C’est la 5e édition de Juin vert, mois national de mobilisation contre le cancer du col de l’utérus initié en 2010 par l’Institut national du cancer. A cette occasion, l’Institut de veille sanitaire fait le point sur la pathologie cancéreuse cervico-utérine, son dépistage, les vaccins disponibles et les directions à suivre pour réduire l’incidence de la maladie.
En France, le dépistage par frottis cervico-utérin existe depuis plus de 60 ans, doit être généralisé dans le cadre du Plan cancer 2014-2019 et sa couverture proche de 60% fait que le cancer du col est la 11ème tumeur solide chez la femme. Ainsi, l’incidence du cancer invasif du col de l’utérus est estimée à un peu plus de 3.000 nouveaux cas entraînant plus de 1.100 décès et ne cesse de diminuer depuis 1980, de 2,5% par an puis depuis 2000 de 1,3% par an. La survie est de 59% à 10 ans après le diagnostic.
Une protection vaccinale partielle et à faible couverture: Les vaccins anti-HPV actuellement disponibles sont dirigés contre deux génotypes de HPV à haut risque oncogène. Ainsi, l’estimation de la prévalence des infections par des HPV de génotypes 16 et 18 « couverts » par les vaccins actuels, s’élève à 47,2%, montrant l’impact maximal de la vaccination.
Ensuite, ces vaccins n’atteignent leur pleine efficacité que chez les jeunes filles non préalablement infectées par ces génotypes.
Enfin, la couverture vaccinale en France reste faible et les deux-tiers des femmes de la tranche d’âge 25 à 65 ans ne sont donc pas protégées.
On l’aura compris, la vaccination reste à impact limité, et sa couverture ne devrait pas s’améliorer avec le débat autour de l’opportunité de la vaccination…En revanche, autour du dépistage, plusieurs pistes d’amélioration se dessinent :
Vers un dépistage organisé et donc élargi ? Alors que des disparités importantes subsistent sur le territoire français, que le taux de couverture du dépistage reste faible dans les départements d’outremer et certains départements métropolitains à faible démographie en gynécologues, médecins généralistes ou anatomo-cytopathologistes, la question d’un dépistage organisé du cancer du col de l’utérus se pose : L’expérimentation menée dans 13 départements français avec une incitation ciblée des femmes qui ne font pas spontanément de frottis montre ainsi un gain de couverture de 13 à 24 points selon les départements.
Ensuite, le rapport montre que près de 14% des frottis normaux sont néanmoins positifs pour un HPV à haut risque oncogène, une donnée à prendre en compte dans l’hypothèse d’une stratégie de dépistage basée sur le test HPV en première intention.
Enfin, des tests innovants, alternatifs au frottis cervico-utérin pourraient également être envisagés dans l’hypothèse d’un dépistage organisé du cancer du col de l’utérus. Ces techniques simples et peu coûteuses réalisables à domicile par auto-prélèvement vaginal en milieu sec pourraient être utilisées pour atteindre les femmes non dépistées. Des perspectives encourageantes à valider par des études de suivi, en particulier en cas de résultat positif et donc de frottis de confirmation.
En conclusion, la couverture du dépistage conditionne l’incidence des cancers, rappelle l’InVS. Un taux de couverture de dépistage très bas met ainsi, dans certains pays, le cancer du col de l’utérus à la 2ème ou 3ème position des cancers les plus fréquents chez la femme. Alors que sa couverture en France a relégué le cancer du col à la 11ème position des tumeurs solides chez la femme, généraliser le dépistage semble un axe d’amélioration à privilégier, plutôt que la vaccination, pour réduire l’incidence de ce cancer.
Source: InVS BEH N° 13-14-15 20 MAI 2014
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