Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 101

Indices  canins

Il n’y a  presque  plus d’indices canins, sources de glissades plus ou  moins maîtrisées, en centre-ville. Faut-il y voir  une amélioration du  nettoyage ? La  vue  d’un employé municipal sur son scooter-aspirateur de déjections m’évoque toujours une sanction disciplinaire… Un sursaut de  civilité, certes accompagné d’une  politique  répressive (l’amende),  incite-t-il tous les maîtres à ramasser la production de leur animal préféré ? Ou cette obligation peu ragoutante a-t-elle eu raison des envies de posséder un chien ? L’aménagement d’espaces dédiés (l’allée des chiens au jardin public par exemple) canalise-t-il les  souillures ? Il paraît qu’en Espagne il y a des terrains de sport pour chiens…
Voyez-vous encore caniches ou autres petits chiens ridicules dans le centre ? Le chien est-il devenu l’attribut du seul jeune SDF ? Son chien a-t-il dévoré celui de la bourgeoise ? Apparaissent cependant des races insolites (le plus souvent très laides), marqueurs de distinction qui valent à leurs propriétaires le plaisir non dissimulé d’être abordés en pleine rue.
Scène de footing :
⁃    J’ai peur des  chiens !
Elle, inerte :
⁃    Il n’est pas méchant !
⁃    Mais je m’en fous !
⁃    Oh ! C’est bon…
Les conflits mineurs, avec les autres usagers de la ville, avec les voisins, ou plus graves, allant jusqu’au fait divers ont-ils eu raison des velléités d’avoir un ami bien contraignant ?
Seul le boxer de la place Fernand Laffargue semble pourvu d’un statut particulier. Il se promène en toute liberté sur un territoire étendu qui va jusqu’à la rue Ravez, au milieu des écoliers, des badauds… Son maître n’est pas forcément identifié par tous mais l’animal a su devenir familier : il n’est pas méchant et nous en sommes bizarrement tous convaincus…

Colette Milhé