La Mante Religieuse // De Natalie Saracco. Avec Mylène Jampanoï, Marc Ruchmann et Mathilde Bisson.
Le premier film de Natalie Saracco est un film étrange. La Mante Religieuse met en scène Jézabel, une jeune femme qui adore séduire et qui prône sa propre
liberté. Rapidement elle va se rendre compte que à cause de son petit jeu qu’elle est emprisonné dans une vie qui n’est pas du tout celle qu’elle aurait dû avoir. Mylène Jampanoï
(Laurence Anyways, Gainsbourg vie héroïne) est une actrice hypnotique qui sait très bien mettre en avant ses atouts et en jouer. En tout cas, à l’écran cela
fonctionne terriblement bien. Le propos du film est assez étrange lui aussi mais pour quelqu’un de non croyant comme moi, j’ai trouvé l’idée et la réflexion particulièrement juste. On se retrouve
alors dans un film qui va beaucoup plus loin que la simple découverte de la foi ou encore que la place de la religion et de Dieu dans la vie de chacun. Natalie Saracco ne cherche
pas toujours à prendre partie. En effet, elle cherche plus ou moins à prouver que la religion ce n’est pas le Diable. Certes, il y a de la bien-pensance et cela peut devenir parfois irritant de
se dire que le film veut nous vendre la religion comme la solution à tous nos problèmes. C’est un raccourci un peu simpliste mais la manière dont le personnage de Jézabel évolue n’est pas fait de
façon raccourci ce qui rend le spectacle tout de suite plus intéressant.
Jézabel, jeune femme séductrice, libre et rebelle a soif de tout vivre à l'extrême, jusqu'à toucher le fond. Elle refuse de croire en l’homme et surtout en elle-même. Véritable
Marie-Madeleine des temps modernes, elle cache sa fragilité et sa peur d’aimer en repoussant toujours plus loin les limites de la transgression. Jusqu’au jour où son chemin croise celui de David,
un jeune prêtre…
La religion n’est finalement qu’un univers dans La Mante Religieuse. L’histoire est avant tout l’histoire d’amour entre une jeune femme séductrice qui pensait jouer à un jeu en
mettant un prêtre dans son lit et qui va finalement en tomber littéralement amoureuse. C’est la même chose pour le prêtre David. Ce dernier va dans un premier temps vouloir aider cette jeune
femme attachante mais rapidement, tout cela va prendre une forme beaucoup plus efficace à mon goût. Notamment car le film va se permettre de creuser un peu plus la relation et le jeu de
séduction. On va voir ce dernier évoluer au rythme du film pour finir par nous toucher par la suite. Natalie Saracco ne prend pas vraiment partie non plus. D’un côté elle nous
laisse penser que l’homme à le libre arbitre et de l’autre que Dieu puni les pêcheurs. Enfin, c’est plus ou moins ce que je retiens de la conclusion de ce film. Je ne pense pas que La
Mante Religieuse aurait pu se terminer d’une autre façon. Il fallait de toute façon que la relation entre David et Jézabel évolue ainsi. Par ailleurs, dans le rôle du prêtre on retrouve
Marc Ruchmann (Les Limiers, Le Skylad), un acteur que je ne connais pas vraiment et qui manque peut-être parfois d’un peu de nuance.
Natalie Saracco prouve par ailleurs qu’elle a un vrai trait artistique dans sa manière de mettre en scène. C’est donc un film frappé d’une belle ingéniosité qu’elle nous délivre,
doté d’un grand professionnalisme et qui sublime très rapidement l’écran. On sent qu’elle sait ce qu’elle veut faire et elle n’hésite pas. Elle ne se cherche pas et nous permet donc de pénétrer
plus facilement ce film étrange. La Mante Religieuse faisait partie des films que j’attendais ce mois-ci. En effet, après avoir vu la bande annonce j’avais tout de suite eu envie
de voir ce que cela pouvait donner, ce mélange de religion et d’interdits, de séduction et de sexe. Le film n’est pas asexué mais ne cherche pas à faire du sexe une sorte de bête de foire. Bien
au contraire, le sexe est toujours utilisé au bout moment, à bon escient, sans trop en faire. Après tout, malgré le propos très libéré du film, celui-ci joue plutôt la carte de la retenue. Tout
est donc dans le jeu de séduction. Voici donc un petit film sans prétention et agréable à voir malgré toutes les erreurs que le film fait d’un point de vue de son script.
Note : 6/10. En bref, joli film au propos intéressant.