Pierre Parlant publie Les courtes habitudes, Nietzsche à Nice, aux éditions Nous dans la collection « Antiphilosophiques ».
« J’aime les courtes habitudes et je les tiens pour l’inestimable moyen de connaître nombre de choses et de situations jusqu’au fond de leur suavité et de leur amertume. »
Friedrich Nietzsche
répéter l’endurance je le fais je répète
je réduis aujourd’hui pour qu’en dépit de l’attraction
la grande teneur des mots se désunisse moins
pour m’en tenir à l’anecdote
je soustrais quelquefois la couleur
en tant que monument car je veux écouter
l’opération me semble aussi plaisante
qu’aspirer la fumée des histoires de plein air
je m’y adonne puis décide d’aller voir
ce dont je suis capable
pour ça j’annule mentalement les pieds des chevaux plats
sans quoi les modeler encore m’épuiserait terriblement
si j’étais peintre de batailles
or ce n’est pas le cas
j’élève seulement mon nuancier à la hauteur
d’un guide-chant collecteur d’émotions
pour une forme de vie nouvelle
j’apprends alors à lire
autrement dit je lis
je monte d’un cran je prélève des fragments
n’abordant pas une ligne pas un seul mot une lettre
à leur sujet sans les avoir méthodiquement oubliés
– c’est ça, oubliés –
en vérité je ne veux rien altérer
de la puissance qu’ils véhiculent
seulement jeter un œil jusqu’au plafond
histoire d’observer qu’une fois encore
le ciel là-haut fait du trapèze
sans filet ni tutu
Pierre Parlant, Les courtes habitudes, Nietzsche à Nice, collection Antiphilosophiques, éditions Nous, 2014, pp. 9-15
Pierre Parlant dans Poezibao
bio-bibliographie, notes sur la poésie 1