Magazine Voyages
Si un mois a passé sans que je publie sur ce blog, c'est pour deux raisons.
La première est un voyage en Turquie, la seconde est que l'actualité française est si consternante qu'on a le sentiment, quoi qu'on en dise, qu'elle ressemble de plus en plus à un torrent d'immondices qu'aucun commentaire ne pourra tempérer.
Commençons par le voyage en Turquie.
J'en ai ramené un millier de photos, en voici quelques unes. On peut les agrandir d'un clic en haute définition.
Si vous avez de ce pays la vision d'une contrée restée plongée dans une torpeur moyenâgeuse, vous êtes dans l'erreur : La Turquie est un pays moderne, que l'on parcourt sur des routes à quatre voies visiblement inspirées des highways américaines, les banlieues des grandes villes s'y étendent à un rythme effréné, les tours s'y multiplient comme des champignons, et les centres commerciaux et grands commerces modernes s’établissent le long de ces larges voies, derrière de vastes zones de stationnement en tout point inspirées du modèle américain.
Istanbul: Coucher de soleil sur le Bosphore.
Au fond, la mosquée bleue et Sainte Sophie...
Internet, certes quelque peu censuré, y est présent partout, et le wifi y est gratuit, et disponible quasiment dans le moindre estaminet.
Pas une seule fois un hôtel ne nous a réclamé un centime pour se connecter à son wifi, et bien des établissements français pourraient s’inspirer de cette ouverture.
Istanbul: La mosquée bleue.
Si la laïcité est de mise et existe vraiment, le pays est profondément musulman. On voit dans la rue des groupes composés de jeunes filles voilées et d'autres en robe occidentale, dans un visible esprit de tolérance réciproque. Dans les cours des écoles, on voit jouer ensemble des filles et des garçons habillés à l'occidentale, mais cinq fois par jour, la voix du muezzin tombe des innombrables minarets pour appeler les fidèles à la prière. L'appel de cinq heures du matin est même plutôt pénible pour le touriste en quête de repos, mais bon…
Istanbul: Les citernes romaines du IV° siècle.
Sans doute existe-t-il une certaine susceptibilité des mâles à propos des regards que l'on peut poser sur « leurs » femmes, -ce qui n'a pas trop gène les dépravés que nous étions-, même si parfois, un geste ou une posture absolument innocents peuvent être mal interprétés… Il faut bien vérifier qui se trouve devant l'objectif avant de photographier un monument…
La visite des mosquées historiques est organisée sous le contrôle d'un policier en uniforme. Des dérouleurs de sacs en plastique façon supermarché permettent d'emmener ses chaussures avec soi, les hommes ne doivent pas être en short et on prête aux dames des étoles pour cacher leurs atours.
Istanbul: Mosquée de Soliman le Magnifique.
Contrairement à une forte réputation, les Turcs sont fort aimables plutôt gentils et même serviables, du moins tant que rien ne les contrarie. Un sentiment nationaliste fort les unit, des milliers de drapeaux turcs flottent partout, sur toutes les places, et même au sommet des montagnes….
Les transports en commun y sont nombreux et efficaces. J'ai la vision des débarcadères du détroit du Bosphore, qui coupe Istanbul en deux : Des flottes de « vapur » et de « ferribots » assurent la traversée en 25 minutes et aux heures de pointe, déversent des foules entières dans d'immenses gares routières où les autobus s’enchevêtrent. Chaque fois que le feu de sortie de ces « autogar » passe au vert, des hordes d'autobus bondés en surgissent à trois de front et se déversent dans une circulation dantesque...…
Istanbul: Sainte Sophie. (en pleine restauration).
S'il est vrai que les routes sont larges, l'usage qu'en font les Turcs est parfois déroutant pour le conducteur occidental et tranquille que je suis… S'il doit revenir en arrière d'un pâté de maisons, l’automobiliste turc n'ira pas faire demi-tour au prochain rond-point… Il remontera la route à contre-sens dans la bande d'arrêt d'urgence. Ça surprend.
Un motard sur cent porte un casque, les autres foncent tête nue dans le flot effréné de la circulation, ce qui ne va pas sans quelques accidents sanglants et définitifs… Surtout lorsqu'on monte à trois ou quatre sur une petite moto ou un scooter, ce à quoi la police ne s'oppose nullement…
Pergame: L'Acropole.
