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2014 – 2017 : Redimensionnement des réseaux d’agences bancaires

Publié le 20 mai 2014 par Sia Conseil

2014 – 2017 : Redimensionnement des réseaux d’agences bancaires En 2009, Sia Partners publiait une étude (cf Les échos du 8/12/2009) qui cassait le tabou des fermetures d’agences dans les banques de détail françaises.

Sia Partners prédisait alors que l’année 2009 serait le point d’inflexion de la courbe du nombre d’agences en France (jusque-là toujours en progression) et annonçait la fermeture de 750 à 1100 agences d’ici à 2012.

Depuis, les annonces de fermeture se sont succédées. Une tendance confirmée par les statistiques de la Banque Centrale Européenne qui a annoncé que la France avait perdu plus de 1 100 agences depuis 2008 (-2,8%).

Aujourd’hui la France est tombé sous le seuil des 38 000 agences bancaires, y compris les points de vente La Banque Postale. Malgré cela, la France conserve le réseau le plus dense de l’union européenne avec 584 agences pour 1 million d’habitants (BCE, statistiques de paiements, octobre 2013). Ajouté à cela les quelques 58 536 distributeurs automatiques de billets (DAB et GAB) à fin 2012, en constante augmentation (55 000 en 2009, 20 000 en 1994) et plus de 1,5 million de points d’acceptation CB, les français ont largement de quoi rentrer en contact avec leur banque. En outre, 68 % des internautes consultent régulièrement le site internet de leur banque (Ifop, mai 2013).

La France est un des seuls pays qui présente une telle densité d’agences et autant d’utilisateurs de banques en ligne. Ce paradoxe se traduit par une tendance, irrémédiable, de baisse de la fréquentation des agences et de hausse du trafic (et des souscriptions) sur internet. Les chiffres de la fréquentation des agences sont en net repli (1 client sur 2 se rendait plus d’une fois par mois en agence en 2010, ils sont moins de 1 client sur 5 à maintenir ce rythme en 2013)[1].

Ce phénomène ne serait pas aussi grave s’il ne s’inscrivait pas dans un contexte de baisse des revenus des réseaux français et de hausse des coĂťts des implantations (coĂťt du foncier, sécurité, travaux et infrastructures, frais de personnel, etc‌).

En effet, le PNB des banques de détail en France s’est replié de 3,2% sur l’année 2012, impactant la quasi-totalité des acteurs. Cette contraction, certes à nuancer par un contexte macro-économique morose et l’un des taux de bancarisation les plus élevés d’Europe, traduit la difficulté à trouver de nouveaux relais de croissance pour l’industrie de la banque de détail en France. Le modèle de revenu des institutions bancaires est en effet affecté, tant par le ralentissement de l’épargne financière que par les contraintes réglementaires accrues.

Si l’essor des canaux web et mobile ouvre de nouvelles perspectives de consommation bancaire et permet d’envisager de nouveaux schémas de distribution plus rentables, il est également probable qu’il accélère le mouvement des fermetures d’agences. D’ailleurs, la tendance s’est poursuivie en 2013 avec quelques annonces retentissantes (Société Générale, Crédit Agricole Ile de France).

La poursuite du mouvement des fermetures, sur un rythme semblable, conduirait à la fermeture de 1140 agences supplémentaires d’ici à 2017.

Toutefois, Sia Partners prévoit que le phénomène pourrait s’amplifier. En effet, entre 2007 et 2011 le contexte de taux a permis aux banques de détail de conserver des marges de manĹ“uvre financières grâce à leur activité de transformation (la marge d’intérêt des banques françaises a presque doublé pendant cette période). Au contraire, en 2012, tous les indicateurs de rentabilité étaient au rouge. Le PNB des grandes banques françaises a baissé en moyenne de 3,2 % (première année de baisse depuis 2008). Les frais généraux continuent à augmenter même si le rythme s’est ralenti (+1,4 en 2012 alors que le rythme moyen était de + 3,7 entre 2008 et 2011). Le coĂťt du risque augmente également (+4,1%). Les résultats nets de pratiquement toutes les banques ont donc été en baisse (ratio résultat net / PNB à 26,2 en 2012 à comparer à plus de 30% en 2011).

D’un point de vue prospectif, le phénomène va continuer à s’amplifier. Dans une précédente étude Sia Partners a estimé que la marge d’intérêt des banques françaises allait baisser de plus de 3% sur les 3 prochaines années. Les commissions vont également se tasser compte tenu de la réglementation et de la concurrence des nouveaux acteurs de paiement. Enfin, les activités de marché vont être encadrées toujours plus strictement.

En outre, on a constaté que les banques qui ont le mieux résisté en 2012 (en termes de résultats) sont celles qui ont fermé le plus d’agences (-2% sur un an). Ces exemples pourraient faire des émules.

Considérant ces hypothèses, Sia Partners prévoit que les banques vont accélérer le rythme de fermetures proportionnellement à l’érosion prévisible du résultat toute chose égale par ailleurs, soit autour de 3% par an.

Dans ce scénario, ce serait 3000 points de vente qui seraient supprimés d’ici 3 ans ramenant leur nombre à 35 000 en France.

Lien vers la reprise dans l’AGEFI HEBDO (page 11)

Sia Partners


[1] : ISPSOS / FBF


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