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Faute politique

Publié le 09 juin 2014 par Malesherbes

Le 6 juin, date fort bien choisie, Jean-Marie Le Pen publie  sur son journal de bord une vidéo qui le montre interrogé par Marie d’Herbais, militante du FN depuis plus de vingt-cinq ans. On peut assister à l’échange suivant :

Marie : Ah oui, mais y’a aussi tous ceux qui avaient juré, après la victoire du Front National, en cas de victoire du Front national, de prendre leurs cliques et leurs claques et de quitter la France, apparemment c’est toujours pas fait.

Jean-Marie : Ah oui, c’est m’sieur Noah ça.

Marie : Ouuui.

Jean-Marie : M’sieur, M’sieur Noah a dit, s’était engagé à ne plus chanter en France si le Front national arrivait en tête de l’élection… Cochon qui s’en dédit.

Marie : Et Monsieur Bruel, aussi.

Jean-Marie : Ah oui, ah ben oui, ça ne m’étonne pas.

Marie : Oui.

Jean-Marie : Ah ben, oui, écoutez, on f’ra une fournée la prochaine fois.

Contrairement à ce que des dirigeants du Front avancent, les réactions suscitées par ces propos ne constituent pas un mauvais procès intenté à la suite de mots innocents. Dans la droite ligne d’autres fervents du racisme, après les pains au chocolat chers à Jean-François Copé, voilà Noah et Bruel transformés en viennoiseries. Non, tout au contraire, nous avons là un accès de sincérité de M. Le Pen. Interrogé par une frontiste grand teint, amie d’enfance de Marine Le Pen, candidate aux législatives en 2012, fille d’une ancienne élue frontiste, nièce d’un ex-député FN, épouse d’un ancien responsable du GUD, il s’est senti en totale connivence avec elle, oubliant toute précaution langagière. Marie d’Herbais entame avec une pique sur ces parjures qui menacèrent de quitter la France puis relance la diatribe en glissant de Noah, le métis, à Bruel, le juif.

Et que répond ce paterne Monsieur le Pen ? Tout simplement, il promet de régler le compte de ces adversaires en en faisant une fournée. Et de mauvais esprits voient dans ce terme une allusion au mot four ! Un autre élément étrange est constitué par cette expression : la prochaine fois. Quelle était donc la première fois, et pourquoi M. Le Pen vient-il nous en promettre une nouvelle ?

Le plus consternant dans cette histoire est la réaction du FN qui condamnerait ces propos. L'élément de langage est : une faute politique. Pour moi, ceci revient à dire qu’il s’agit là d’une faute, faute qui peut avoir des conséquences fâcheuses sur le plan politique. En d’autres termes, le président d’honneur du FN a prononcé sa vérité mais toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Il a commis une faute politique et eut été plus avisé de ne pas laisser échapper la vraie nature de ce parti si avide de respectabilité. Et le FN ne considère pas nullement cette saillie comme un crime, pas même une faute.


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