Magazine Moyen Orient

A chacun son Guéliz…..

Publié le 17 mai 2014 par Fouzi53 @fouzi53

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Bien sûr il y a les nostalgiques, ceux qui ont connu le Marché à son apogée, un lieu de rencontre incontournable pour faire ses courses, avec ses fleuristes et herboristes, sa halle aux poissons, ses marchands de fruits et légumes, ses épiciers, son marché aux volailles, ses boucheries, ovine, bovine et chevaline, sans oublier ses charcutiers et son marchand de vin avec toujours une cave bien approvisionnée etc…. Et puis, le marchand d’oiseaux, le peintre, le kiosque à journaux et les petits restaurants ou se retrouvaient les marchands pour le petit déjeuner matinal ou le café de dix heures. Oui toute une population vivait dans ce lieu et a très mal vécu sa cession et sa destruction.
Puis il y a les polémistes, ceux qui n’ont vu dans cette opération, qu’une machination permettant la cession d’un domaine publique à de gros investisseurs immobiliers, des opportunistes qui ne cherchent que le profit et qui feront de cet endroit, un ghetto pour riches sans aucune possibilité pour les autres de pouvoir y accéder.
Enfin il y a ceux qui croient en l’évolution et au changement et qui pensent que l’on ne peut pas laisser les choses en l’état, surtout lorsque les lieux ne sont ni entretenus, ni rénovés et qu’ils tombent inexorablement dans un état de décrépitude. Ceux qui pensent que les lieux doivent évoluer avec leur temps et répondre aux attentes des nouvelles générations sans pour autant sombrer dans le bling bling. Des lieux dans lesquels chacun doit pouvoir se retrouver qu’il soit nostalgique ou vivant avec son temps.

Personnellement, après presque dix ans de chantier, je suis bluffé, le résultat est au delà de mes espérances: le lieu à retrouvé une jeunesse, sans perdre sans âme et que je me promène aujourd’hui dans les allées du centre commercial  ou il y a des années dans le vieux marché, je retrouve avec plaisir mes amis d’antan, qui partagent le même enthousiasme que moi : on n’ a vraiment pas perdu au change.

Le lieu est à dimension humaine, rien à voir avec ses mega malls à l’américaine qui ont tous la même odeur, le même bruit, les mêmes fast food à tel point que vous ne savez plus si vous êtes à New York, San Francisco, Dubaî, Djeddah ou Casablanca. Non, ici nous sommes à Marrakech et tout est là pour nous le rappeler: les bigaradiers, les terrasses de café, la lumière du jour qui semble traverser un toit de roseaux, jusqu’au petit restaurant proposant des tajines, du méchoui , des brochettes et des petites salades.
L’architecture est tout simplement en phase avec la ville, pas de fausse note, rien d’ostentatoire, le style est moderne mais respecte l’authenticité. Un pied de nez à tout ceux qui n’ont cessé de crier au loup. Bravo!
Cela devrai donner des idées pour réhabiliter l’ensemble du quartier, et ce caler sur ceux qui ont déjà entamé leur mue: l’hotel et le Café La Renaissance, les Négociants, l’Atlas, jusqu’à la grande poste qui a fait peau neuve face à la Plaza. Beaucoup de boutiques, quelques galeries, ont revues leurs vitrines , idem pour les nouveaux restaurant implantés dans les rues adjacentes, il semble qu’un bon vent souffle à nouveau sur le Gueliz.
Reste des problèmes de circulation et de stationnement à régler, améliorer l’éclairage, libérer l’espace public et rafraichir certaine façades pour redonner à ce boulevard son lustre d’autrefois permettant ainsi aux anciennes et nouvelles générations, de se retrouver chaque soir, lorsque la chaleur diminue et que la lumière s’estompe, le long des trottoirs pour déambuler ou déguster un jus en humant le parfum de la fleur d’oranger.
Si Barcelone a ses Ramblas, Istanbul son istiqlal et Paris son quartier Latin, Marrakech a son Gueliz. A nous devons le faire savoir.


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