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Mémoire : Ils créent puis effacent des souvenirs de peur

Publié le 04 juin 2014 par Santelog @santelog

D‘autres s’y sont essayés, à implanter des souvenirs factices et même à créer de nouveaux souvenirs dans le cerveau de souris. Ici, c’est en contrôlant les cellules cérébrales de rats génétiquement modifiées pour répondre à la lumière, que les chercheurs de l’Université de Columbia sont parvenus à créer des souvenirs terribles d’événements imaginaires, puis à effacer à nouveau ces mauvais souvenirs et avec eux, la peur. Cette nouvelle performance scientifique, présentée dans Nature, confirme une hypothèse de longue date: Le renforcement et l’affaiblissement de certaines connexions entre les neurones est la base de la mémoire.

Ces expériences viennent ainsi confirmer une théorie de longue date sur le mode de production de la mémoire et de stockage des souvenirs dans le cerveau. Les auteurs rappellent, que dès les années 60, des chercheurs norvégiens montraient qu’une mini impulsion électrique appliquée à un neurone de l’hippocampe semblait renforcer sa capacité à communiquer avec un neurone voisin via les synapses

Cette grande plasticité des neurones de l’hippocampe appelée potentialisation à long terme (LTP) et cosidérée par les neuroscientifiques comme la base physique de la mémoire, a ensuite été identifiée dans de nombreuses régions du cortex. Enfin, la durabilité de ce processus suggérait que l’information peut être stockée dans un circuit neuronal pour être rappelée ultérieurement.

MÉMOIRE: Ils créent puis effacent des souvenirs de peur – Nature
Depuis, différentes expériences sur l’animal ont montré qu’il était possible de développer ces connexions et de renforcer les synapses -donc développer la mémoire- ou de bloquer ce processus de LTP par thérapie médicamenteuse ou thérapie génique-et donc d’altérer la mémoire-. Cependant, rien jusque-là n’avait confirmé l’importance du processus LTP dans la mémoire.

La potentialisation à long terme (LTP), un mécanisme clé de la mémoire : L’équipe dirigée par Roberto Malinow, neuroscientifique à l’Université de Californie (San Diego) a eu l’idée de génie d’utiliser la lumière pour activer les neurones en insérant un gène capable de produire une protéine sensible à la lumière dans les cellules de cerveaux de rats. Une fois la protéine produite, les chercheurs pouvait l’activer avec une impulsion de lumière bleue, délivré par une fibre optique implantée dans le cerveau de l’animal. Les chercheurs ont ensuite associé une impulsion lumineuse à une décharge électrique afin d’associer les 2 stimuli dans la mémoire de l’animal.

Ils constatent que les synapses des neurones de l’hippocampe présentent alors des changements moléculaires caractéristiques du processus LTP. Mais pour prouver que la LTP est bien impliquée dans la formation de la mémoire, ils ont réussi à effacer l’association et la peur par une impulsion plus douce, puis à nouveau à la ranimer par une impulsion plus forte.

En conclusion, l’expérience montre la capacité à implanter la peur puis à l’effacer, à volonté, par impulsions de lumière. Et, ces différentes séquences sont associées à un la création ou la suppression d’un processus de potentialisation à long terme. Evidemment, ici il s’agit d’une expérience sur la mémoire «  de la peur  » et certains scientifiques invoquent l’existence possible d’autres processus clés dans la production et le rappel de la mémoire.

Des résultats impressionnants, qui font aussi un peu peur, mais qui marquent une étape importante dans la compréhension des troubles anxieux ou cognitifs.

 

Source: Nature 02 June 2014 doi:10.1038/nature.2014.15330 Flashes of light show how memories are made


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