En France, lorsqu'on tarde à démarrer à un feu vert, on se fait rappeler à l'ordre au bout d'une seconde par le klaxon hargneux de celui qui vous suit. En Turquie, c'est deux secondes avant le retour du feu vert que toute la file derrière vous commence à klaxonner… Si on considère que l'automobiliste turc accélère à la vue du feu orange et passe encore en vrombissant deux ou trois secondes après le passage au rouge, on imagine le risque qu'il y a à démarrer en avance… Il vaut mieux se faire klaxonner et essuyer des injures que l'on ne comprend pas.
Ephèse: La bibliothèque de Celsus. Elle illustrait mon livre d'histoire...
J'ai de nos 1500 km en Opel Corsa diesel de location un souvenir qui n'est pas que vrombissant : nous avons plusieurs fois serré les fesses en assistant aux numéros de cirque des autochtones. Cela nous a néanmoins permis de traverser de splendides et vastes paysages, de traverser des villes inattendues, et de visiter des sites antiques dont les photos illustrent cet article.
La Turquie est un pays assez chaud, mais pas aride. Coulant d'immenses montagnes, l'eau y est abondante. Pléthorique, même. Le long des routes principales, chaque restaurant offre au voyageur une douche à voiture, un gros tuyau déversant une énorme flot en permanence, et sous lequel l'arrivant est invité à dépoussiérer sa voiture avant de venir s'asseoir à table. Une véritable gabegie.
Grosse chaleur: le GPS disjoncte. Obligé de lui mettre une chechia....
De nombreux canaux organisent l'irrigation des plaines, et même des hauts-plateaux, où prospère, dès que le sol est plat, une agriculture riche verdoyante. Il n'est pas rare de croiser sur les routes d'énormes machines agricoles modernes.
Dès que la route franchit une barrière montagneuse, ce qui est fréquent et se fait au prix de spectaculaires terrassements, on comprend que le climat doit y être rude : la hauteur des balises destinées à guider le chasse-neige en témoigne.
Pour abondante que soit cette eau, elle n'est pas forcément potable : il est vivement déconseillé aux touristes d'en boire une goutte au robinet, et nombre de Turcs doivent également s'en abstenir: devant chaque épicerie, une montagne de packs de bouteilles d'eau minérale témoigne de cette consommation. Une bouteille d'un litre et demi coûte environ 10 centimes d'euro.
On fait un repas très convenable pour 5 à 7 €, un festin dans un palace pour 12€, et les nuits d'hôtel, plantureux petit déjeuner compris, coûtent de 8 à 15€… Un ticket de tram ou de bateau pour franchir le Bosphore coûte 1€, par contre, le litre de carburant pour la voiture coûte 2€…
Encore un souvenir de nos livres d'histoire: Le temple d'Apollon à Didyme. Gigantesque.
Internet censure quelque sites, dont Youtube une semaine sur deux. Tous les sites de rencontre de charme et de pornographie sont inaccessibles, mais là comme ailleurs, la censure est une passoire : elle s'applique mal au réseau mobile, qui fonctionne très bien dans le pays. Tout comme il avait échappé aux lois homophobes russes à Sotchi, Grindr connaît un vif succès dans le pays. Les Turcs ne seraient pas très gay ? Balivernes : des milliers de profils défilent dès qu'on se connecte à cette application. La loi turque méconnaît l'homosexualité : elle ne l'interdit pas, mais ne reconnaît pas non plus les dérives homophobes. La Turquie est très informatisée. Trop peut-être : le policier qui contrôle votre passeport à l'aéroport pour votre retour au pays sait que vous êtes allé voir un médecin, même pour une égratignure. Tout cela a des relents, sinon de dictature, du moins de régime pas très libéral et peu respectueux des individualités. Mieux vaut ne pas avoir affaire à la police….
Pammukale: station thermale depuis le II° siècle. Les concrétions de calcaire forment une montagne. Prendre un bain dans cette eau très minérale, chaude, et gazeuse. Fait.
Outre le dépaysement qu'elle apporte au voyageur, la Turquie est un pays d'histoire et de culture, et un creuset de civilisation où le romain, le byzantin et le grec se sont étroitement mêlés et se sont mutuellement enrichis. Les sites intéressants sont tous sous un strict contrôle du gouvernement, dûment gardés et parfaitement entretenus.
Hierapolis, la ville derrière Pammukale. Théâtre de 15 000 places avec vue sur la vallée...
On revient de Turquie bronzé, même un peu brûlé, avec le souvenir dune expérience exotique mitigée avec les deux faces de sa médaille. mais enrichi d'un formidable plongeon dans l'histoire des civilisations et des cultures de la Méditerranée.