Magazine Psycho

4 ans pour venir à bout de ma dépression…

Publié le 01 juin 2014 par Petoulette @petoulette

Elle est apparu dans ma vie, comme ça, sans prévenir, il y a 4 ans, je crois. Je ne savais pas ce que c’était au début. Je pensais que c’était juste un coup de blues, un coup de mou, que ça irait mieux demain. Un moment, j’ai cru qu’elle était partie pendant toutes ces années mais elle s’était bien cachée au fond de moi en attendant le moindre faux pas de la vie pour réapparaître. On parle souvent du baby blues, de la dépression post-partum, c’est presque inscrit dans la check-list de la jeune maman à la sortie de la maternité. Mais la dépression qui arrive bien après la naissance, celle qui te bouffe la vie parce que tu ne sais plus qui tu es, où tu vas, ce que tu veux, celle qui te fait douter de ton bonheur pourtant évident aux yeux des autres, celle dont tu as honte de parler car tu n’es pas à plaindre… cette dépression-là, le burn out des mamans, personne n’en parle. Et pourtant je pense que je ne suis pas la seule.

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Comment elle s’est manifestée chez moi?

Une grande fatigue

Tout d’abord une grande fatigue m’a envahie. L’envie de ne rien faire. Tout me demander un effort surhumain. Les gestes quotidiens étaient devenus difficiles à accomplir : aller chercher les enfants à l’école, faire le courses, la moindre tâche ménagère me demandait beaucoup d’effort, faire une sortie en famille était aussi laborieux. Alors pour essayer d’être en forme, je me forçais à dormir, à faire la sieste pour essayer de récupérer. Mais rien n’y faisait. J’ai même cru avoir chopé une saloperie, comme la monocléose ou une autre maladie du genre… Et pour autant, les siestes et les weekends à la maison ne m’ont pas aidé à venir à bout de cette grande fatigue.

Faire semblant

J’étais triste, vide. Je me forçais à faire des efforts vestimentaires, à être agréable, souriante pour apparaître sous mon meilleur jour à l’extérieur mais à la maison aucun effort, c’était engueulade sur engueulade pour tout et pour rien, j’étais mal dans ma peau, mal dans tête et souvent aucune envie de jouer ou profiter de mes enfants. Côté libido, on était loin du compte. Du coup, les tensions les engueulades reprennaient de plus belles.

Mes insomnies

La seule chose dont j’avais envie en rentrant c’était de manger un truc vite fait, sans plaisir, sans que j’ai à le préparer et d’aller me coucher, souvent même avant mes enfants. Mes nuits étaient agitées, pire qu’une femme enceinte, insomniaque, réveillée à 4h du mat tous les jours. Impossible de me rendormir. Je m’arrangeais pour dire à tout le monde que c’était mon nouveau rythme pour pouvoir étudier et faire mes devoirs tranquille. Mais à l’inverse, je pouvais passer 2-3h à faire la sieste.

La perte de confiance en moi et un sentiment d’anxiété

Je ne me sentais pas à la hauteur, finir ma 2ème année de master, boucler un mémoire et passer un concours dans ces conditions étaient devenus des épreuves insurmontables. Je culpabilisais de ne pas assez réviser, culpabiliser de ne pas être avec mes enfants et d’obliger le padré à partir avec les 2 enfants pour me laisser toute seule à la maison. J’en profiter pour dormir et faire semblant de travailler, j’ai honte, je leur ai menti, je me suis mentie. Ce sentiment d’anxiété s’est amplifié à l’approche des dates d’examens. J’étais devenue exécrable. Comme j’avais beaucoup de mal à me concentrer pour travailler, à cause de la fatigue, du manque d’envie, je me suis préparée un cocktail de vitamines et compléments alimentaires (tous bio et végétaux je te rassure), pour combattre le stress, la dépression, les insomnies, aider la concentration, la mémoire… Rhodiola, ginseng rouge, warana, spiroline, vitamine C,  magnésium… ça m’a souvent aidé le matin mais les après-midi la sieste était plus forte.

