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FORT-BOYARD (Charente Maritime)

Publié le 30 mai 2014 par Aelezig

Jamais je ne me ferai à l'idée que ce magnifique fort soit désormais la vedette d'un jeu télévisé... Il a tant de charme, il est si beau, j'aurais aimé qu'il soit transformé en hôtel de luxe, ou que quelqu'un l'achète et en face une originale résidence. Mais après tout pourquoi pas ? L'essentiel n'est-il pas qu'il vive, et qu'il vive bien ?

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Pour ma part, c'est dans un film que je l'ai vu pour la première fois : Les aventuriers de Robert Enrico (1967). Je l'avais trouvé totalement magique, incroyable, et j'avais cherché son identité partout (il n'y avait pas Google à l'époque), avant de découvrir qu'il était situé à seulement 200 km de chez moi.

Le fort se trouve entre l'île d'Aix à l'est, l'île d'Oléron à l'ouest et le pertuis d'Antioche au nord-ouest ; il appartient à l'archipel charentais et rattachée au cadastre de la commune de l'Île-d'Aix, dans le département de la Charente-Maritime.

Si la construction d'un dispositif défensif sur la Longe de Boyard est envisagée dès le XVIIe siècle, le projet n'est concrétisé que dans le courant du XIXe siècle. Édifié afin de protéger la rade, l'embouchure de la Charente, le port et surtout le grand arsenal de Rochefort des assauts de la marine anglaise, il est transformé en prison quelques années à peine après son achèvement. Le fort Boyard fait partie intégrante de l'Arsenal Maritime de Rochefort qui s'étend tout au long de l'estuaire de la Charente. C'est aujourd'hui une propriété du conseil général de la Charente-Maritime. Il fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 1er février 1950.

Le fort de forme ovale mesure 68 mètres de long sur 31 mètres de large. La cour intérieure mesure 43 m de long, 12 m de large. Les murs d'enceinte culminent à 20 mètres depuis les fondations. Il est construit sur un banc de sable nommé « longe de Boyard » qui a donné son nom au fort. Il est visible depuis Fouras, depuis l'île d'Oléron (depuis le pont qui relie le sud de l'île au continent ; depuis le phare de Chassiron, par beau temps, à l'extrême nord de l'île ; ainsi que d'une bonne partie de la côte Est de celle-ci, notamment depuis Boyardville, mais aussi depuis La Rochelle et bien sûr de l'Ile d'Aix, où de nombreux touristes viennent en été le voir de plus près.

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Histoire

La raison exacte de la construction de ce fort, en sus des batteries de canons déjà disponibles sur les côtes des différentes îles, est que la portée (1500 mètres environ) des canons de l'époque était trop faible au regard des 6000 mètres séparant Aix et Oléron, et qu'il restait donc une zone hors d'atteinte entre les deux îles.

C'est dès la fin de construction de l'arsenal (1666) que la nécessité d'une protection supplémentaire est évoquée. On envisage dès le départ la longe de Boyard comme base pour la construction mais, après les différents relevés, Vauban dira, en ironisant, à Louis XIV : « Sire, il serait plus facile de saisir la Lune avec les dents que de tenter en cet endroit pareille besogne. » Ce premier projet en restera donc là...

Il faut ensuite attendre le tout début du XIXe siècle pour que la question redevienne d'actualité.

En 1801, profitant d'une courte trêve dans la guerre qui oppose la France à l'Angleterre depuis neuf ans déjà, Bonaparte, premier consul approuve un nouveau projet qui ambitionne l'édification d'un fort de 80 mètres sur 40. Les travaux commencent dès 1803, avec la construction d'un camp de base sur l'île d'Oléron : le futur village de Boyardville.

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Quant aux travaux en mer à proprement parler, ils sont entamés en 1804 : le 11 mai, on pose un premier bloc surmonté d'une balise en fer et entouré d'un enrochement. Les blocs sont prélevés à l'explosif sur l'île d'Aix et transportés sur le chantier par des gabarres où les travaux se poursuivent mais sont ralentis par les moyens trop modestes mis à leurs dispositions : les navires manquent et ils sont si lourdement chargés que l'un d'eux va même couler lors d'un transport... Quant à la protection du chantier, celle-ci n'est assurée que par un seul navire de guerre. Ce qui impose de tout arrêter en septembre, lorsqu'une escadre anglaise pointe le nez...

