à ses trois fils, par l'intermédiaire du Monde, combien les travaux de leur père m’ont passionné et aidé à mieux comprendre Balzac.
©Michel Frontère (Groupe d’études balzaciennes)