Mes idées noires et me mentir à moi même

J’avais beaucoup d’idées noires, dès que je n’avais pas de nouvelles du padré en soirée avec ses potes, de mes parents qui ne me rappellent pas après un appel interrompu, je m’imaginais le pire. Quand on partait en voiture de nuit, je m’imaginais encastrée dans un arbre ou une barrière de sécurité à chaque coup de frein, un enfer. Pour cacher tout ça à mon entourage je m’efforçais de dire que je ne pouvais pas rater mes examens puisque j’avais travaillé dur, je me rassurais avec des statistiques de réussite, je faisais des efforts pour les autres mais je me mentais à moi-même en sachant que je n’avais pas assez travaillé, que j’avais fait la sieste toute la journée. Je râlais de ne pas avoir de nouvelles de mes copines mais je faisais tout pour les éviter, pour ne pas avoir encore à mentir pour justifier mes absences, pour ne pas être désagréable avec elles et finalement pour ne pas les perdre. J’étais rentrée dans une spirale infernale où je n’étais plus moi-même. Je n’aimais pas du tout la personne que j’étais devenue.

En conflit avec mon homme et mes enfants

Je pense que ma fille a compris ce que je vivais et a profité de cette situation. Elle savait que je n’irai pas au bout de mes engagements. Je voulais lui faire plaisir coûte que coûte pour le peu de temps que je passais avec elle. Elle en a bien profité et aujourd’hui c’est dur de rattraper cette situation perverse. ‘en paye les pots cassés mais on est sur la bonne voie. Mon fils au contraire restait collé à moi, comme pour me dire, je suis là, moi. Un moment j’ai même douté de ma relation avec mon homme, je savais que je le faisais souffrir il fallait trouvé une solution. Mais j’ai bien fait pour une fois de faire l’autruche, ça n’aurait qu’empirer la situation.

Mon hypersensibilité

Mon hypersensibilité et mes sautes d’humeur étaient imprévisibles. Quelques exemples pris au hasard : Je me suis mise à pleurer corps et âme lorsqu’un agent m’a mis 90€ d’amende pour être passée à un feu orange à vélo, hurlé sur le padré parce qu’il avait cuisiné des légumes que je voulais garder pour une recette prévue le lendemain ou crié sur mes enfants qui me collaient alors que je voulais dormir. C’est horrible de me rendre compte aujourd’hui de tout le mal que j’ai pu faire autour de moi. Heureusement, ils ne m’ont pas jugée, ils ont été patients et ont compris, sans mettre de mots, que je n’étais pas dans mon état normal.

Retour à la réalité

Pour essayer de m’en sortir, la seule chose qui me faisait du bien, c’est courir. J’ai couru, essayer de me vider la tête en me mettant des gros coups de pied au cul. C’est peut être ce qui m’a permis de tenir le rtyhme infernal des hauts et des bas cette année.

Mon meilleur traitement a été la réussite, l’espoir d’une nouvelle vie en septembre, la fin de 4 années avec des hauts et des bas : mon retour de congé mat raté, mon licenciement, la création du blog, la création de ma marque et de ma société, la naissance de mon fils, la reprise des études, la réussite à mon concours.

Je crois que je suis guérie. Je suis enfin venue à bout de ma dépression. A présent, j’ai envie de :

  • bouger les meubles du salon,
  • trier, ranger, classer, ordonner les papiers des 2 dernières années
  • prendre plaisir à nouveau à apprendre des choses à mes enfants : cuisiner, broder, monter/descendre les escaliers, les regarder grandir, compter, écrire, jouer…
  • partir en weekend en amoureux,
  • organiser à nouveau des weekends vélo à l’improviste,
  • aller au marché
  • m’acheter des fleurs
  • me surpasser dans un sport,
  • perdre un peu de poids,
  • me faire chouchouter et mettre une fois dans ma vie les pieds dans une thalasso avec des copines… et pourquoi pas seule…
  • partir seule
  • profiter des belles vacances qui nous attendent cet été
  • être tout simplement heureuse

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Famille, je vous aime !

J’ai mis tellement de temps à écrire cet article, après avoir hésité à le publier, je ne sais toujours  pas s’il restera longtemps en ligne…

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