Les moyens sont renforcés l'année suivante. On construit un premier mur afin d'en tester la résistance aux vagues ; mais le test se révèle négatif, les tempêtes de l'hiver renversent tout... Moyens renforcés une nouvelle fois en 1807 : davantage de navires transporteurs et davantage d'ouvriers. Pour l'assise dont la construction est recommencée, on emploie cette fois des blocs plus gros, des joints à la chaux et des crampons de fer sur le pourtour. Mais, la masse de rochers est alors si lourde qu'elle s'enfonce de plus d'un mètre sous son propre poids, augmentant ainsi le volume total d'enrochement nécessaire... Et de nouveau, les tempêtes de l'hiver infligent des dégâts à l'assise ! Vauban avait-il raison ? Il y a de quoi désespérer et comme, en plus, les salaires n'arrivent plus (les coûts estimés sont largement dépassés et les crédits suspendus), les ouvriers se mutinent...

Napoléon, sur place en août 1808, révise le projet à la baisse (le fort projeté est réduit) et les travaux reprennent en 1809. Mais, le 1er avril, une frégate anglaise s'aperçoit que le fort n'est pas défendu… la désastreuse bataille des « brûlots » qui s'ensuit alors du 11 au 15 autour de l'île d'Aix, aura pour effet sinon l'abandon, du moins la suspension des travaux sur la longe de Boyard...

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Il faudra attendre le règne de Louis-Philippe et le regain des tensions entre Français et Britanniques pour que le projet reprenne : en 1841, celui-ci est redéfini et des crédits sont débloqués. Une nouvelle méthode est mise en œuvre pour la construction des assises : ce ne sont plus des rocs qui sont coulés mais des caissons de chaux. Les équipes se relaient jour et nuit pour accélérer le travail et rattraper le temps perdu. La construction du fort à proprement parler commence alors en 1849 et prendra une dizaine d'années :

  • 1852 : construction du rez-de-chaussée : citernes, magasins à poudre et vivres, cuisines.
  • 1854 : premier étage : logements d'officiers et employés etc.
  • 1857 : second étage : idem + commandant, officiers, infirmerie, ainsi que la terrasse et la tour de vigie.

De nombreux problèmes techniques se posent encore tout au long de la construction. Le procès-verbal annonçant la fin de la totalité des travaux est enfin signé le 6 février 1866.

Utilisation

Le fort peut alors accueillir deux-cent-cinquante hommes durant deux mois sans contact avec le continent. Mais, entre les premiers projets et l'achèvement de la construction, la portée des canons a augmenté et l'utilité du fort s'en trouve limitée... Son utilisation militaire ne sera donc jamais celle qu'elle aurait dû être. Il devient vite la cible des pillards, plus personne ne sait quoi en faire... Il sert de prison pour des soldats prussiens de la Guerre franco-prussienne de 1870, puis pour les prisonniers politiques de la Commune.

Finalement, en 1913, l'armée l'abandonne. Durant la Seconde Guerre mondiale, il sert de cible d'entraînement pour les Allemands.

Le fort Boyard devient le domaine des oiseaux de mer qui, avec le vent, y apportent des graines et la végétation se développe.

Le 28 mai 1962, il est mis aux enchères et remporté par Éric Aerts, dentiste belge à Avoriaz, bien que qu'il n'ait pas les moyens de l'entretenir, encore moins de le restaurer... Il se contente d'en faire le tour en bateau quand il vient dans la région.

Il le revend en novembre 1988 à la société de production de jeux télévisés de Jacques Antoine. Celui-ci le revend aussitôt au Conseil général de la Charente-Maritime pour un franc symbolique. En échange, le département s’engage à effectuer les travaux de réhabilitation, et assure l’exclusivité de l’exploitation du lieu à la société de Jacques Antoine.

Ce n'est qu'en juillet 1989 que la rénovation totale du fort commence. A partir du printemps 1990 sont construits les derniers décors, comme la Salle du Trésor, ou la vigie.

Deux nouvelles tranches de nettoyage et restauration est entreprise de 1998 à 1999, puis de 2003 à 2004.

Depuis le 1er février 1950, le fort Boyard est inscrit au titre des Monuments historiques.

Le jeu a contribué à faire connaître le fort à un niveau international et à permettre des retombées économiques via le tourisme, dans le département (une partie permettant alors d'entretenir le bâtiment chaque année et d'effectuer des travaux de rénovation quand cela est nécessaire). Depuis le 22 janvier 2014, une autre version de l'émission Fort Boyard est diffusée sur les ondes de TVA, au Québec

Vu et revu, au large de nos côtes...

D'après Wikipédia


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