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Critique Ciné : La Marche, leçon d'histoire

Publié le 18 mai 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

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La Marche // De Nabil Ben Yadir. Avec Olivier Gourmet, Twefik Jallab et Jamel Debbouze.


Je devais aller voir ce film en avant-première un mois avant sa sortie et les places étant parties comme des petits pains, je n’ai pas pu le voir. Puis à sa sortie, un concours de circonstances à fait que je n’ai pas pu le voir non plus. J’ai donc enfin pu voir à quoi ressemblait cette adaptation de la marche qui a débuté non loin de chez moi, lyonnais que je suis. Je n’étais pas encore né à l’époque de cette histoire mais je voulais voir ce que cela impliquait réellement. Le problème de ce film c’est qu’il ne parvient pas du tout à faire office de prise de conscience sociale. Bien au contraire, Nabil Ben Yadir se contente de filmer tout ça avec un oeil beaucoup trop innocent alors que cette époque n’était certainement pas facile à vivre pour eux. Il y a bien quelques scènes où l’on voit le racisme être mis à nu mais ce n’est pas suffisant. Le film reste trop gentil, certainement dans le souci de rester politiquement correct et donc de permettre d’être visible au plus grand nombre. Le récit est donc académique et encore, il surnage dans tout un tas de choses bien trop mal fichue qui ne permettent clairement pas de ressentir l’implication de ces hommes et ces femmes dans leur combat.
En 1983, dans une France en proie à l’intolérance et aux actes de violence raciale, trois jeunes adolescents et le curé des Minguettes lancent une grande Marche pacifique pour l’égalité et contre le racisme, de plus de 1000 km entre Marseille et Paris. Malgré les difficultés et les résistances rencontrées, leur mouvement va faire naître un véritable élan d’espoir à la manière de Gandhi et Martin Luther King.
Ils uniront à leur arrivée plus de 100 000 personnes venues de tous horizons, et donneront à la France son nouveau visage.
Du coup, l’oeil de Nabil Ben Yadir est celui d’un téléspectateur qui a vu cette marche dans les journaux télévisés. Je pense que de toute façon, pour faire un bon film du genre il aurait fallu s’attarder sur autre chose que ce que l’on a pu voir à l’écran ou lire dans les journaux. On peut tout de même saluer le côté humble du film. Celui-ci ne cherche pas à trop en faire, notamment dans les dialogues. Mais les mièvreries viennent bien rapidement gâcher le plaisir du spectateur. On se retrouve alors face à un film qui s’engouffre dans un récit qui n’a plus rien de politique mais de relations entre les personnages. Car pour vendre un tel film il fallait aussi de la romance. On sent que tout ce beau monde s’est impliqué dans le film du fond de son coeur et c’est louable mais cela ne fait pas pour autant de La Marche un bon film. Il aurait été beaucoup plus judicieux d’en faire un téléfilm, cela aurait probablement eu plus d’impact et de pertinence. Ensuite, bien que j’ai pu apprendre des choses sur cette histoire (et je remercie le film pour ça), je n’ai pas trouvé que c’était suffisamment bien raconté.
Le scénario manque cruellement de forces et s’essouffle petit à petit. Les personnages sont sympathiques et en groupe ils sont touchants mais aucun n’en ressort vraiment attachant. On sent donc que pour faire un film ils ont dû ajouter des choses qui ne se sont pas déroulés dans la réalité et bien que cela peut être louable et qu’il y a un devoir de mémoire derrière, j’aurais cru que cela aurait été fait avec beaucoup moins de lourdeur et plus de sagesse. En plus de ça on retrouve une Charlotte Le Bon particulièrement médiocre pendant que Djamel Debbouze, placardé sur les affiches comme l’une des têtes d’affiche du film n’a qu’un rôle très sommaire. La Marche est donc très loin d’être le film qui va résoudre les problèmes de racisme en France. C’est donc un film formaté qui est vendu comme intéressant et qui finit par devenir ennuyeux et désolant. Je suis parti le voir avec beaucoup de volonté et j’en ressors dépité d’ennui. Comment on peut faire un film aussi mauvais avec un sujet aussi passionnant que celui-ci ? Peut-être que l’angle académique n’était pas le bon.
Note : 2/10. En bref, convenu et ennuyeux.
Date de sortie : 27 novembre 2013


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