Les catastrophes humaines sont toujours annoncées. L’effondrement d’un empire se signale de longue date par la molle répression d’un soulèvement aux frontières ; l’affaissement d’une culture par l’abandon d’une concordance des temps ; la fin d’un amour par l’oubli d’une fête ; une maladie par un vertige. On ne sait pas lire les signes, on ne veut pas les lire, on prolonge l’insouciance.
Vingt-cinq ans ont passé. Sur les champs bitumés des enfants font du skate-board, des motards slaloment entre les réverbères et, sur les bancs de ciment, des femmes en d’autres langues évoquent d’autres terres asséchées, d’autres villages martyrs.A chacun son tour d’essayer d’être heureux, de poser sa valise sous un soleil plus facile, de venir croire à la douceur de vivre.