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Pas son genre

Publié le 06 juin 2014 par Dukefleed
Pas son genreGuerre des mondes
Clément jeune prof de philo parisien prend comme une punition sa mutation dans un lycée d’Arras pour une année. Hors de question qu’il s’installe en province ; ce bobo parisien décide de passer 2 nuits sur place et le reste de la semaine à Paris. Lui, l’écrivain, l’intellectuel rencontre durant ces courtes soirées arrageoises Jennifer. Elle est caricaturalement l’opposé de Clément. Issu d’un milieu populaire, elle est coiffeuse, adore les blockbusters américains, les soirées karaoké entre copines et les magazines people ; une adepte de la culture pop. Le film pose alors la question suivante : peut-on s’aimer lorsqu’un tel gouffre culturel et social sépare deux êtres ?Présenté comme çà, çà fait assez feel good movie romantique classique. Et bien détrompez vous, car l’adaptation du roman éponyme de Philippe Vilain faite par Lucas Belvaux est très intelligente et superbement écrite. Se pose très vite les questions suivantes à un gars tout en retenu face à une fille affichant ses émotions  : considère-t-il Jennifer comme un coup ? un passe temps ? une idiote à éduquer ? un cobaye pour son prochain livre ? ou l’aime-t-il si peu qu’il ne peut s’engager ? Il est vrai que très vite on se peut se dire que la pétillante Jennifer affichant son amour sans calcul n’est qu’un passe temps provincial pour un Clément intellectualisant ses relations au point d’apparaître comme un être froid et sans sentiment. En fait, à trop réfléchir, il est totalement incapable de vivre le bonheur présent. Lucas Belvaux est très malin car dans son film la tension est toujours palpable, un vrai suspense romantique ; car au-delà des barrières sociales et culturelles à franchir pour s’aimer, Clément doit aussi gommer de grosses lacunes affectives. Et pendant tout le film on se demande comment ne pas succomber à la tornade d’émotion et de vie qu’est Jennifer ? Le fossé culturel ne devient donc qu’un élément, car on voit bien l’impossibilité d’aimer de Clément face à la joie de vivre et à l’affection de sa compagne. Donc dans toutes les scènes légères portées par la solaire Emilie Dequenne, symbole de la comédie, se loge souvent une rare profondeur. Lucas Belvaux nous a donc trompé sur le genre du film, c’est une fausse comédie romantique. Et puis son film vif et dynamique est loin d’être prévisible comme le sont souvent les films de ce genre.Parfois caricatural dans le traitement des différences culturelles et sociales, l’interprétation phénoménale des deux comédiens nous le fait vite oublier tant ils donnent vie à cette histoire. Emilie Dequenne sort du registre dramatique pour, à mon sens, livrer une de ses trois meilleures interprétations après « A perdre la raison » ou « Rosetta » ; à croire que la jeune belge n’obtient des rôles digne d’un des plus gros potentiels parmi les jeunes actrices francophones qu’auprès de ses compatriotes. Elle nous embarque littéralement durant tout le film dans ses joies et ses peines jusqu’à une scène finale de karaoke pleine d’émotion et d’une efficacité redoutable (j’aurais peut être même fini le film là). Dans Positif, Vincent Thabourey : « Grâce à Emilie Dequenne, le film dépasse le stade de l'adaptation pour devenir le portrait vivifiant de l'une de nos plus grandes actrices du cinéma contemporain. »A voir absolument pour l’incarnation des deux personnages et une actrice XXL
Sorti en 2014

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