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Dépenser plus pour gagner moins

Publié le 17 mai 2008 par Uscan

Dans le concours du plus gros mangeur d'argent public et du plus gros creuseur de trou, Sarkozy mérite une bonne place. Lisez cet encadré en page 13 du dernier dossier du Canard Enchainé, "Le président Fric-Frime", reproduit ici en intégralité.

En matière de finances publiques, la doctrine Sarkozy est simple : qu'importent les trous budgétaires puisqu'ils permettent, en arrosant large, d'amadouer l'électeur. Avec un coup de chance en plus, ces déficits peuvent être bons pour la croissance du pays. Point commun avec Chirac, il n'a jamais de mots assez durs pour fustiger les "ayatollahs" de l'équilibre budgétaire, et notamment leur chef de file, Jean-Claude Trichet, président de la banque centrale européenne, dont il dit : "J'ai rarement vu quelqu'un se tromper aussi souvent que lui !" Le problème c'est que Sarko se trompe souvent lui aussi.

Ainsi pendant la cohabitation de 1993-1995. il officie alors au Budget, comme m'aitre d'oeuvre de la politique économique de Balladur. Pour gagner la présidentielle de 1995, la maison ne recule devant aucun sacrifice : baisse des impôts (notamment pour l'emploi de personnel à domicile) de plus de 2 milliards d'euros, prime de mise à la casse des vieilles voitures, prime de rentrée scolaire, etc. : ne poussez pas, il y en aura pour tout le monde.

Enfin presque, car "les caisses sont vides", déjà, et Sarko n'a pas de quoi payer. Il a beau puiser dans les 16 milliards de recettes de privatisations pour financer ses largesses - ce qui lui vaudra une solide admonestation de la Cour des comptes -, il n'a pas les moyens. Résultat : en deux ans, la dette publique augmente de près de 1000 milliards de francs (150 milliards d'euros), soit un bond de 32%. Un record encore inégalé aujourd'hui. le budget son plus fort déficit de la Vème République. Balladur est battu à la présidentielle, et Juppé, arrivant à Matignon, flingue Sarko en direct au cours d'une conférence de presse : "Nous sommes confrontés à un dérapage sans précédent des dépenses publiques. Le constat est calamiteux." Il faut dire qu'il devait aussi justifier sa décision d'augmenter de 17 milliards les prélèvements obligatoires.

2007. La France a un des pires déficits d'Europe, un des taux de chômage les plus élevés. Et une balance commerciale déficitaire de 40 milliards d'euros. Ce qui signifie, en clair, que le pays dépense plus qu'il ne produit.

Mais Sarko se persuade bien vite que ce n'est pas avec un discours appelant à l'effort et à la rigueur que l'on gagne une élection. Et voilà le roi de la "rupture" qui nous fait du Chirac de 1995, lequel proclamait que "la feuille de paie n'est pas l'ennemi de la croissance".

A paine arrivé, il met en place le désastreux "paquet fiscal". Problème, il coûte cher, et l'Etat n'a plus d'argent pour résoudre les vrais problèmes, notamment celui de la compétitivité des entreprises, seule capable de doper le croissance et le pouvoir d'achat. Oubliée, donc, la baisse de 68 milliards des prélèvements obligatoires promise par le candidat Sarkozy. Et les mauvaises habitudes reviennent vite. Les pêcheurs bloquent les ports ? Une manif de taxis ? Aussitôt Sarko dessere les cordons de la bourse. Toute le contraire de l'Allemagne, où le social-démocrate Gerhard Schröder avait commencé par serrer la vis avant que, la croissance revenue, on parle d'augmenter le pouvoir d'achat. Il est vrai que cette politique lui a coûté sa place.

Sarko, lui, n'a ni serré la vis ni relancé le pouvoir d'achat, cause première de la désaffection qui le frappe dans les sondages. "Un dérapage sans précédent dans l'opinion publique", comme dirait Juppé, qui a bien connu le problème.

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